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Kaëna réconciliera-t-elle le jeu vidéo et le cinéma ?

Pour la première fois, un film d’animation, “Kaëna”, sort en même temps que son jeu vidéo. Rendez-vous à l’été 2002.

Sur un arbre, en lévitation au milieu de nulle part, une poignée de peuplades cohabitent en harmonie, exploitant pour leur seule subsistance la sève nourricière. Un jour, celle-ci vient à manquer, le monde touche à sa fin. Kaëna, l’héroïne de cette fiction, décide alors de se rendre aux racines de l’axe, pour y découvrir l’origine du mal. La suite est attendue simultanément dans les salles obscures à l’été 2002 outre-Atlantique (à l’automne pour le Vieux Continent et en Orient) et sur la Playstation 2 de Sony. Outre la plastique avantageuse de Kaëna, qui n’a rien à envier à la star de Tomb Raider, Lara Croft, ce long-métrage d’animation européen marque une étape nouvelle dans le développement de production mixte, mariant cinéma et jeu vidéo.

De substantielles économies d’échelle

Pour la première fois, un film d’animation sortira en même temps que son jeu vidéo. Deux équipes, au sein du studio français Chaman Production ?” l’initiateur du projet ?”, ?”uvrent à la fois sur le film (100 personnes) et sur le jeu (30 personnes) avec un seul chef d’orchestre. “ L’écriture linéaire d’un film est très éloignée de la scénarisation d’un jeu, du fait de son interactivité, d’où la nécessité de penser à leurs spécificités dès la création de la propriété intellectuelle “, rappelle Denis Friedmann, patron de Chaman. De façon plus pragmatique, les sy- nergies de développement génèrent de substantielles économies d’échelle, sur la production infographique et artistique, mais aussi sur les délais de production du jeu vidéo que le Japonais Namco éditera. Dans les faits, un tel jeu d’action-aventure nécessite 28 mois de développement. Mais ici, les délais sont réduits de moitié. Si le montant des coûts reste confidentiel, il peut être estimé à 10 millions de dollars (11 millions d’euros). Mais les économies d’échelle profitent aussi au film. Avec un petit budget de 26 millions de dollars, il a convaincu Studio Canal de prendre part à l’aventure. La filiale de Vivendi Universal a apporté plus de la moitié des fonds et a déjà prévendu le film dans 23 territoires (Asie, Europe, Moyen-Orient), l’Amérique du Nord étant toujours en cours de négociation.”Je suis déjà rentré dans mes frais“, confie Denis Friedmann, rassuré car le spectre des échecs passés dans le domaine de l’animation angoisse encore la profession. Final Fantasy, les créatures de l’esprit, sorti le 11 juillet, en est le plus récent exemple. Doté d’un budget gargantuesque de quelque 135 millions de dollars, le film plonge l’éditeur de jeux vidéo et producteur du film, Square Soft, dans le rouge. À ce jour, le film n’a généré que 59,8 millions de dollars. Une misère, en comparaison des 30 millions de jeux distribués. Pour Shrek, Dreamworks a totalisé 425,8 millions de dollars de recettes pour un budget initial de 48 millions de dollars. Le jeu sur Game Boy, quant à lui, ne déchaîne pas les passions. Kaëna, ne devra pas décevoir ses producteurs et tenir ses objectifs : séduire entre 20 et 30 millions de spectateurs et 1,5 million de joueurs…

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Amaury Mestre de Laroque