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Le satellite se rapproche de l’utilisateur final

Les futurs satellites large bande à orbite basse devraient constituer une nouvelle technologie de boucle locale à haut débit.

Jusqu’à récemment, les satellites étaient utilisés comme réseau dorsal (backbone) et restaient inaccessibles directement pour l’utilisateur final. Situé à une altitude de 36 000 kilomètres, à la verticale de l’équateur, géostationnaire (GEO), chacun couvre jusqu’à environ un tiers du globe. Certains systèmes ont une vocation mondiale, comme Intelsat ou Inmarsat, ou régionale, tel Etelsat, voire nationale (Télécom 1 et 2 de France Télécom). Puis, avec les Iridium et Globalstar, sont apparus les systèmes à orbite basse (LEO ou Low Earth Orbit), placés entre 800 et 1500 kilomètres d’altitude, à portée de l’utilisateur final. Sur cette trajectoire, ils sont dits à défilement, ce qui signifie qu’il ne sont plus immobiles par rapport à la terre.Du coup, au lieu de trois satellites pour couvrir le monde, il en faut une constellation: au moins une cinquantaine. Ces premières constellations avaient, elles aussi, une vocation mondiale pour les mobiles, avec notamment, chez Iridium, la commutation intersatellites (les communications passent d’un satellite à l’autre).

Le projet Skybridge verra le jour en 2004

La prochaine génération sera, elle aussi, à orbite basse, mais elle vise le large bande et les installations fixes. Le projet Skybridge, mené par Alcatel, épaulé par une dizaine de partenaires internationaux, a une double vocation : commercialiser les services GEO opérés par d’autres fournisseurs, mais aussi lancer une constellation de quatre-vingts satellites pour fournir une boucle locale large bande là où il n’y aura ni DSL, ni boucle locale radio, ni fibre optique. Soit parce qu’il s’agit de régions désertiques ou maritimes (plate-forme de forage en mer), soit parce que le besoin sera temporaire. Les satellites captent donc le signal et le renvoient directement vers le réseau terrestre via une station terrienne (gateway).Skybridge vise un marché d’une vingtaine de millions d’utilisateurs, tant résidentiels que professionnels. Les services offriront aux premiers, selon Alcatel, 20 Mbit/s sur le lien descendant et 2 Mbit/s sur le lien montant, et de trois à cinq fois cette capacité aux utilisateurs professionnels. L’ouverture commerciale devrait avoir lieu en 2004 ?” elle était initialement prévue pour 2002 ?” en raison de la difficulté à boucler le financement: 6 milliards de dollars, y compris les cent quarante stations terriennes.L’autre grand projet se nomme Teledesic. Il compte parmi ses investisseurs deux poids lourds du monde de l’informatique et des télécoms : Craig McCaw, qui a revendu il y a quelques années son réseau de mobiles à AT&T, et Bill Gates (Microsoft). Ce projet est plus ambitieux que Skybridge à double titre. D’abord, il compte deux cent quatre-vingt-huit satellites ?” plus de huit cents étaient prévus au départ ?”, offrant donc un maillage assez serré. Ensuite, s’il vise aussi l’accès (la boucle locale), il a également la vocation de backbone grâce à la commutation intersatellites : il revendique le titre d'”internet dans le ciel”. Le projet Teledesic vise lui aussi le marché du large bande fixe dans les régions dépourvues d’infrastructures. La capacité moyenne fournie sera de 64 Mbit/s sur le lien descendant et de 2 Mbit/s sur le lien montant. Le coût initial du projet ?” 5 milliards de dollars ?” semble largement dépassé, et l’ouverture commerciale est prévue pour 2005.

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Jean-Pierre Soulès