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L’ombre du groupe Axel Springer plane derrière le démantèlement de Google

Et si la demande de démantèlement de Google par le Parlement européen était une réaction à l’accord de licence signé contre son gré par le groupe de presse Axel Springer ?

La guerre entre l’Europe et Google dure depuis des années et se déroule sur plusieurs fronts. Mais, si les données personnelles et la fiscalité sont des dossiers chauds, celui sur l’abus de position dominante exercé par le moteur de recherche est si brulant que le Parlement Européen a décidé de le prendre en main, en lieu et place de la justice européenne.

Vendredi dernier, il a fait savoir son intention de scinder Google en deux pour séparer le moteur de recherche des autres activités du groupe américain. Cette demande fait partie des propositions des organisations Open Internet Project et de VG Media, dans lesquels le groupe Axel Springer est un pilier. L’un regroupe 400 entreprises européennes, le second, 200 médias allemands.

Et, selon nos sources, le groupe de presse dirigé par Mathias Döpfner est aux commandes de la manoeuvre. Plus qu’une simple intuition, cette possibilité repose sur le député qui a déposé cette proposition. Andreas Schwab, le député allemand chrétien social qui pilote la résolution, est en effet un spécialiste du marché européen du numérique, mais également un proche du cabinet d’avocats CMS Hasche Sigle qui accompagne Axel Springer dans son conflit avec Google.

L’eurodéputé sert-il les intérêts de VG Media en général et de Mathias Döpfner en particulier pour faire monter la pression sur le groupe californien ? Des proches de Google, mais aussi des observateurs allemands, le pensent fortement.

La partie d’échecs se poursuit

D’autant que le dernier bras de fer avec l’Américain a couté cher au leader de la presse allemande. Après avoir demandé d’être rémunéré sur les extraits d’articles publiés sur son fil d’actu, Google a décidé fin octobre de ne laisser sur le site que le titre des articles, sans résumé (snippets), ni photos.

Les conséquences ont été brutales puisqu’en quelques semaines, le groupe allemand a vu le trafic de ses principaux titres (welt.de, computerbild.de, sportbild.de et autobild.de…) chuter de 40% avec la baisse de 80% du trafic généré par Google News. De fait, les revenus ont été très lourdement impactés avec des pertes de l’ordre de 100 000 euros par jour et par site !

Contraint et forcé, le groupe allemand a finalement accepté les conditions du moteur de recherche pour que son contenu réapparaisse sur Google News. Christoph Keese, vice-président d’Axel Springer, expliquait que cette décision par une perte financière de 4 millions d’euros. Mais, pour lui, c’est une « partie d’échecs de plusieurs années qui commence ».

Cette partie se poursuit donc désormais avec cette menace radicale qui fera l’objet d’un vote au parlement européen cette semaine qui pourrait n’être qu’un coup de bluff pour mettre la pression sur le géant américain. Elle se poursuivra dès janvier 2015 avec l’adoption par l’Allemagne d’une taxe Google.

La France a pris une autre voie avec un accord avec Google qui a abouti sur un fond de 60 millions d’euros d’aide à la presse. Mais, pour Christoph Keese, c’est une « mauvaise opération » au vu de ce montant qualifié de « dérisoire par rapport aux enjeux ». En tous les cas, il a décidé de mener une autre stratégie. Sera-t-elle plus efficace ? C’est toute la question.

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Pascal Samama