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Le muscle et la technologie

Quel rapport entre un coureur cycliste et Lucent ? Pour vaincre, ils suivent la même stratégie, à savoir développer le maximum de puissance pour le minimum de poids.

Au dernier Tour de France, les coureurs étaient plus maigres que jamais, éliminant impitoyablement les kilogrammes pouvant les handicaper. Toutes proportions gardées, c’est à ce petit jeu que se livrent de plus en plus de sociétés du secteur des réseaux et des télécoms. Lucent en constitue l’un des exemples les plus significatifs.Pour perdre du poids et se débarrasser de tout ce qui risque de grever leur bilan, les sociétés cèdent leurs activités les moins lucratives ou qui ne sont pas en prise directe avec le coeur de leur métier ou encore celles où la concurrence est la plus féroce. Ce fut le cas de Digital lorsqu’il revendit à Cabletron sa division réseau ou de 3Com qui a rendu à Palm sa liberté. Plus récemment, Lucent a cédé sa division faisceaux hertziens à Harris. Ce ne sont que quelques exemples.Il existe un autre point commun entre les athlètes et les sociétés du monde des réseaux et des télécoms : les grands choix de carrière. Les coureurs ne s’épuisaient pas à participer à toutes les épreuves. Ils se focalisent sur quelques grandes épreuves prestigieuses, comme le Tour de France, qui leur rapporteront le maximum de notoriété. Il en va de même pour les sociétés, qui abandonnent certains créneaux pour se concentrer sur d’autres, jugés capitaux.
Alcatel, par exemple, jadis à la fois dans les télécoms, l’énergie et les transports, se recentre sur les télécoms. D’autres vont encore plus loin, comme Nortel et, surtout, Lucent. Cette dernière a fait du marché des opérateurs sa cible prioritaire et abandonne celui de l’entreprise. Elle envisage également de couper le cordon ombilical avec son pôle semi-conducteurs, dont elle était pourtant si fière.Cependant, ce parallèle a des limites. Si le coureur veut gagner en puissance, il n’a d’autre choix que l’exercice physique et les kilomètres dévorés durant l’entraînement. Interdit d’absorber ces produits miracles qui développent la musculature et décuplent les forces. Pour les sociétés, les muscles, ce sont les technologies. Elles sont perpétuellement à l’affût de celles qui leur permettent de concevoir des équipements toujours plus performants et qui offrent de nouveaux services. Et à ce petit jeu, pas dinterdiction : voilà pourquoi elles se gavent de dopants et absorbent à qui mieux mieux les petites sociétés ?” les fameuses start-up ?” qui développent ces nouvelles technologies. Cisco a fondé toute sa fortune sur ce principe et Lucent ne fait pas mal non plus.Prochaine chronique le vendredi 8 septembre

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Jean-Pierre Soulès, grand reporter