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La crise n’entame pas la réussite d’Ebay

Le spécialiste des enchères en ligne semble insensible à l’e-krach. Fort d’un bénéfice en hausse de 24 %, Ebay poursuit son offensive tous azimuts. Explications.

À croire que le modèle économique d’Ebay est ” recession proof “, imperméable à la crise… Au moment où Wall Street voit défiler une kyrielle d’alertes sur profit (AOL-Time Warner, DoubleClick, etc.) et de mauvais résultats “ en ligne avec les prévisions ” ( Yahoo, etc.), le grand spécialiste des enchères sur le réseau s’offre le luxe de battre les prévisions les plus optimistes des analystes.Pour le troisième trimestre (juillet-septembre) de l’exercice 2001, Ebay a dégagé un bénéfice net en hausse de 24 % à 18,8 millions de dollars (21 millions d’euros) sur un chiffre d’affaires en très forte progression (+71 %) à 194,4 millions de dollars.

Les analystes dépassés

Les analystes tablaient initialement sur des revenus n’excédant pas 189 millions de dollars et craignaient l’impact des événements du 11 septembre. Le groupe basé à San Jose en Californie fait plus que les rassurer : pour le quatrième trimestre, il a même relevé ses prévisions de revenus à 200, voire 210 millions de dollars ! Ebay devrait donc finir l’exercice 2001 avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 730 millions de dollars (contre 431 millions en 2000).À ce rythme, la patronne du groupe, Meg Whitman, est bien partie pour réussir son pari : passer le cap des 3 milliards de dollars en 2005. En attendant, Ebay a pu se permettre d’organiser une vente exceptionnelle au profit des victimes des attentats : cette opération baptisée ” Auction for America ” a permis de réunir 5 millions de dollars en quelques jours.Autant dire que dans un paysage sinistré par l’e-krach, la Bourse fait plus qu’apprécier la performance de la dernière dot-com encore vaillante : depuis le 1er janvier, l’action Ebay a fait un bond de 60 %, alors que Yahoo et Amazon ont vu respectivement leur cours plonger de 61 et 45 %.Henry Blodget n’en est pas encore revenu : pour l’analyste vedette de Merrill Lynch, “c’est un peu comme si Ebay vivait encore à l’intérieur de la bulle internet…“Il ne faut pas chercher bien loin pour comprendre comment le site fondé en 1995 par Pierre Omidyar peut surfer sur la crise en affichant invariablement un taux de rentabilité proche de 10 %. Très peu dépendant de la publicité (moins de 10 % de son chiffre d’affaires), l’intermédiaire Ebay vit pour l’essentiel des commissions qu’il prélève sur chaque transaction (1 à 5 % en fonction du prix de l’article vendu).

Des frais réduits

Aucun produit en rayon, pas de frais de distribution (les vendeurs se chargent d’expédier les articles), des coûts de marketing et de publicité très maîtrisés (le bouche à oreille fait des merveilles)… Ebay a sans doute découvert la martingale idéale pour faire de l’argent sur le net. “ Il n’y a aucune limite au modèle Ebay “, affirme Meg Whitman. C’est peut-être vrai, à condition de se diversifier.C’est pourquoi Ebay se définit désormais comme la ” première place de marché mondiale pour les transactions en ligne ” plutôt que comme le numéro un des enchères sur le net. Il faut dire qu’avec 37,6 millions d’utilisateurs enregistrés, Ebay a désormais plus de clients qu’ Amazon.com (30 millions).Le groupe pousse donc aujourd’hui l’offensive dans deux directions : les boutiques à prix fixes (Ebay stores, Half.com, Buy it now) qui permettent à d’autres cybermarchands de proposer leurs produits aux fidèles d’Ebay et le développement international (Ebay a racheté en mai le leader français Ibazar pour 125 millions de dollars). Ces deux postes représentent désormais 16 % chacun du chiffre d’affaires du groupe. Reste à démontrer qu’ils peuvent être aussi profitables que le ” core business “ d’Ebay aux États-Unis.

Ebay.fr s’applique

En France, l’ex-Ibazar, rebaptisé Ebay.fr le 9 octobre dernier, est encore loin du modèle américain (pertes non communiquées), malgré une part de marché proche de 90 % et un plan social douloureux (34 postes supprimés sur 90 après le transfert de la plateforme technique aux États-Unis). Mais le directeur général d’Ebay France, Grégory Boutté, ne connaît pas le doute : ” La rentabilité est indissociable du modèle Ebay, je ne vois pas pourquoi nous ferions exception “, assène-t-il.

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Jean-Christophe Féraud