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La Silicon Valley croule sous les capitaux

Trois célèbres capital-risqueurs tirent la sonnette d’alarme : la masse d’argent disponible face au petit nombre de projets innovants pourrait créer une seconde bulle.

Il y aurait trop d’argent dans la Silicon Valley et pas assez de start-up ni d’investisseurs pour utiliser la totalité du pactole. Ce constat relèverait de la pure hérésie s’il ne venait de John Doerr, une figure du
capital-risque californien.L’homme travaille en effet chez Kleiner Perkins Caufield Byers (KPCB), une société qui gère un portefeuille de plus de 350 sociétés et a financé de grands noms comme America Online, Amazon, Handspring, Lotus, Netscape, Sun et, plus
récemment, Google et Friendster.

Des retours sur investissement faibles, voire négatifs

‘ Depuis 1998, les capital-risqueurs ont levé 200 milliards de dollars, dont la moitié de cette somme n’a pas encore été versée [Les investisseurs n’obtiennent pas les fonds en bloc, mais
par paliers. En fonction des sommes investies par les capital-risqueurs, leurs bailleurs de fonds débloquent l’argent, NDLR]. Pire, on assiste aujourd’hui à de nouvelles levées de fonds. Et il n’y a tout simplement pas assez
d’investisseurs intelligents ni de bons entrepreneurs dans le monde pour absorber une telle quantité d’argent ‘,
a insisté John Doerr le 15 janvier dernier, lors de la dernière réunion du Churchill
Club, une association organisant des rencontres entre les investisseurs et les sociétés technologiques de la Silicon Valley.Un avis partagé par Jim Breyer d’Accel Partners (un fonds ayant des participations dans Groove Networks, Macromedia, Real Networks…) et Esther Dyson d’Edventure, l’organisatrice de la conférence PC Forum. Tous
prévoient également des retours sur investissement faibles, voire négatifs pour les derniers fonds levés.‘ Comme pendant la bulle Internet, chaque secteur va voir apparaître des dizaines de nouvelles start-up alors qu’il n’y a vraiment de la place que pour une ou deux. C’est d’ailleurs ce
qui se passe encore aujourd’hui dans le sans-fil, le stockage, le haut débit, les sites de rencontres ou encore les nanotechnologies ‘,
estime Jim Breyer.En revanche, pour Tim Draper, le responsable de la société de capital-risque Draper Fisher Jurvetson : ‘ Il n’y a jamais suffisamment d’argent, dautant que le reste du monde vient de se
réveiller. Il y a de nombreuses régions comme la Silicon Valley où le développement technologique est fort et les besoins financiers importants. ‘
Ces quatre experts réunis autour de Tony Perkins, l’ancien fondateur du magazine en ligne Red Herring, désormais à la tête du site d’informations AlwaysOn, ont profité du meeting du 15 janvier
pour dévoiler leur stratégie d’investissement pour l’année 2004.Tandis que Jim Breyer privilégiera les fournisseurs de contenus et les hébergeurs de logiciels à la demande, Tim Draper se montre enthousiaste envers les applications qui utilisent un moteur peer-to-peer (téléphonie, site de rencontres,
grid…) et par la voix sur IP. Enfin, Tony Perkins a conclu la réunion en prédisant le rachat de Google par Microsoft, après l’introduction en Bourse de la start-up. Pourquoi pas !

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Par Jean-Baptiste Su