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La montée en puissance des mannequins numériques

L’ergonomie est essentielle dans l’ingénierie des processus de fabrication. Dassault Systèmes et Tecnomatix se concurrencent par mannequins numériques interposés. Les personnages simulés deviennent de plus en plus évolués.

Le modèle humain sous forme digitale prend une importance croissante dans l’usine numérique. Dassault Systèmes a racheté, à la fin de l’année dernière, un acteur clé du secteur du mannequin numérique, le Canadien Safework. “Cette acquisition permet à Dassault Systèmes d’intégrer des modèles humains dans la maquette numérique, à toutes les étapes du cycle de vie du produit”, précise Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes. Safework est désormais en charge de l’infrastructure de modélisation humaine pour Catia (CFAO), Enovia (gestion de données techniques) et Deneb (usine numérique), dont Safework va intégrer le mannequin Deneb Ergo.
Tecnomatix, premier concurrent de Dassault Systèmes dans le domaine de l’usine numérique, avait racheté il y a deux ans Anysim pour enrichir les fonctionnalités de son produit Robcad/Man, devenu récemment eM-Human. Il travaille en outre en étroit partenariat avec Techmath, auteur du mannequin anthropométrique Ramsis, très connu dans le monde automobile. Et il n’est pas exclu qu’il le rachète à son tour. Jack, mannequin d’EAI, arrive en troisième position, affaibli par la vente d’EAI-Delta à Dassault Systèmes.
C’est dans le domaine de la fabrication que les mannequins virtuels ont été, jusqu’ici, le plus utilisés. Dans Robcad, Tecnomatix a développé complémentairement ses produits de robotique et ses mannequins servant à l’optimisation des processus manuels. “Le mannequin n’a cessé de prendre de l’importance, parce que, dans aucune industrie, le robot n’a remplacé l’homme”, affirme Christophe Marée, de Tecnomatix. Ce dernier s’est développé vers des industries, qui, comme l’aéronautique ou l’électronique, utilisent beaucoup d’opérateurs humains et peu de robots, comparé à l’automobile.

Une sophistication croissante

Deneb Ergo ou eM-Human aident principalement à prévoir les temps opératoires par la méthode MTM (Method Time Measurement), chaque industrie ayant développé sa propre base de temps. Ils aident aussi à étudier les troubles corporels que peuvent engendrer les postes de travail. C’est ainsi qu’eM-Human devient rouge quand la posture qui lui est demandée devient critique. Et, alors qu’un robot a six axes au maximum, un mannequin dispose de soixante à cent vingt axes de liberté : eM-Human en a soixante-dix, et Ramsis cent vingt. Safework produit des mannequins d’une grande variabilité : cent quatre mesures peuvent être modifiées. La sophistication du logiciel permet de piloter les personnages représentés avec un dispositif de réalité virtuelle. En ce qui concerne les données anthropométriques, Tecnomatix comme Safework s’appuient sur des bases de données provenant d’universités aussi bien que des armées américaine, allemande, française et coréenne.
Les produits sont évolués. Le mannequin eM-Human sait, par exem- ple, saisir et marcher. On lui a appris récemment à réaliser des opérations couché, et à monter un escalier avec une charge. Pour Safework, il s’agit de doter ses mannequins non seulement de plus de réalisme, mais aussi de plus d’intelligence. Déjà, ils suivent les objets des yeux et sont capables d’évitement dans leurs déplacements.

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Mireille Boris