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Les nouveaux prédateurs du marketing direct

Publicité sauvage, détournement de contenus, ouvertures intempestives de fenêtres, revente de mots-clés aux annonceurs, les nouvelles pratiques américaines du marketing en ligne font peu de cas de la vie privée des internautes.

Aux Etats-Unis, crise du marché publicitaire aidant, les Docteurs Folamour du marketing en ligne sont désormais prêts à tout pour transformer l’internaute en ” c?”ur de cible ” pour annonceurs, en faisant bien peu de cas du respect de la vie privée.Déjà ” installé ” sur 24 millions d’ordinateurs, Gator est le plus célèbre avatar de cette nouvelle génération de logiciels.Selon certains spécialistes, ce serait “l’arme absolue” pour les apôtres du marketing one-to-one sur Internet. Une “killer application” qui abuserait, en toute légalité, de la crédulité et de la confiance des internautes.Pour ses créateurs, Gator n’est qu’un simple assistant à la navigation et à la consommation en ligne, mais pour beaucoup d’internautes, ce logiciel est en fait un véritable cauchemar.Sur le papier, Gator propose à ses utilisateurs toute une palette de services comme la mémorisation de mots de passe, un comparateur de prix, ou la possibilité d’accéder en temps réel à des offres promotionnelles.

Publicité intrusive

Mais la réalité est bien moins séduisante, grâce aux informations transmises, l’internaute est pisté en permanence. De plus, si le logiciel est gratuit, la société éditrice revend des mots-clés à des annonceurs. Résultat : à chaque fois qu’un internaute navigue sur un site où apparaît l’un de ses mots-clés, il peut se voir proposer telle ou telle offre promotionnelle en relation avec le sujet…Par son côté intempestif (ouverture sauvage de pop-up), Gator agit comme un parasite dont on a parfois le plus grand mal à se débarrasser.Malgré tout, les pratiques d’un Gator ne seraient pas répréhensibles si les ” utilisateurs ” étaient consentants. Or aujourd’hui, rien n’est moins sûr.Beaucoup d’internautes ignorent en effet qu’en téléchargeant certains clones de Napster, du type AudioGalaxy ou Gozilla, ils ouvrent grand leur machine à toute une kyrielle de petits programmes comme Gator. Une fois le programme installé, il est souvent trop tard.” Je me souviens de ces pop-up qui s’ouvraient de manière aléatoire toutes les dix ou quinze minutes, pour me vanter les mérites d’une carte de crédit “, témoigne un utilisateur d’AudioGalaxy. Dans certains cas, la seule solution pour s’en débarrasser consiste purement et simplement à désinstaller son navigateur Internet.Mais si Gator empoisonne la vie des internautes, ce logiciel est au contraire une aubaine pour beaucoup d’annonceurs. ” Nous ne l’aimons pas, mais pour nous, Gator a le mérite d’aller à l’essentiel “, constate le directeur de l’agence I-Traffic, Jerry Quinn, cité par le site d’information en ligne CNet.com.Outre la possibilité de faire de la publicité directement sur le site d’un concurrent, Gator offre en effet aux annonceurs des solutions jusqu’ici inexplorées. Et la société a su convaincre une liste impressionnante d’entreprises (Barnes & Noble, Chrysler, Dell, Delta Airlines, eBay, Mazda, New York Times…) de ” l’efficacité ” de ces services.

Gator fait des petits

Mais Gator n’est pas le seul programme à sévir dans ce nouvel eldorado du marketing en ligne. D’autres outils, comme eZula, qui travaillent de concert avec des systèmes d’échange de fichiers en peer-to-peer, à l’image de Kaazaa et iMesh, vont jusqu’à ajouter des liens hypertextes directement sur les pages Web consultées.Des éditeurs comme Microsoft exploreraient également les potentialités de ce ” nouveau ” média.En France, la division locale de l’IAB (Interactive Advertising Bureau) ne constate pas pour l’instant de dérives importantes dues à ce type de logiciels (la plupart des annonceurs de Gator étant des acteurs américains).L’organisation qui regroupe l’ensemble des métiers de la communication (éditeurs, annonceurs, régies publicitaires et sociétés d’étude) concentre pour l’heure ses efforts sur les us et coutumes de le-mail marketing. “Nous recherchons une solution économiquement viable et acceptable par les consommateurs et les professionnels du secteur “, précise son président Guillaume Buffet.

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Philippe Crouzillacq