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La gestion de contenu d’entreprise attend toujours son logiciel miracle

L’omnipotence devrait être la caractéristique des logiciels de gestion de contenu d’entreprise (ECM). Mais les offres intégrées commencent seulement à se constituer.

La gestion de contenu étendue à l’entreprise promet monts et merveilles. Elle est censée donner enfin aux entreprises les moyens de maîtriser l’ensemble de leur contenu. Ce terme, pris dans son sens le plus large, inclut aussi bien les données non structurées ?” pages HTML, fichiers Word, etc. ?” que les informations stockées dans des bases ou les multiples documents ?” contrats, factures, etc. Les entreprises n’ont d’ailleurs pas attendu l’émergence de solutions clés en main pour s’atteler à cette tâche. Si l’on se réfère à l’étude de Forrester Research (voir encadré), elles ont développé leurs propres solutions pour manipuler toute sorte de contenu, y compris du code.La gestion de contenu d’entreprise ?” ou ECM pour Enterprise Content Management ?” n’a pas encore donné naissance au logiciel miracle attendu. Pire : avant même de s’être cognée à la réalité du terrain, son approche est remise en cause. Les outils qui naîtront de cette nouvelle discipline ont, en effet, vocation à dépasser les solutions plus ou moins artisanales qu’ont bâties les entreprises. Ils supposent avant tout la mise en commun de l’ensemble de ces informations dans un référentiel central. C’est la première pierre d’achoppement entre les différents protagonistes.

Le référentiel central en question

Les plus radicaux des opposants à cette vision monolithique la rangent au rayon des fausses bonnes idées. Alexandre Dayon, PDG de l’éditeur Instranet, la met ainsi en parallèle avec l’échec des entrepôts de données géants qu’étaient censées déployer les entreprises. “Le référentiel d’entreprise qui sous-tend la notion d’ECM me fait penser à la mode du datawarehouse, dont l’objectif était de piloter le business de l’entreprise depuis une base unique.” Cette analyse est appuyée par Forrester Research. Dans leur étude “Les illusions de la gestion de contenu d’entreprise”, John Dalton et les deux coauteurs qualifient de science- fiction l’approche visant à une gestion universelle des métadonnées. Ils argumentent : “Les logiciels ne pourront à eux seuls prendre en charge la suppression des doublons, la classification et le marquage des vieux documents Word, classeurs Excel et présentations Powerpoint destinés à alimenter les systèmes de fichiers. La gestion de contenu contribue à accélérer la production d’informations non structurées, mais la catégorisation et le nettoyage du contenu supposent l’intervention d’individus dotés d’une expertise métier dans la création d’ontologies et la gestion de taxinomie.”Les partisans de la gestion de contenu d’entreprise sont cependant loin d’abdiquer. Même quand ils ne couvrent qu’un spectre fonctionnel restreint, ils défendent mordicus l’utilité d’un référentiel central. C’est le cas notamment de Tridion. L’éditeur néerlandais, spécialisé dans la gestion de contenu web, prétend ainsi, avec la version 5 de son outil, gérer l’ensemble du contenu grâce à son entrepôt XML. Documentum est sur la même longueur d’onde, en faisant toutefois valoir d’autres arguments. Il est présent à la fois dans la gestion de contenu web, la gestion documentaire et, depuis la version 5, dans la gestion de documents d’entreprise numérisés. L’acquisition du spécialiste multimédia Bulldog lui permet déjà d’automatiser la saisie de métadonnées liées à des images dans son référentiel.La consolidation de l’information au sein d’un référentiel unique n’est que l’un des écueils techniques sur la route de la gestion de contenu d’entreprise. Les utilisateurs attendent également des améliorations dans la gestion des processus. Ces exigences requièrent à la fois des outils de collaboration capables de s’adresser à l’ensemble des besoins de l’entreprise et des workflows plus riches. On déborde largement des champs d’intervention traditionnels de la gestion de contenu. A fortiori quand elle ne s’applique qu’au web.Un éditeur comme Filenet se retrouve, en revanche, en terrain connu. Son directeur marketing France, Richard Lucas, définit d’ailleurs l’ECM comme le rapprochement entre la gestion de contenu et la gestion des processus. C’est également le domaine d’intervention de quelques grands éditeurs, tels Microsoft ou IBM. Ce dernier vient d’ailleurs de faire monter en puissance Domino, dans sa version 6, pour répondre à ce besoin de consolidation et de collaboration étendue à l’ensemble de l’entreprise. Opentext s’inscrit également dans cette mouvance, avec de sérieux arguments de collaboration à faire valoir.

Une belle opportunité pour les intégrateurs

Documentum tente aussi de monter en puissance sur le créneau du travail collaboratif grâce au rachat d’eRoom. Christopher Harris-Jones, analyste à Ovum, déclare, enthousiaste : “Une fois eRoom complètement intégré à Documentum, il ne fait aucun doute que l’éditeur disposera de la suite d’ECM la plus complète.” Cela reste à voir. Ce qui est certain, en revanche, c’est que le logiciel de Documentum ne couvrira pas tout le spectre fonctionnel d’une solution de gestion de contenu d’entreprise tant le domaine est vaste.L’intégration au système d’information d’entreprise est un autre chantier à peine entamé. Pour Forrester Research, elle représente une belle opportunité pour des spécialistes de l’accès aux grands systèmes, tels Attachmate ou Netmanage, voire pour des éditeurs plus spécialisés, comme SeeBeyond ou Vitria, et pour les prochains spécialistes des services web. Mais les futurs acteurs incontournables de la gestion de contenu d’entreprise seront sans doute les grands intégrateurs spécialisés dans la gestion de données. “Ce sont les seuls à cumuler l’expertise métier et la connaissance du web, de la gestion de documents et de l’intégration d’applications”, conclut Jean-Pierre Blanger, président de l’Aproged.

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Olivier Roberget