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Les Talibans ont récupéré les données biométriques collectées par l’armée américaine

Selon plusieurs sources, les Talibans ont mis la main sur les appareils de collecte de données biométriques ainsi que sur les bases de données de la population. Des informations qui pourraient être exploitées pour des opérations de représailles.

Une nouvelle menace plane sur la population afghane. Dans le chaos du retrait des forces américaines en Afghanistan, les militaires américains ont laissé derrière eux bien plus que des Humvees, des armes ou des hélicoptères : les données biométriques de millions de personnes.

Outre le gouvernement central, qui compilait depuis des années les données des citoyens notamment dans le cadre d’accords bilatéraux de circulation des personnes – particulièrement avec le Pakistan – ce sont surtout les données collectées par l’armée américaine qui doivent faire frémir des milliers d’Afghans. Car dès 2011, la coalition dirigée par les USA utilisait des appareils de collecte de photos, de scans rétiniens et d’empreintes digitales qu’elle compilait dans une base de données centralisée.

Adrian BRANCO / 01net.com – Les HIIDE permettent aussi bien d’enregistrer les données des personnels rencontrés mais aussi d’interroger une base de données interne mise à jour à la base.
Avril 2011, Pasha-Kari, vallée de la Surobi, Afghanistan.

Par le biais d’un appareil autonome appelé HIIDE, les soldats américains, britanniques ou français ont enregistré pendant des années des milliers de personnes en compilant photo, scan rétinien et empreintes digitales. Le problème, c’est que toutes ces données compilées étaient annotées par les forces armées. Et que les informations que s’échangeaient ainsi les occidentaux permettaient d’identifier les « méchants » comme les « gentils ».

Adrian BRANCO / 01net.com – Un soldat français de la Task Force Lafayette prend une photo d’un d’un citoyen Afghan dans le cadre d’un contrôle de sécurité. Outre une photographie, l’appareil peut enregistrer les empreintes digitales, un scan rétinien ainsi que des notes. Avril 2011, Pasha-Kari, vallée de la Surobi, Afghanistan.

Ce sont ces derniers, traducteurs, chauffeurs, personnels de confiance des forces occidentales qui doivent trembler. Outre le fait que chacune des machines intègre les profils de plusieurs milliers de personnes, c’est aussi et surtout la base de données centralisée qui fait peur.

Comme le souligne The Intercept, même si les Talibans ne disposent pas du savoir-faire technologique pour l’exploiter pleinement, ils peuvent compter sur le soutien des services secrets pakistanais, l’ISI, qui n’ont cessé de jouer double jeu ces dernières décennies en aidant fréquemment les Talibans.

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La crainte est donc que le nouveau régime fondamentaliste effectue une purge des « collaborateurs », comme le craignent des sources interrogées par Reuters. Tout cela à cause d’une négligence majeure de la part des USA. Un manque de précaution qui illustre malheureusement la façon dont le dossier afghan a été traité par les différentes administrations à Washington, comme le dénoncent fréquemment les rapports du Special Inspector General for Afghanistan Reconstruction (SIGAR), l’organe fédéral chargé d’évaluer l’action américaine. Nul doute que le prochain rapport pointera les terribles erreurs de ce retrait précipité. Avec le risque de voir arriver pour la première fois dans l’histoire, des opérations de représailles de grande ampleur pour cause de négligence de base de données…

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Adrian BRANCO