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Les cyberpoliciers intensifient la traque des vandales du Net

Le pirate HuGe a été placé en garde à vue jeudi 10 mai à Lyon. En cause : la défiguration d’une centaine de sites, principalement politiques. Cette arrestation n’est pas la première depuis le début de
l’année.

Depuis le début de l’année, plusieurs pirates français traqués par la police pour des faits d’intrusion et de vandalisme sur des sites Internet se sont retrouvés menottes aux poignets. Dernier cas en date, jeudi 10 mai,
l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information (OCLCTIC), la cyberpolice de l’Hexagone, a mis la main sur un pirate informatique particulièrement recherché, HuGe de son pseudo.Il faut dire aussi que ce ‘ défaceur ‘, comme on appelle les pirates qui modifient des pages de sites Web, avait plus d’une centaine de sites dégradés à son actif en quelques semaines. A son palmarès
également : le site du distributeur Champion, celui du Centre de calcul de l’université de Bourgogne ou encore celui de l’école de commerce toulousaine Vidal, en janvier dernier. C’est ce méfait-là qui a mis le pirate dans la ligne de mire des
policiers high-tech.

Des sites souvent mal sécurisés

L’élection présidentielle a ensuite poussé HuGe à intensifer ses actes malveillants. Le 22 avril, avec un comparse surnommé Era, il attaque
le site Web de la section UMP du Puy-de-Dôme et sept sous-domaines de l’académie de Martinique. Ils vandalisent certaines pages pour afficher un jeu de pendu de mauvais goût dont la
réponse finale est Nicolas Sarkozy. Le lendemain du premier tour, six autres sites, appartenant au candidat François Bayrou, souffrent du passage de HuGe (1). Sous la photo d’un Nicolas Sarkozy barré de rouge apparaît le slogan
douteux : ‘ Le 6 mai 2007, finissons le travail. ‘Pendant toute la web-campagne,
certains sites de partis politiques, souvent mal sécurisés, ont connu des intrusions. Début mars, par exemple,
le système informatique du Front national était forcé et le pirate accédait à la liste des maires parrainant la candidature de Jean-Marie Le Pen. Quatorze plaintes ont, à
l’époque, été déposées. Ce mardi 15 mai, c’est la section havraise du Parti socialiste
qui a été victime de vandales français.L’arrestation de HuGe fait suite à d’autres actions de la Police nationale. Il y a deux mois, un autre pirate du nom de Dptk (plus de 300 piratages à son actif, dont
certains encore en ligne) finissait en garde à vue. Il lui était aussi reproché d’avoir modifié des sites de mairies, d’écoles et d’académies. D’autres
‘ défaceurs ‘ ont également été retrouvés, sur lesquels l’OCLCTIC n’a pas souhaité s’exprimer.Quant à HuGe, le parquet de Lyon n’a pas voulu répondre non plus à nos questions, l’affaire étant en cours d’instruction. Ce qui lui est reproché ? Des modifications de sites mais aussi la possession et l’utilisation de code
informatique permettant un acte de piraterie numérique. Dans son cas, l’utilisation d’un code nommé C99shell.

De lourdes sanctions sont prévues

Ces différentes arrestations ne vont pas sans remous dans la communauté des pirates français. Plusieurs espaces de discussions, comme le forum Team Kon, ont fermé. Sur la page d’accueil, les responsables du site exprimaient leurs
inquiétudes : ‘ A la suite des récents événements, nous avons décidé de fermer Team Kon. La récente arrestation de HuGe a créé une grosse remise en question. Team Kon était une board [forum, NDLR]
illégale, incitant [au] piratage informatique, ainsi qu’à l’exploitation de failles de sécurité. […] C’est triste de devoir attendre que l’un de nous se fasse attraper pour enfin se décider à
évoluer. ‘
HuGe, Dptk et les autres pirates tombés dans les filets des policiers du Net risquent, en tout cas, très gros pour leurs agissements. S’introduire dans un serveur informatique, s’y maintenir et le modifier est puni par la loi.
L’alinéa 2 de l’article 323-1 du nouveau Code pénal prévoit des sanctions ‘ lorsqu’il en résulte soit la suppression ou la modification de données contenues dans le système, soit une altération
du fonctionnement de ce système ‘.
La défiguration d’un site Web, par exemple, peut coûter jusqu’à trois ans d’emprisonnement et 350 000 euros d’amende.


(1) Il s’agit des sites suivants : Bayrou-francois.org, Election-presidentielle-2007.org, Udf73.org, Udf74.org, Politiweb.fr et Jeunesudf74.org.

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Damien Bancal