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Joe Tucci (EMC): ” Nos logiciels serviront également à gérer les baies de nos concurrents “

Le numéro un du stockage est confronté à une conjoncture défavorable, une concurrence unie et un retard technologique.

Peut-on parler de crise dans le monde du stockage ?Les entreprises ont, en effet, tendance à annuler des projets suite à l’actuelle crise financière. Une crise qui, de surcroît, semble s’aggraver. Par conséquent, elles gèlent les investissements liés aux technologies lourdes, et le marché du stockage s’en retrouve nécessairement affecté. Au premier rang des sociétés touchées se trouvent les dotcoms, les fournisseurs de services internet et les grands opérateurs téléphoniques européens. Tous sont fort consommateurs de stockage.EMC semble pourtant plus affecté que ses concurrents. IBM, par exemple, a accru ses ventes au second semestre, alors que celles de votre société ont chuté.Nos revenus liés au stockage ont baissé de seulement 2 % lors du dernier trimestre. Ceux de Sun, en revanche, ont chuté de 20 %. Toutefois, même si nous sommes moins touchés que des constructeurs comme Cisco ou HP, il est vrai que nous souffrons actuellement. La baisse que nous accusons s’explique, en partie, par la très forte croissance que nous avons connue l’année dernière. Pour ce qui est d’IBM, ses ventes de baies Shark ont été un désastre l’année dernière. Sa croissance aujourd’hui est due à ses mauvais résultats d’hier. Il revient donc de loin. Par ailleurs, la hausse de ses ventes est corrélée à la livraison de grands systèmes avec des baies Shark. Il utilise ainsi l’effet packaging pour vendre davantage. Toujours est-il que son chiffre d’affaires sur le stockage est tellement inférieur au nôtre que l’on ne peut pas comparer nos croissances respectives.Vous répétez fréquemment que vous voulez développer le service et les logiciels. Deux activités qui, d’ici à trois ans, devraient représenter la moitié de vos revenus. Mais ces logiciels seront-ils réservés aux baies EMC ?Non. Ils assureront aussi la gestion des baies concurrentes. Nous dépensons 750 millions de dollars en recherche et développement autour, notamment, de l’interopérabilité. Soit plus que nos cinq concurrents réunis. En outre, nos revenus issus du logiciel ont augmenté de 54 % lors du dernier trimestre. Nos efforts portent de plus en plus sur les SAN ouverts (réseaux de stockage ?” NDLR). C’est d’ailleurs le sens de notre dernière acquisition, Luminate Software. En réalité, cela fait bien longtemps que nous pratiquons l’ouverture dans les SAN. Autrement dit, que nous jouons la compatibilité avec les concurrents. Mais peu de personnes l’ont compris. Disons que, avec cette acquisition, nous clarifions notre position.Certains affirment qu’EMC verrouille ses SAN, empêchant une baie concurrente de s’y grefferCes affirmations sont fausses. EMC propose des centaines de choix de connectivité.L’accord passé entre Sun et Hitachi, aux termes duquel le premier revendra les baies du second, ne risque-t-il pas de faire chuter votre part de marché sous Solaris (plus de 40 % aujourd’hui) ?Je ne pense pas que, dans le futur, il nous sera plus difficile de vendre des baies Symetrix sous Solaris. Les clients dissocient, en effet, l’achat de serveurs de celui des baies de stockage. Hitachi construit des baies, et Sun fabrique des serveurs. L’un n’a pas un impact sur l’autre. Pourquoi mettre ses ?”ufs dans le même panier et ne pas prendre, tout simplement, le meilleur de chaque monde ?” en l’occurrence, EMC dans le stockage. Par ailleurs, nos clients ont des environnements hétérogènes : Solaris, certes, mais aussi Windows NT, HP-UX, AIX, Tru64 Unix, des grands systèmes, etc. Il faut donc leur apporter la connectivité nécessaire. Et, par conséquent, le niveau de service correspondant. C’est là que réside tout notre savoir-faire. Sun ne dispose pas de ces compétences multi-environnements.Vos Symetrix utilisent une interface SCSI et un bus partagé. Hitachi, de son côté, se sert du Fibre Channel et d’un bus à commutateur. Votre architecture n’est-elle pas un peu dépassée ?Le bus à commutateur (aussi appelé cross bar switch) par lequel Hitachi passe pour connecter les disques à l’antémémoire est, il est vrai, plus rapide que celui que nous utilisons. En revanche notre antémémoire est plus rapide que celle d’Hitachi, dans la mesure où sa technologie est plus ancienne. Or, l’intégralité des entrées/sorties passe par cette antémémoire. Plus celle-ci est lente, plus le processeur est ralenti. C’est un point déterminant. Tout le système dépend de lui. Quand Hitachi prétend parvenir à des taux de transfert de 6,4 Mo par seconde, il ment, tout simplement. En revanche, le débit que nous annonçons ?” 1,6 Mo par seconde ?” correspond à ce qui est constaté en situation réelle.

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Vincent Berdot