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La face cachée de la pomme

Comment inciter ses plus fidèles clients au piratage ? En leur imposant des règles ridicules et en bridant leurs produits a posteriori. Un petit jeu dans lequel Apple est devenu expert.

Côté pile, Apple est une société formidable, qui fait d’excellents produits que même ‘ le commun des mortels peut utiliser ‘. Mais, côté face, la pomme a une sale tendance à traiter ses clients comme des
moutons. Exemple avec iTunes, le juke-box à synchroniser l’iPod : chaque nouvelle version est en régression par rapport à la précédente.iTunes a une fonction unique, encensée par tous : il permet de partager sa musique sur le réseau local avec n’importe quel autre utilisateur d’iTunes. La musique n’est pas copiée, elle est juste diffusée sur le réseau
comme une radio. Idéal pour découvrir la musique des copains.Mais cette fonction ne cesse d’être bridée à chaque nouvelle version. Au départ, il était possible de partager sa musique sur Internet. N’importe quel utilisateur, à l’autre bout de la Terre, pouvait donc venir
naviguer dans votre bibliothèque musicale et écouter les morceaux. Mais, quelques mois plus tard, la fonction a été restreinte au seul réseau local. Puis Apple a décidé que vous n’auriez plus que cinq amis, en limitant à cinq le nombre de
connexions simultanées.Ce n’était pas assez, ou plutôt c’était encore trop. Alors Apple est allé plus loin. Sans rien dire à personne, iTunes 4.7.1, la ‘ mise à jour ‘ lancée la semaine dernière, accepte non plus cinq
utilisateurs simultanés mais cinq connexions par jour ! C’est un peu comme si on achetait une chaîne hi-fi et que le constructeur décide que seulement cinq personnes peuvent entendre ce qui en sort. On croit rêver.Pourtant, les restrictions d’iTunes ne se limitent pas à la diffusion de musique sur le réseau. Au départ, il était possible de graver dix fois sur CD les morceaux achetés sur iTunes. Depuis un an, Apple a descendu la limite à
sept gravures. Qui sait ce que nous réserve la future version, la 5. Plus de gravure, plus d’écoute en réseau, une musique dont on n’est plus propriétaire et que l’on loue éternellement ? Je crains le pire.Alors que font les fidèles clients ? Ils se retrouvent à pirater leur propre musique pour éviter qu’Apple n’exerce contre eux son droit ‘ de modifier a posteriori les
conditions d’usage d’iTunes et de la musique achetée sur le Music Store ‘.
Il y a tout d’abord eu
le célèbre Hymm, qui permet de retirer les droits (DRM) de tous les titres achetés. Il vient dêtre rejoint par
l’incroyable pyMusique, qui contourne carrément iTunes pour acheter directement sans DRM des titres du Music Store.Plutôt que de brider encore et toujours la musique, Apple et les maisons de disques feraient mieux d’écouter leurs clients. Beaucoup sont prêts à payer pour avoir les pochettes en PDF, pour des titres sans perte de qualité
(lossless), sans DRM, ou encore pour pouvoir télécharger de nouveau un titre effacé par erreur.Si on continue de les ignorer, ils iront chercher leur bonheur ailleurs : chez
AllOfMP3, Kazaa ou
eMule.* Rédacteur en chef adjoint de 01 InformatiqueProchaine chronique mardi 5 avril

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Anicet Mbida*