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Il y a trente ans, le premier spam

Le 3 mai 1978, un salarié du fabricant de PC DEC envoie un message à plusieurs centaines d’utilisateurs du réseau Arpanet, pour les convier à une présentation. Naissance d’un fléau.

‘ I’ve come to wish you an unhappy birthday ‘ chantent les Smiths dans une de leurs chansons. Voilà une phrase que beaucoup d’entre nous reprendraient volontiers, à l’heure où le spam (1)
fête trente ans de déloyaux services…Le premier ‘ pourriel ‘ part le 3 mai 1978. Ce jour-là, Gary Thuerk, qui travaille au service marketing du fabricant américain d’ordinateurs DEC, envoie un courrier électronique à plusieurs centaines
d’utilisateurs du réseau Arpanet ?” l’ancêtre d’Internet ?” pour les inviter à la présentation en Californie d’une nouvelle gamme de machines.Il entre toutes les adresses à la main (!) ?” méconnaissant la possibilité de créer une mailing list ?”, dépasse le nombre de destinataires auquel il a droit dans les champs
‘ To ‘ et ‘ CC ‘ (320), jusqu’à déborder dans le corps du message même.A l’époque, il n’a pas eu l’impression de mal faire : selon lui, l’information était censée intéresser la communauté des utilisateurs d’Arpanet, les nouvelles machines DEC intégrant directement le logiciel compatible avec ce
réseau. L’administration américaine en charge du réseau, la DCA, rappela sèchement DEC à l’ordre sur cette pratique jugée incompatible avec le réseau.

Des tee-shirts à l’installation artistique

Les réactions des destinataires furent, elles, globalement négatives. Certains estimèrent néanmoins que l’information n’était pas sans valeur pour la communauté. Parmi eux, un certain Richard Stallman, de l’université du Massachusetts
(MIT), devenu depuis le pape du logiciel libre. N’ayant pas reçu le message de Gary Thuerk, il indiqua que cela ne l’aurait pas dérangé, en tout cas moins que les ‘ tonnes de messages inintéressants ou à propos de naissances
de bébés… ‘
Voilà pour la petite histoire. Le spam ne deviendra évidemment un fléau qu’avec la naissance du Web et l’accroissement incessant du nombre de personnes connectées. Le
premier ‘ pollupostage ‘ de masse, en avril 1994, sur le réseau de discussion Usenet fut le fait de deux avocats,
Laurence Canter et Martha Siegel, dans le but de vanter leur cabinet installé à Phoenix, en Arizona. Loin de s’excuser, ils écrivirent même un livre : How to make a fortune on the information superhighway. Tout un
programme !Aujourd’hui, le Net croule sous les pourriels, qui représentent désormais plus de neuf messages sur dix en circulation… Ce cancer de l’Internet déborde même dans la ‘ vraie vie ‘, tel le site Spam Shirt,
qui vend des tee-shirts où sont imprimés les contenus récurrents de ces messages détestés.Le spam a même eu droit à sa propre installation artistique. En marge du festival musical Sonar à Barcelone en 2007,
l’exposition
‘ Spam, the economy of desire ‘ montrait, entre autres, la Spam Radio, un flux audio alimenté par le contenu
de pourriels, ou le Spam Trap, une machine connectée au Web déchiquetant tous les pourriels reçus et imprimés.


(1) Le mot spam viendrait d’un sketch des humoristes britanniques Monty Python, où le mot spam, marque d’un jambon en boîte, est répété inlassablement : voir
la vidéo sur YouTube.

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Guillaume Deleurence