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Le mode 64 bits doit être appliqué à bon escient

Encore peu répandus, les systèmes 64 bits sont promis à un bel avenir. Pour profiter de leur puissance de calcul, il est inutile de faire migrer toutes les applications.

L’architecture 64 bits n’est pas une nouveauté dans le monde Unix : Digital (repris par Compaq) et Silicon Graphics (SGI) ont lancé leurs premiers systèmes en 1992, suivis bien plus tard par HP, IBM et Sun. Cette technologie consiste à augmenter l’espace d’adressage mémoire et la taille des unités de données gérées par le processeur. Il ne s’agit donc pas d’exécuter un plus grand nombre d’instructions, mais de traiter de plus gros volumes de données. De fait, les systèmes 64 bits ont été rapidement adoptés par les milieux scientifiques et autres grands utilisateurs de bases de données. “Le gain est déjà important lorsque l’on passe d’un processeur 32 bits à un processeur 64 bits, qui accélère les calculs de haute précision. Mais c’est quand le système d’exploitation passe aussi à 64 bits que l’on gagne véritablement en volume de données traitées. Les données restent alors dans la mémoire physique de la machine : le processeur ne perd pas de temps en accès disque”, détaille Marc Till, du centre de recherche du groupe Air Liquide (lire encadré).

Un juste équilibre entre volume et vitesse

Le pôle radio de RTL France, qui n’a pas d’impératif de puissance de calcul, a choisi cette technologie par souci d’évolutivité. “Après avoir porté notre SGBD en 64 bits, nous ferons migrer toutes nos applications pour tirer le meilleur parti de cette architecture”, prévoit Thierry Kauffmann. Marc Till pense, en revanche, qu’il vaut mieux ne pas faire migrer toutes les applications, mais seulement celles qui ont besoin d’un gros espace d’adressage. Il faut donc trouver un juste équilibre entre ses besoins en volume de données à traiter et la vitesse de traitement escomptée. Quoi qu’il en soit, la migration d’applications vers le 64 bits est une opération relativement simple. “Il faut d’abord faire quelques modifications sur le code de l’application pour passer les pointeurs à 64 bits, et le compilateur [fourni par le constructeur, Ndlr] se charge du reste, explique Thierry Kauffmann, du pôle radio de RTL, qui envisage une migration complète d’ici à 2002. Cependant, le compilateur peut détecter des erreurs, que l’on corrige en puisant dans les bibliothèques mises à disposition par le constructeur.”
“Une journée suffit pour faire migrer une application”, ajoute Marc Till. Pour pouvoir utiliser des applications 32 bits sur un système d’exploitation 64 bits – une solution valable pour des volumes de traitement pas trop importants – la recompilation n’est pas toujours obligatoire. C’est le cas avec HP-UX, Solaris, Irix et bientôt AIX 5L (ex-Monterey), qui, associé au processeur Itanium d’Intel (dont on attend la sortie), ne nécessitera même plus de modifications sur le code source de l’application.
En attendant, les entreprises peuvent être assistées dans leur migration par les constructeurs, dont certains mettent à leur disposition des structures spécifiques. IBM propose même un guide de migration vers l’IA-64 (mode 64 bits de l’Itanium) sur Internet. Actuellement, les grands éditeurs accélèrent le portage de leurs logiciels en 64 bits pour ne pas rater la croissance attendue du marché. Celle-ci devrait certainement être dopée par l’arrivée de l’Itanium. “Dès sa sortie, nous regarderons ses performances de près”, illustre Marc Till. Mais cette sortie est sans cesse reportée : les constructeurs de matériel associés à l’Itanium ne sont pas prêts. La version 64 bits de Windows 2000, qui devrait voir le jour au même moment, participera aussi certainement à la démocratisation de l’architecture dans les entreprises.

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JULIE DE MESLON