Passer au contenu

La FIL : pour que les libertés ne deviennent pas virtuelles

Des associations, des ONG et des internautes créent la Fédération informatique et libertés (FIL), une structure paneuropéenne de défense des libertés publiques et individuelles face aux dérives législatives de l’ère numérique.

Son nom résonne comme un écho alternatif à la très officielle CNIL, l’autorité administrative indépendante, instituée en 1978. La création de la Fédération informatique et libertés (FIL), annoncée mardi 9 juillet est une première dans les rangs (jusqu’ici dispersés) des défenseurs des libertés individuelles à l’ère du tout numérique.Cette nouvelle structure, à vocation paneuropéenne, regroupe des associations aussi diverses qu’ Act-Up, Reporters sans frontières (RSF), la Confédération nationale du travail (CNT), ou le collectif LSI-Jolie. Avec un objectif commun : pointer, dénoncer et, si possible, prévenir les dérives liées au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans la “société de l’information”.” Pour la première fois, nous allons fédérer des mouvements complémentaires autour de cette thématique, et sortir enfin du petit milieu de l’Interneto-Internet”, explique l’universitaire et juriste, Sébastien Canevet, l’un des responsables du projet. L’objectif pour la FIL est de devenir un prescripteur et un interlocuteur majeur auprès des pouvoirs publics. “En tant que personne morale, la FIL se réserve, le cas échéant, le droit d’agir en justice pour défendre ses idéaux fondateurs.L’idée de créer une fédération a germé après le vote symbolique du 29 mai au Parlement européen sur la durée de rétention des données. A la suite au 11 septembre 2001, certaines démocraties occidentales (USA, France, Grande-Bretagne, Espagne…) ont en effet fait voter dans l’urgence des textes souvent accusés de restreindre de manière drastique l’exercice des libertés individuelles sur Internet.” L’actualité juridique est lourde “, commente Valentin Lacambre, fondateur de l’hébergeur Altern, également partie prenante à la FIL. Et face à des parlementaires godillots, qui n’entendent pas grand-chose de ces problématiques, ” le rôle de la FIL sera d’aller vers le grand public et de vulgariser ces enjeux, souvent jugés trop techniques, alors même qu’ils concernent la vie quotidienne de chacun d’entre nous. “Parmi les premières actions envisagées : inciter les internautes à adresser une lettre-type à leurs FAI, pour connaître leur position en matière de conservation des données de connexion et de navigation au Réseau. Une fois les réponses collectées, les différentes positions seront rendues publiques, ce qui permettra, selon Loïc Coriou, journaliste à Reporters sans frontières, de choisir son fournisseur d’accès au-delà d’un simple critère de prix.La toute nouvelle association réfléchit également à la création d’une publication papier ainsi qu’à la diffusion d’un CD-Rom comprenant les principaux outils de cryptographie actuellement sur le marché. “Nous vivons actuellement une évolution du sens commun, qui consiste à nous présenter la notion de fichage comme un bienfait pour la démocratie, explique Valentin Lacambre. Or, ce n’est bien entendu pas le cas.”Face aux dérives actuelles, il y a donc selon les créateurs de la FIL, un véritable “besoin de désobéissance”, ainsi que l’urgence d’un “retour aux fondamentaux du militantisme”.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Philippe Crouzillacq