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Kozmo : le supermarché en ligne ne fait pas recette

Plus grosse déconfiture de l’histoire du Web américain, le vendeur en ligne Kozmo pouvait se targuer de gagner de l’argent. Dans des proportions, hélas, trop faibles pour poursuivre son activité.

Quelque 280 millions de dollars, plus de 2 milliards de francs. La plus médiatique faillite de l’histoire d’Internet reste celle de Boo.com, mais la plus coûteuse appartient dorénavant à Kozmo. Annoncé mercredi dernier, ce médiatique dépôt de bilan se solde également par 1100 suppressions d’emploi de l’autre côté de l’Atlantique.Peu connue en Europe, cette société créée en 1997 était devenue une référence aux Etats-Unis, et en particulier dans sa ville natale, New York. Vaste supermarché en ligne, de la glace à la cassette vidéo en passant par la pizza, Kozmo se vantait de livrer tous ses produits en moins d’une heure dans les onze villes desservies. Avec ses livreurs d’orange vêtus, elle avait acquis une notoriété rare pour une start-up Internet.Mais le concept de supermarché en ligne avec livraison à domicile a du plomb dans l’aile aux Etats-Unis. Bien que racheté par le géant hollandais de la distribution, Peapod a fermé son service desservant San Francisco. Webvan vient de perdre son PDG et pourrait avoir du mal à passer l’année. Quant à Urbanftech, il a arrêté ses activités.

“Le principal problème d’une société comme Webvan, c’est que le marché n’en veut plus, affirme Peter Swan, analyste chez Pacific Growth. Pourtant, comme le montre l’activité sur le site, il y a une demande des consommateurs.”

Des marges très faibles

Kozmo, de son côté, déclarait gagner de l’argent dans certaines villes. Mais sans doute pas en quantité suffisante. Entreposer et livrer rapidement des produits sont deux activités très coûteuses. Ayant démarré avec des produits économiques, Kozmo ne disposait que de très faibles marges. Récemment, la société avait commencé à ajouter à son catalogue des produits plus chers. Impossible par contre de comprimer les coûts salariaux, déjà réduits au minimum.Pour postuler à un poste de livreur, à roller ou à vélo, chez Kozmo, il fallait fournir son propre moyen de transport. Pour engranger des bénéfices lui permettant de survivre sans appel au marché ou à des investisseurs, la société se devait de multiplier les clients. Visiblement, les dirigeants ont jugé qu’ils n’avaient pas les moyens d’attirer un nombre suffisant de nouveaux consommateurs.L’annulation de l’introduction en Bourse aura sans doute été fatale à Kozmo. Il y a peu, parler de bénéfices aurait suffi à assurer l’avenir d’une start-up. Dorénavant, il faudra non seulement gagner de l’argent sur le Web, mais aussi le faire dans des proportions suffisantes pour survivre.

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Ludovic Nachury, correspondant à New York