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Les réactions en France

Utilisateurs, éditeurs, distributeurs… la condamnation de Microsoft suscite de nombreux commentaires.

Pierre-Yves Le Bihan, délégué général du Cigref
(Club d’informatique des grandes entreprises françaises)

” Cela aura permis de prouver que Microsoft n’est pas au-dessus des lois “

” Par principe tous les monopoles nous sont insupportables. Nous sommes donc contents de voir qu’un monopole est remis en cause. Cela ne peut qu’être profitable aux prix, à la qualité et à l’innovation. Nous pensons toutefois qu’une scission en trois entités aurait été plus claire : les OS, les produits grand public (bureautique utilisateurs) et la partie professionnelle (logiciels serveurs). Mais nous sommes, malgré tout, satisfaits de la division en deux, qui va permettre à d’autres fournisseurs de se faire une place. Nous savons que cette décision ne sera effective que dans plusieurs années. Mais elle fera jurisprudence, et nous croyons beaucoup à la vertu de l’exemple. Elle permet de prouver que Microsoft n’est pas au-dessus des lois, et cela devrait freiner certaines ardeurs monopolistiques. Mais il faudra probablement trois ou quatre cas pour qu’une jurisprudence s’installe. “



Francis Ducroux, chef de projet à l’international pour l’informatique technique chez Renault et rédacteur en chef de Tribunix, un trimestriel sur Unix et les NTIC, diffusé par l’Afuu (Association française des utilisateurs d’Unix et des systèmes ouverts) ” Les lourdeurs de la justice risquent de rendre cette mesure inefficace “

” J’aurais préféré une sanction pécuniaire à une scission de la société. Que l’on coupe Microsoft en 2, 3 ou 6 ne changera pas grand-chose. Dans deux ans, le marché sera complètement différent, et la structure de Microsoft, quelle que soit la forme qu’elle prendra, saura s’adapter aux nouvelles attentes du marché. Les lourdeurs de la justice risquent donc de rendre cette mesure inefficace. Malgré tout, cette décision va permettre de mettre un coup d’arrêt aux pratiques commerciales illégales de Microsoft, ce qui est, pour nous, le coeur du problème. Nous souhaitons que les solutions Unix ou Linux aient les mêmes chances que Windows. Aujourd’hui, les systèmes concurrents ont donc une vraie carte à jouer. Mais Unix, et notamment Linux, ne doivent pas asseoir leur crédibilité sur la déconfiture de Microsoft, car à vaincre sans péril on triomphe sans gloire. “

David Albohair, responsable des relations presse pour Adobe
” Nous ne sommes pas sectaires ! “

” Une éventuelle scission de Microsoft, suite au verdict du juge Jackson, ne remet rien en cause en ce qui nous concerne, notamment au niveau de nos partenariats. Nous travaillons avec Microsoft au même titre qu’avec des acteurs du monde Unix ou Apple. Commercialement, il n’y a pas d’incidence non plus, puisque cette scission ne peut en aucun cas avoir d’impact sur la qualité de nos produits ! Les conséquences sont en revanche plus importantes pour l’industrie informatique, et l’on risque d’avoir deux géants à la place d’un. Cela peut remettre en cause la stratégie de certaines compagnies qui ont des politiques de croissance externe agressives, et freiner certaines vagues de fusion et d’acquisition. “

Témoignage d’un éditeur français qui tient à garder l’anonymat” Nous n’allons pas tirer sur l’ambulance “

” C’est très délicat pour nous d’en parler. Nous sommes partenaires de Microsoft de longue date, nous avons réalisé des développements pour eux, ils nous accueillent sur leur stand lors des grands salons informatiques. Il est clair qu’il s’agit pour nous d’une très bonne nouvelle. Cela va nous permettre de nombreuses opportunités. Mais nous n’allons pas tirer sur l’ambulance. “

Bruno Rossi, directeur du marketing et de la communication d’Applix France” Un démantèlement provoquerait certainement une augmentation de nos ventes de licences sous Windows “

” La fin d’un monopole, à la fois sur les applications et les systèmes d’exploitation, ne peut être que positif pour le monde de l’informatique. Cela permettra une plus grande indépendance des choix logiciels, et pourrait se traduire ?” à très long terme ?” par une ouverture vers les normes alternatives aux standards imposés par Microsoft, tels que l’ODBC. Je ne suis pas convaincu qu’une scission changera réellement la donne. Seul le monde des navigateurs, qui représentent une grande part des enjeux actuels, pourrait être largement concerné si Microsoft est reconnu coupable de concurrence déloyale. En tant qu’éditeur de suites bureautiques (leader sur Linux, en licences achetées), nous avons bien sûr subi leur standardisation. Nous avons ainsi perdu de nombreux clients qui, en passant d’Unix à Windows, ont abandonné ApplixWare. Un démantèlement provoquerait certainement une augmentation de nos ventes de licences sous Windows. Mais rien n’est encore fait. “

Maurice Bourlier, PDG de la SSII Ares ” Microsoft ressemble à beaucoup d’éditeurs “

” L’abus de position dominante pour lequel est condamné Microsoft se retrouve chez de nombreux éditeurs. Nous sommes devenus leurs prisonniers. Mais ce sont les clients qui ont fait le succès de Microsoft. En matière de système d’exploitation, il y avait d’autres choix que Windows, notamment les systèmes ouverts. Néanmoins, je persiste à penser que les monopoles ne sont pas bons. “

Hervé
Petit-Laurent, directeur général du groupement de distributeurs Aredia
 La qualité des produits devrait s’améliorer “

” Cette décision ne va pas changer grand-chose pour nous. Simplement, au lieu d’avoir un interlocuteur, nous en aurons deux. De toute façon, en France, la réorganisation de l’éditeur a déjà commencé, nous avons désormais plusieurs interlocuteurs en ligne. Le côté positif de ce découpage est de restaurer la concurrence. Par conséquent, la qualité des produits devrait s’améliorer et les prix diminuer. C’est une bonne chose pour Microsoft, la demande des clients pour ses produits, qui est déjà très forte, ne faiblira pas. “

Alain Barde, directeur général de Computacenter, distributeur et intégrateur de matériels et de logiciels Je crains que les sanctions ne donnent davantage de pouvoir à Microsoft “

” Créer une société pour les systèmes d’exploitation et une autre pour les applicatifs nest pas la bonne solution. Je crains que cela ne donne davantage de pouvoir à Microsoft. Ces deux sociétés sont déjà en situation prédominante, et elles le resteront. Quant aux répercussions, puisque Microsoft va de toute façon faire appel, il est trop tôt pour modifier notre attitude à son égard. “

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Isabelle Dumonteil en collaboration avec les rédactions de Décision Micro et de Décision Distribution