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L’Afnic veut mettre le « .fr » au service de la solidarité numérique

L’association de nommage a décidé d’utiliser les bénéfices du .fr pour financer une fondation destinée à soutenir les projets associatifs liés à réduire la fracture numérique, qu’elle soit sociale ou liée à un handicap.

En 2014, la fracture numérique n’est pas résorbée, loin de là. Selon les chiffres du Crédoc publiés en 2013, 17% des foyers français ne disposaient pas de PC à domicile et plus de 20% n’ont pas de connexion Internet. Un rapport qui vient d’être publié par l’Union Européenne indique que plus de 18% de la population française est touchée par l’exclusion sociale.

Face à cette situation, de nombreuses associations travaillent sur la réinsertion numérique des plus démunis. Pour les aider dans leurs missions, l’Afnic (Association française pour le nommage Internet en coopération) compte lancer dans quelques semaines sa fondation. Elle sera financée par les bénéfices du .fr, soit un million d’euros par an.

Ce projet a été présenté lors de l’inauguration des nouveaux locaux de l’Afnic par Axelle Lemaire, secrétaire d’État au numérique. Lors de table ronde organisée pour cet événement, trois associations (Emmaüs Connect, Passerelles Numériques et BrailleNet) sont venues présenter leurs actions.

Trop de jeunes encore touché par l’illettrisme numérique

Lors de cet évènement, Jean Pouly, enseignant en économie numérique et chargé de développement pour l’Iram (International Rhône Alpes Media), a indiqué que la rapide évolution des nouvelles technologies complique la lutte contre l’illetrisme numérique.

En effet, si tablettes et smartphones entrent dans les usages, la fracture ne se résorbe pas. « Le secteur numérique va vite, trop vite, et il nécessite un bagage culturel, social et cognitif élevé pour tirer partie de ces innovations », estime ce spécialiste de la fracture. Pour lui, il faut faire la différence entre l’usage instrumental de surface et la connaissance réelle. D’autant que cette situation n’épargne pas les jeunes.

Emmaüs Connect est au cœur de cette situation. Cette version 2.0 de la fondation Abbé Pierre considère que la maîtrise du numérique est un levier pour l’insertion sociale et professionnelle.

Avec des partenaires comme SFR, elle a lancé le projet Connexions Solidaires pour donner aux jeunes les outils et la formation numérique nécessaire. « Contrairement aux idées reçues, beaucoup de jeunes ne sont pas rompus aux nouvelles technologies. 36% des 16-24 ans sont uniquement capables de réaliser des tâches élémentaires sur Internet », nous a confié Audrey-Jane Baldi, responsable du projet. Preuve que la fracture ne touche pas uniquement, comme on le pense, les personnes âgées.

L’accessibilité, un autre frein au développement du numérique

La Fondation de l’Afnic s’intéressera aussi aux autres formes de fractures, comme celles qui touchent les malvoyants. Alors que depuis 2009, une loi oblige les sites publics de proposer une version accessible, presque aucun ne le fait.

La semaine dernière, une étude a révélé que dans les Yvelines, sur 78 municipalités, une seule s’adresse aux malvoyants. Et pourtant, un décret a même fixé une date butoir dépassée depuis plus de deux ans. C’était le 16 mai 2012. Mieux, AccessiWeb, un référentiel basé sur la norme W3C développée par BrailleNet a été adopté par l’État en 2014 comme une référence pour la mise en conformité des sites web publics.

Dominique Burger, président de Braillenet, rappelle toutefois que l’accessibilité au numérique n’est pas une possibilité laissée aux éditeurs de sites publics, mais un droit universel reconnu par l’Europe, ainsi qu’un droit fondamental reconnu par la France. « Apparemment, plusieurs catégories de la population n’en profitent toujours pas », réagit M. Burger. 

Pour Axelle Lemaire, cette situation n’a que trop duré. Et s’il elle estime que l’Etat et les associations ont un rôle à jouer, elle attend aussi que les grandes plateformes Internet s’engagent. « La fracture numérique est loin d’être résorbée et je rappelle que les trois piliers de ma mission sont l’inclusion, la croissance et la confiance », a rappelé la secrétaire d’Etat qui estime que tout le monde doit aider à améliorer la situation. « L’économie numérique doit avoir un rôle de soutien dans le développement des usages. Les géants du Net n’en sont pas exclus et j’aimerais que les Gafa (acronyme qui désigne les quatre géants du Net, Google, Apple, Facebook et Amazon), participent eux aussi à cette mission. »

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Pascal Samama