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Le porte-monnaie Moneo remis dans le droit chemin

Le conseil de la concurrence a rendu, le 18 septembre, un avis posant des garde-fous au développement de Moneo, afin de respecter le jeu concurrentiel et de protéger les consommateurs.

La manière dont se développe en France le porte-monnaie électronique
Moneo semble avoir pris quelques libertés. Dans un avis daté du 18 septembre dernier, le Conseil de la concurrence montre du doigt aussi bien les entorses au jeu de la
concurrence que la manière dont le projet prend en otage les consommateurs.A l’origine de cet avis, une saisine du Conseil par l’association Consommation, logement et cadre de Vie (CLCV), fin novembre 2002, au moment de la commercialisation à grande échelle, en Ile-de-France, du système Moneo.C’est le choix de certaines villes d’imposer Moneo comme unique moyen de paiement pour les horodateurs, afin de lutter contre leur pillage, qui a fait réagir l’association. ‘ Nous ne sommes pas contre
Moneo
, insiste Laurent Gomis, chargé de mission à CLCV. Mais il existe beaucoup de risques pour le consommateur. ‘Premier tort : Moneo aurait dû se développer sur le modèle de la carte bancaire. C’est-à-dire plusieurs porte-monnaie, concurrents, mais fonctionnant sur un terminal commun. Ce n’est pas le cas.

Pouvoir choisir entre plusieurs moyens de paiement

Autre tendance au consommateur captif, Moneo est lié aux cartes et comptes bancaires. Pas étonnant, puisque les banques sont les principaux actionnaires du projet…
‘ Il existerait un Moneo Vert, un
porte-monnaie électronique indépendant des cartes bancaires. Mais on ne l’a jamais vu ‘,
note
Laurent Gomis. Difficile, voir impossible, de prendre une carte Moneo qui ne serait
pas adossée à un compte bancaire.Le Conseil de la concurrence mentionne explicitement le cas des horodateurs pour recommander la coexistence de plusieurs moyens de paiement : monnaie, carte bancaire, porte-monnaie électronique. La mise en place exclusive de Moneo
pose un double problème : non seulement elle évince les utilisateurs non équipés, mais elle les oblige à souscrire à ce système unique.Enfin, pour le Conseil, ‘ L’absence d’obligation de motiver un refus d’agrément, combinée avec la possibilité d’écarter par un simple vote du conseil d’administration [de la SFPMEI, la société chargée
d’émettre la monnaie électronique en France, NDLR] la demande d’un postulant souhaitant participer à une augmentation de capital présente un risque de discrimination. ‘Autrement dit, la SFPMEI (dont les banques sont actionnaires), se réserve le droit de tenir à l’écart toute société ayant dans ses cartons le développement d’un projet autre que Moneo…Cet avis n’a pas à proprement parler de conséquences directes. Mais il peut maintenant être utilisé comme référence en cas de contentieux. Du côté de BMS, responsable du déploiement de Moneo, on dédramatise. D’abord parce que le projet
n’est pas remis en cause par la décision du Conseil. Ensuite parce que, concernant Moneo Vert, BMS ‘ démultiplie les points où l’on peut se le procurer. ‘ Soit 3 500 bureaux de poste et
certaines mairies, qui proposent la carte vie multiservice.Même à Boulogne-Billancourt, où la mise en place d’horodateurs exclusivement à carte Moneo déchaîne les passions, l’avis du Conseil de la concurrence sera sans effet : sous le feu de la critique, le maire a déjà décidé de
réinstaller des horodateurs à pièce.

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Arnaud Devillard