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Les offres de lecture illimitée, comme « Kindle Unlimited », sont illégales en France

Pour la médiatrice du livre, Laurence Engel, les éditeurs doivent pouvoir fixer le prix. Les acteurs du marché vont devoir se mettre en conformité, mais ce ne sera pas évident.

Lancée en décembre dernier en France, « Kindle Unlimited », l’offre de lecture illimitée d’Amazon, a déjà du plomb dans l’aile. Dans un entretien au Figaro Economie, la ministre de la Culture et de la Communication, Fleur Pellerin, a estimé que ce service n’était pas conforme avec la loi française. « Kindle Unlimited » propose à ses clients un accès illimité à une vaste sélection de livres numériques pour 9,99 euros par mois.

Le jugement de la ministre de la Culture s’appuie sur le rapport que vient de rédiger la médiatrice du livre, Laurence Engel. « L’avis montre que la loi sur le prix unique du livre [votée en 2011, ndlr] n’est pas incompatible avec une formule d’abonnement, mais que toutes les offres d’abonnements actuellement sur le marché ne sont pas en conformité avec ce cadre juridique », a expliqué Fleur Pellerin.

« Le principe essentiel est que l’éditeur doit fixer lui-même le prix de son offre. De ce point de vue, les abonnements forfaitaires illimités qui concerneraient plusieurs éditeurs ne respectent pas la loi », a-t-elle indiqué. Par conséquent, le géant américain de la vente en ligne « va devoir se mettre en conformité avec la loi », selon la ministre de la Culture.

YouBoox reste serein

Mais Amazon n’est pas le seul concerné par cet avis. Les start-up françaises YouBoox et YouScribe, qui proposent aussi des offres illimitées, devront se mettre en conformité d’ici à « trois mois ». Interrogée par BFM Business, Hélène Morillon, PDG des YouBoox, reste optimiste et pense qu’il sera possible de concevoir une offre illimitée à prix forfaitaire tout en respectant la loi de 2011. « Il faudra fixer les prix avec les éditeurs, car, dans un modèle comme le nôtre, les modèles multi éditeurs peuvent poser quelques problèmes. Chacun peut avoir son propre modèle et peut ne pas vouloir la même rémunération qu’un autre. Mais je suis sereine. Nous allons trouver des ajustements », explique-t-elle.

Fleur Pellerin, pour sa part, évoque des modèles économiques alternatifs, mais qui ne semblent pas très attrayants à première vue pour le consommateur. Ainsi, un éditeur « peut lancer sa propre offre puisque c’est lui qui fixe ». Certes, mais a-t-on vraiment envie de s’abonner à un éditeur en particulier ? Ou de cumuler plusieurs offres d’abonnements ? Autre possibilité proposée par Mme Pellerin: « des offres à points, ou encore par thématique, où chaque éditeur détermine un prix pour un accès à une quantité limitée des livres de son catalogue ». Bonjour l’usine à gaz…

Selon le ministère de la Culture, la médiatrice va maintenant s’engager dans un travail de conciliation afin « d’assister les entreprises concernées dans leurs démarches de mise en conformité avec la loi ». La France est, à ce jour, le seul pays en Europe à s’être prononcée contre les offres de lecture illimitée.

Lire aussi:

Livre indisponible ? Pas de problème, Amazon va l’imprimer…, le 27/06/2014

Ci-dessous, la chronique de Delphine Sabattier sur le blocage des prix des ebooks (26/02/15) :

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Gilbert Kallenborn