Il y a rebond et rebond ! À se focaliser sur la hausse aussi spectaculaire qu’inattendue de l’action France Telecom (40 % de hausse depuis le 11 septembre) on finit par travestir la réalité. Dans la jungle des indices boursiers, on note bien des divergences. Un regard sur l’évolution, depuis le 11 septembre, des principaux indices mondiaux, suffit à le prouver : +7,8 % pour le CAC 40, et +19 % pour l’IT CAC 50 composé des valeurs de technologies, médias et télécoms (TMT) françaises les plus représentatives. La différence entre le rebond des valeurs “classiques” et celui des TMT est moins tranchée outre-Atlantique.Ainsi, l’indice Dow Jones des trente valeurs industrielles a, sur la même période, progressé de 3 % seulement tandis que le Nasdaq n’a rebondi que de 4,7 %. Conclusion : ce n’est pas parce que l’on craignait le pire au lendemain des attentats qu’il faut se bercer d’illusions ! Globalement, les marchés financiers restent sinistrés.
Laborieuse remontée
Un autre exemple significatif est celui de l’évolution du Nouveau Marché. Ce dernier a, certes, connu un sursaut de 13 % depuis le 11 septembre… Mais pour qu’il retrouve son niveau du début de l’année 2001, il faudrait qu’il enregistre une progression de 140 % (il a en effet baissé de 70 % sur cette période). Pour avoir une vision plus globale, on peut regarder l’évolution de l’indice exclusif TMT-Nouvel Hebdo composé de 250 valeurs TMT mondiales. Ce dernier affiche une hausse de seulement 10 % sur la période. Un découpage sectoriel permet de constater l’éclatement du secteur des TMT. Les quatre sous-indices affichent des performances divergentes : +11 % pour les technologies, -5 % pour les médias, +4,8 % pour les télécoms, et +8,6 % pour internet.
Retour sur pessimisme
La surperformance des valeurs technologiques et des télécoms n’est qu’une correction des excès de pessimisme qui ont touché l’ensemble du secteur depuis le début de l’année. Il est vrai que ce dernier a bénéficié d’annonces de résultats moins décevants que ceux qui étaient attendus. Les résultats trimestriels d’IBM comme les déclarations optimistes du PDG de Cisco ont eu un effet d’entraînement. Du côté des valeurs télécoms françaises, le secteur à été dopé par le poids lourd France Telecom, qui a rebondi de 50 % sur ses plus bas annuels. La situation est pourtant contradictoire puisque la réduction du prix des licences UMTS peut très bien se traduire par l’arrivée de nouveaux concurrents. Autrement dit, les analystes financiers sont incapables de dire si la mesure gouvernementale aura, ou pas, un impact sur les bénéfices futurs de l’opérateur tricolore. De là à conclure que le marché ne connaît plus que des réactions techniques, à la hausse ou à la baisse, sans tenir compte des valeurs intrinsèques des entreprises il n’y a qu’un pas… que beaucoup de chefs d’entreprises ont franchi depuis longtemps. L’effet de loupe sur France Telecom et quelques blue chips américaines ne doit pas éluder la situation catastrophique dans laquelle se languit le Nouveau Marché depuis plus de deux ans.Les hausses spectaculaires à deux ou trois chiffres de valeurs comme AB Soft, Wawecom ou BVRP (voir tableau ci-dessous) s’expliquent avant tout par le manque de liquidités sur des titres dont le nominal est inférieur à dix euros (65,60 francs), très travaillés par les days-traders professionnels ou particuliers.
” Penny stocks ” à la peine
Il reste qu’un problème de fond se pose pour l’avenir du Nouveau Marché. Le constat est sans appel : les trois quarts des valeurs listées sur ce segment de la cote affichent des capitalisations boursières inférieures à 50 millions d’euros. À cet étiage, les transactions boursières ne sont pas rentables pour les gestionnaires de fonds communs de placement ou de Sicav. Le paradoxe, c’est que ces gestionnaires ont partiellement contribué à la progression du Nouveau Marché en créant à la fin de la dernière décennie une kyrielle de produits “ pour jouer le secteur d’avenir des valeurs TMT“.Le marketing financier a eu pour effet mécanique de doper le Nouveau Marché… avant de le plomber, lorsque les gestionnaires ont été obligés de vendre massivement des titres face à l’exode des souscripteurs affolés ?” à tort ?” par le mini krach de mars 2000. Mais il reste le problème de fond : si les gestionnaires de fonds ne s’intéressent qu’à 25 % de la cote du Nouveau Marché, il n’y a plus d’avenir pour les penny stocks, ces titres qui valent moins d’un euro. Les autorités de marchés (COB et Euronext) n’ont, à notre connaissance, aucun plan de relance dans leurs tiroirs.
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