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Israël restreint considérablement les exportations de ses logiciels espions

Le nombre de pays autorisés a été divisé par trois. Il ne reste plus que des pays occidentaux et quelques démocraties asiatiques. La Hongrie et la Pologne ne font pas partie de la liste.

L’état hébreu s’est résolu à un énorme rétropédalage quant à la gestion économique des armes logicielles, c’est-à-dire les logiciels espions et les malwares que des éditeurs, comme NSO, peuvent commercialiser aux forces de l’ordre de certains pays.
Selon le site d’information Calcalist, la liste des pays autorisés vient d’être modifiée, passant de 102 à 37 pays. Au final, il ne reste plus que des pays occidentaux — la plupart des pays de l’Union européenne, la Suisse et les pays du Five Eyes — et quelques pays asiatiques disposant d’un standard de démocratie similaire (Corée du Sud, Japon, Inde).

L’objectif est visiblement de supprimer de la liste tous les pays où il y a un risque d’utilisation abusive de ces armes logicielles et de violation des droits de l’homme. Exit donc les régimes du Moyen-Orient. Exit aussi la Pologne et la Hongrie.
 Selon les révélations du « Projet Pegasus », le gouvernement magyar utilisait le logiciel de NSO pour surveiller, entre autres, les journalistes et les patrons de presse.

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Si Jérusalem a décidé de trancher ainsi dans le vif, c’est certainement suite à la pression exercée par l’administration Biden. Celle-ci a récemment mis sur sa liste noire les entreprises NSO et Candira, deux acteurs emblématiques de l’industrie florissante de la cybersurveillance israélienne.
Cette mise à l’index est équivalente à un arrêt de mort économique, car elle interdit toute relation commerciale avec des entreprises américaines, et donc notamment avec des fournisseurs high-tech américains comme Microsoft ou Cisco.

Dans le cas de NSO, les effets n’ont pas tardé. Le PDG Shalev Hulio a démissionné dans la foulée de cette décision des États-Unis. Selon Bloomberg, l’agence de notation Moody’s a rétrogradé NSO au rang « Caa1 ». Ce qui signifie qu’investir dans l’activité de NSO est désormais vu comme un « risque élevé ».
L’importante dette financière de l’éditeur, évaluée à près de 500 millions d’euros, pourrait désormais plomber la société et provoquer sa banqueroute. De plus, NSO va devoir se battre sur le plan juridique contre les géants high-tech Meta/Facebook et Apple, qui ne supportent plus que leurs messageries soient piratées par l’éditeur israélien. Ces affrontements vont certainement être longs et onéreux.

En limitant les exportations de ces armes logicielles, Israël tente de se racheter une bonne conduite et de sauver son industrie de la cybersurveillance. Mais pour NSO, il est peut-être déjà trop tard.

Sources: The Record, Bloomberg

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Gilbert KALLENBORN