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HoloLens, le casque de réalité augmentée de Microsoft est-il crédible ?

La présentation du casque de Microsoft soulève de nombreuses questions quant à son usage et à sa faisabilité technique. Des experts français ont passé pour nous ce projet au crible.

« Lorsque vous changez la façon dont vous voyez le monde, vous pouvez changer le monde que vous voyez », claironnait Microsoft ce 21 janvier 2015 en dévoilant son casque à réalité augmentée HoloLens. Sauf que sur scène, l’utilisation de ce produit semblait bien plus laborieuse que dans la vidéo de promotion…

Certes, la société ne cache pas qu’il ne s’agit que des tous débuts de son prototype. Cela ne doit pas nous empêcher de nous interroger sur la crédibilité de ce projet, une fois le bel emballage marketing enlevé. Alors, on a tenté de lister les promesses qu’avance HoloLens.

Les images en 3D promettent d’être très réalistes

HoloLens doit servir à placer des images en 3D dans l’environnement réel. Cela n’est pas révolutionnaire. Mais jusqu’à maintenant, personne n’avait réussi à afficher des objets pleins, durs, opaques et réalistes.
La société de Redmond pourrait cependant bien relever le défi. « L’emploi du terme hologramme par Microsoft est certes impropre car il ne s’agit pas d’une projection laser », analyse pour nous Jean-François Chianetta, le fondateur et PDG de l’appli Augment. « On peut supposer cependant qu’il s’agit de projeter des images qui auront le rendu d’un hologramme. Et ça, c’est nouveau ».

Autre point fort, la méthode utilisée pour insérer une image 3D dans l’espace réel. D’ordinaire, on sélectionne une image et un cadre le plus fixe possible avec des caractéristiques facilement reconnaissables. La caméra repositionne ensuite l’objet virtuel dans un flux vidéo en temps réel en l’associant à un marqueur (une carte, un espace dégagé, etc.).
Mais HoloLens ne fonctionne pas de cette manière. Le dispositif se sert des capteurs de profondeur développé pour la caméra Kinect (doté d’un angle de vision de 120 degrés) pour capturer en temps réel son environnement. Le casque est ensuite capable de reconstruire en permanence cet espace et de positionner précisément les objets en 3D dans l’espace. Cela semble plutôt bien fonctionner.

Seul petit inconvénient pour le moment de ce genre de techno, elle utilise des infrarouges.
« Cela est incompatible avec un usage à l’extérieur lorsqu’il y a du soleil ou en intérieur avec une baie vitrée, par exemple. Car le soleil émet des infrarouges. »,
nous a expliqué Jean-François Chianetta. Dans ce cas, le capteur a de la peine à établir les contours et positionnements des objets réels que vous voyez. Ce qui pose évidemment problème pour ajouter des éléments virtuels précisément.

Il est envisageable que pour éviter ce problème, Microsoft ait réussi à développer une nouvelle technologie à base de capteurs lasers. Un moyen jugé prometteur par certains chercheurs. Restera tout de même à connaître la définition des images et le champ de vision que ce casque offre…

Ce casque est-il vraiment mettable ?

L’un des points les plus problématiques concerne la portabilité de ce casque. Visiblement, aucun journaliste n’est ressorti avec le nez écrasé par le poids d’HoloLens – même s’il s’agissait de prototype dont le design n’était pas celui présenté sur scène par Alex Kipman, le responsable du projet.
La question de la portabilité demeure cependant pour le moment un mystère pour Thierry Penet, de la société Laster Technologies, qui développe des lunettes de réalité augmentée à usage professionnel. « Cette solution embarque une caméra 3D ultra performante. Donc son poids et ses dimensions doivent être imposants. Comment concilier cela avec un casque léger ? », s’interroge-t-il. Avant d’ajouter : « Plus la caméra est performante, plus elle consomme. Il faut ajouter à cela que les processeurs sont intégrés dans le dispositif et qu’ils vont consommer beaucoup de batterie vu leur puissance de calcul. Ce qui en théorie doit alourdir encore le casque ».

Alors, Microsoft a-t-il réussi des prouesses de miniaturisation ? Quels sont les composants utilisés ? L’autonomie d’HoloLens est-elle faible ? Le casque chauffe-t-il vu la dissipation thermique inévitable du dispositif ? Sur ce dernier point, a priori, à en croire la première prise en main de la journaliste de Wired, qui a vu le produit en avant-première, l’air chaud est expulsé sur les côté par des évents. De nombreuses questions qui restent en suspens et qui intriguent Thierry Pinet, même s’il prend au sérieux la présentation de Microsoft.

Au-delà de toutes ces interrogations, il faut saluer l’opération de com’ et le timing de l’annonce. « Microsoft se positionne juste après l’échec des Google Glass et cela lui permet du même coup de tester l’intérêt du public au moment où il y a une actualité forte sur la réalité augmentée avec le projet Magic Leap de Google mais aussi de nombreux casques de réalité virtuelle qui émergent comme Oculus Rift », résume Christine Deschaseaux, responsable marketing et communication de la société Artefacto, un spécialiste français de la modélisation 3D.

Alors que Google a remis sur le métier ses Google Glass pour en sortir peut-être une nouvelle mouture dans un futur plus ou moins proche, Microsoft se plaît visiblement à tenter un moonshot si cher à son concurrent. Et les geeks du monde entier se prennent alors à espérer que l’HoloLens connaîtra un sort plus glorieux…

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Amélie Charnay