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La technologie bientôt en prêt-à-porter

Si la tendance actuelle est à la miniaturisation, en matière de high-tech, le futur sera à l’intégration : le téléphone s’enroulera bientôt autour du cou et l’ordinateur deviendra véritablement portable.

Etes vous e-wear ?“, pourrait-on demander en parodiant ce brave Jean-Claude Van Damme… Car l’e-wear pourrait bien devenir un jour une réelle philosophie. Les laboratoires de recherche fourmillent d’idées en matière de vêtements intelligents, qui promettent de porter son ordinateur sur soi, de téléphoner sans les mains, mais aussi de surveiller pulsations cardiaques et température du corps afin d’alerter les secours quand ces signes vitaux deviennent inquiétants. Science-fiction ? Anticipation serait un mot plus approprié.”Si nous travaillons étroitement avec les équipes de recherche du groupe, nous manipulons surtout des concepts, confirme Néna Roa-Seiler, directeur artistique des studios créatifs de France Telecom R&D. La technologie crée des ruptures d’usage. Notre objectif est de les imaginer. ” Ces concepts n’en sont pas moins appelés à apparaître sur le marché, un jour ou l’autre. Ainsi, le prototype d’écharpe communicante imaginée par l’équipe est sorti en début d’année. En matière de concepts, l’équipe de design du centre de recherche d’Alcatel n’est pas en reste. “ Outre le travail sur les lignes de produits qui sortent, notre rôle est prospectif : nous nous devons de comprendre et d’anticiper l’utilisation des produits, souligne Bertrand Minckes, responsable du service. Nous avons regardé de près avec deux écoles de design ?” l’une de Hong-Kong et l’autre de Barcelone ?” comment on pourrait réellement intégrer sur soi les équipements high-tech que l’on emporte actuellement avec soi. ” Résultat : des bracelets communicants, lunettes écrans, chapeaux intégrant micro et haut-parleurs… Qu’on se rassure, cependant, “ aucun projet de “piercing” ou d’implant n’a été soumis : les consommateurs ne sont pas prêts à intégrer la technologie dans leur corps“.

D’inépuisables puits à idées

Ces produits ne sont pas destinés à être mis sur le marché tels quels, mais ils sont source d’idées utilisables pour les produits sortant dans les deux ou trois prochaines années, poursuit Bertrand Minckes. Le marché va irrémédiablement dans ce sens : des gros objets high-tech avec peu de fonctions, nous sommes actuellement arrivés à des objets miniatures comprenant parfois plusieurs centaines de fonctions.“Car du concept au produit, il n’y a parfois pas très loin. Déjà, on peut voir sur le marché les premiers frémissements de cette tendance. À la rentrée, le Finlandais Reima va sortir sa ceinture Smart Shout dont l’objectif est de permettre à des groupes pratiquant des sports extrêmes de rester en contact par le biais des réseaux GSM… et sans les mains. L’opérateur Bell Canada a muni 300 de ses techniciens d’ordinateurs ” portables ” leur permettant l’accès aux informations nécessaires même dans des conditions extrêmes. Le clavier est attaché au bras, l’écran monté sur des lunettes, l’ensemble pesant à paine 1,5 kg. L’année passée, Levi Strauss, en collaboration avec Philips, a lancé un blouson high-tech intégrant un téléphone GSM et un baladeur MP3. “ Mais il s’agissait là d’électronique standard répartie astucieusement dans le textile plutôt que de réelle intégration, tempère Denis Deguillemont, responsable du service mesure et automation de l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH), qui travaille activement sur le sujet. L’objectif était de faire un appel marketing pour voir si le marché était prêt.” Les avancées technologiques vont cependant permettre à la réalité de rattraper la fiction. Les composants électroniques se miniaturisent, les batteries s’améliorent constamment qui s’allègent et s’assouplissent. Et les textiles s’adaptent. Motorola a breveté un tissu permettant de générer des ondes électromagnétiques. Unpas important vers la possibilité d’émettre des signaux radio. “Nous pouvons désormais tisser des fibres optiques, intégrer des tissus conducteurs ou bien utiliser des microcapsules“, déclare Denis Deguillemont. Le Britannique Elektex réalise ainsi des claviers souples en textile. Conducteurs, les tissus permet- tront ainsi d’alimenter, de contrôler indépendamment les différents éléments utilisés (téléphone, ordinateur, lecteur MP3, etc.) et de communiquer des données par signal radio.

Vers une plus grande autonomie

Coté alimentation, le groupe allemand Steilmann, spécialisé dans le textile, a sorti un blouson ” solaire ” qui recharge les batteries du téléphone cellulaire. Et diverses équipes planchent sur la possibilité de récupérer l’énergie générée par la marche. “Mais les projets atteignent une telle envergure qu’ils doivent se monter à l’échelle européenne“, constate Denis Deguillemont. Un premier consortium, mené par le laboratoire belge Starlab, avait été lancé en fanfare. Si le récent dépôt de bilan de la structure compromet ses projets, les laboratoires se réorganisent déjà pour unir leurs forces et aller plus loin sur le sujet.

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Agathe Remoué