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[Spécial Taiwan] Impression 3D : Taiwan va diviser les prix par 4

Si les principales marques d’imprimantes 3D sont pour l’heure américaines, les taïwanais nourrissent de grandes ambitions sur ce marché. Leur puissance industrielle devrait diviser les prix par 4 dans les prochains mois.

Pour l’heure, le marché des imprimantes 3D oscille entre des machines réputées et fiables dont les prix démarrent à 2000 €, et des modèles à 300-600 € certes plus accessibles, mais à la qualité d’impression médiocre. Des tarifs qui ne devraient pas évoluer à la baisse tant que l’impression 3D ne sera pas passée par la case industrialisation. Et justement, les industriels taïwanais vont s’y atteler très prochainement. La « révolution » annoncée de l’impression 3D est en marche, et c’est l’Asie – et Taïwan en tête – qui va très certainement en prendre la tête.

Un marché de l’impression 3D prêt à exploser

L’impression 3D pourrait représenter un marché de 10,8 milliards de dollars en 2021. Partie d’Europe, l’idée de pouvoir imprimer ses propres objets – pour créer ou réparer – a vraiment pris corps aux USA où des sociétés comme Makerbot ont connu un beau succès. Mais si la technologie a bien progressé – on atteint des finesses de couches de l’ordre de 100 microns – les prix des modèles performants sont restés élevés. C’est là qu’intervient XYZprinting, une entreprise taïwanaise qui attaque aujourd’hui le marché avec des modèles équivalents à ceux de Makerbot en termes techniques – rapidité et vitesse d’impression – mais beaucoup moins chers et bien mieux finis. Le modèle d’entrée de gamme de cette nouvelle marque s’appelle da Vinci 1.0 et ne coûtera que … 500$ !

Un potentiel industriel énorme

Comment un nouvel entrant peut-il faire mieux qu’une entreprise expérimentée comme Makerbot ? Il faut gratter sous le nom pour comprendre : sous le nom de XYZprinting se cache New Kinpo Group, une des trois divisions de Kinpo Group, un géant industriel qui possède notamment Compal, le second plus grand fabricant d’ordinateurs portables au monde, qui produit notamment pour des clients aussi variés qu’Acer, Dell ou encore Lenovo. Ajoutons à cela une branche télécom, VIBO, et le New Kinpo Group, qui produit aussi des calculatrices, des GPS, des appareils photo ou encore des alimentations pour le reste du monde. Une visite dans leur showroom de Taipei à Taïwan met d’ailleurs clairement les pendules à l’heure : cela fait des années qu’ils produisent des imprimantes pour HP, Samsung et consorts. Ce ne sont donc pas des oiseaux tombés du nid en matière d’impression. Ils possèdent même leurs propres usines de production de plastique et sont côtés à la bourse de Taipei. A côté, Makerbot n’est donc finalement qu’une gentille PME…

Des modèles à la finition impeccable

Si l’on compare les trois modèles qui vont être lancés cette année aux produits phares de Makerbot, on a presque mal au cœur pour ce dernier : reprenant le savoir-faire acquis dans les domaines de l’impression classique, XYZPrinting propose des machines fabriquées dans des plastiques de qualité, un système de cartouche de fil d’impression facilement rechargeable, et une suite logicielle spécialement développée pour les novices. On trouve même du contrôle par Wi-Fi sur certains modèles. Si la qualité de l’impression reste à vérifier (comptez sur nous), le niveau de finition des appareils est tout bonnement époustouflant, d’autant plus que ces engins coûtent entre 3 et 4 fois moins que les modèles concurrents !

Première étape technologique et stratégique

« Nous visons 100.000 unités vendues pour 2014 », explique le plus naturellement du monde Sheila Huang, responsable des ventes de XYZprinting. Soit plus que tous les modèles que Makerbot a vendus depuis le début de son histoire ! Et cette confiance insolente ne s’arrête pas là : Ils prévoient des volumes « bien supérieurs » dans les années suivantes, et encore, il ne s’agit pour eux que d’une première étape. « Dès 2015, nous allons lancer notre première imprimante à technologie SLA », s’enthousiasme Mme Huang.

Bien plus précise que la technologie à base de fil de plastique, le SLA est une technique de stéréolithographie qui repose sur un système de bain liquide où ce sont des lasers qui solidifient de fines couches de plastique. Là encore, c’est grâce à sa puissance industrielle que le géant taïwanais compte marquer des points et se faire un nom. Une histoire de nom d’ailleurs à double sens : « Jusqu’ici, New Kinpo Group n’existait que dans l’ombre des autres marques pour lesquelles nous produisons, nous raconte Mme Huang. XYZPrinting est notre première marque en nom propre et marque une évolution de notre stratégie pour toucher directement les consommateurs ». Face à un adversaire si puissant et décidé, il est heureux pour Makerbot que l’entreprise ait été rachetée l’an dernier par Stratasys, leader des imprimantes 3D de bureau. Mais même ainsi, la bataille risque d’être rude pour les américains. Quant à l’Europe…

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En vidéo : Reportage au coeur d’une usine taïwanaise

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Adrian Branco (envoyé spécial)