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Huawei : comment des espions chinois ont voulu entraver une enquête américaine

Les États-Unis accusent des espions mandatés par la Chine d’avoir tenté d’entraver une enquête contre Huawei. Pour obtenir des informations sensibles, ils auraient soudoyé un agent fédéral américain.

Ce lundi 24 octobre 2022, le ministère de la Justice des États-Unis a accusé six citoyens chinois, dont cinq espions présumés, d’avoir interféré avec des enquêtes fédérales. Parmi les accusés, on trouve deux espions chargés d’entraver une enquête visant une société chinoise de télécommunications.

Cette entreprise, dont le nom n’est pas révélé par les autorités américaines, est au cœur d’une enquête criminelle de longue haleine menée par le district fédéral de New York. Malgré l’accusation, les deux espions présumés n’ont pas été arrêtés pour le moment.

« Comme le démontrent ces cas, le gouvernement chinois a tenté d’interférer avec les droits et les libertés des individus aux États-Unis et de saper notre système judiciaire qui protège ces droits. Ils n’ont pas réussi », déclare le procureur général Merrick B. Guirlande.

À lire aussi : Le FBI soupçonne Huawei d’espionner des bases militaires américaines

Pots-de-vin en Bitcoin et agent double

Citant « une personne familière avec l’enquête », nos confrères de CNN assurent que la société de télécommunications chinoise visée n’est autre qu’Huawei. Un article du Wall Street Journal abonde dans le même sens, relayant les propos d’autres individus proches de l’affaire.

Pour entraver le déroulement de l’enquête, le pouvoir chinois aurait chargé ses espions de collecter les informations confidentielles et des preuves retenues par le bureau du procureur. Les deux espions auraient alors pris contact avec un employé des forces de l’ordre américaines.

Lorsque l’enquête sur Huawei a débuté en 2017, les espions auraient demandé à l’agent des informations sur les témoins, les preuves du procès et les nouvelles accusations à venir contre le géant chinois. Selon le communiqué de la justice américaine, les espions ont même exigé que l’agent enregistre les procureurs lors de réunions stratégiques. Les informations collectées étaient destinées aux responsables d’Huawei, avance la justice américaine.

Ils auraient offert une série de pots-de-vin à l’agent américain pour le convaincre de collaborer. L’homme aurait notamment reçu du Bitcoin d’une valeur de 41 000 dollars, des milliers de dollars en espèces et en bijoux précieux. Toutes ces années, l’agent a fait semblant de coopérer avec les espions en fournissant de faux documents. En vérité, il agissait en tant qu’agent double pour le compte du FBI. C’est comme ça que les deux espions ont été repérés.

Soupçonné de collusion avec la Chine, Huawei est toujours exclu des États-Unis

Cette nouvelle révélation apporte du grain à moudre aux détracteurs d’Huawei et des autres entreprises chinoises. Aux États-Unis, de nombreuses voix soupçonnent en effet les sociétés basées en Chine de collusion avec le Parti communiste. C’est d’ailleurs pourquoi Donald Trump a banni Huawei du sol américain, estimant que l’entreprise représente un danger pour la sécurité nationale, en mai 2019.

« Cette affaire expose l’interconnexion entre les agents du renseignement de la Chine et les entreprises chinoises, et elle démontre, une fois de plus, pourquoi il ne faut pas faire confiance à ces entreprises – en particulier dans le secteur des télécommunications – pour gérer en toute sécurité nos données et communications personnelles sensibles », déclare Lisa Monaco, procureure adjointe en charge de l’affaire.

L’accusation survient plusieurs semaines après que la FCC (Federal Communications Commission) a décidé de bannir tous les équipements Huawei du territoire nord-américain. Sans autorisation préalable du régulateur, l’entreprise ne sera pas en mesure de vendre de nouveaux équipements de télécommunication à des clients installés aux États-Unis, rapporte Reuters.

« La FCC reste engagée à protéger notre sécurité nationale en veillant à ce que les équipements de communication non fiables ne soient pas autorisés à être utilisés à l’intérieur de nos frontières », déclarait la présidente de la FCC, Jessica Rosenworcel, début octobre.

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Source : CNN


Florian Bayard
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