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HoloLens, la presse américaine a pris en main le casque de réalité augmentée de Microsoft

Dévoilé avant-hier, HoloLens est la concrétisation d’une certaine vision du futur de l’informatique. Des journalistes américains invités par Microsoft ont pu l’essayer, et ont essayé de ne pas céder à un enthousiasme compulsif.

Titanesque. Voilà la tâche qui attend le Windows 10 de Microsoft. Ce nouvel OS doit tout à la fois réconcilier les déçus de Windows 8, réunifier un écosystème où le PC n’est plus qu’un satellite et aussi ouvrir un univers « au-delà de l’écran ». Un monde où l’informatique dépasse l’état de constellations d’écrans qu’on pose sur son bureau, à côté de son lit ou qu’on glisse au fond de sa poche. Un univers nouveau où l’écran n’est plus, où les informations se superposent au réel, l’univers de l’Hololens, le casque à réalité augmentée que Microsoft a dévoilé avant-hier, à la surprise générale.

Si des unités de démonstration n’ont pas encore franchi l’Atlantique pour que nous puissions nous faire notre propre avis, la presse américaine a été plus chanceuse. Et si certains journalistes se montrent prudents, il est difficile de ne pas noter un fort engouement. Petit tour des premières impressions.

Les pionniers emballés

Commençons par Wired et son « Simplement incroyable ». Non pas parce que c’est le plus enthousiaste, mais parce que le site américain a eu droit à une prise en main exclusive dans le cadre de son dossier spécial sur Satya Nadella, PDG de Microsoft, et sa tentative de réinventer son groupe.

C’est en octobre dernier – trois mois avant tout le monde – que Jessi Hempel, la journaliste de Wired, a découvert le casque à réalité augmentée de la firme de Redmond, encore appelé Project Baraboo ou B.

Car Hololens est le fruit d’un développement de cinq ans, voire sept si on comptabilise le début du travail sur les technologies de Kinect qu’il embarque. Pour Alex Kipman, l’homme derrière Kinect, « dès le départ, il était clair que [HoloLens] allait faire passer Kinect pour un produit mineur ». On serait tenté d’opiner du chef…

Qu’en est-il en vraiment ? « Plus gros et encombrant que les Google Glass », constate la journaliste – qui parierait que les lunettes de Magic Leap ressembleront beaucoup à l’HoloLens quand elles seront prêtes… Pour l’instant, ce sont les lunettes de Microsoft qui tiennent la corde en superposant d’après elle parfaitement et sans heurt la virtualité à la réalité. Mieux encore, elles devraient être dans les mains des développeurs au printemps prochain.

Jessi Hempel s’enthousiasme pour le prototype (au design final) qu’elle utilise et qu’elle qualifie de « stupéfiant ». Le détecteur de profondeur, introduit avec Kinect, est désormais plus économe en énergie et offre un angle de vue bien plus large pour suivre vos mains même quand elles sont presque hors de votre champ de vision. Toutes les informations et l’affichage des données sont gérés par un CPU, le processeur central, un GPU, le processeur graphique, et le tout premier HPU, le processeur holographique. C’est lui qui trompe votre cerveau et vous fait croire que ce qui est projeté sur le verre du casque est réel… Et pour maîtriser l’illusion en fonction de la lumière ambiante, un bouton sur le côté droit permet d’ajuster le volume et le contraste des « hologrammes ».

Subjuguée et profondément impressionnée, Jessi Hempel tient toutefois à rappeler que ce n’est qu’un début et que ce périphérique d’un genre nouveau, qui sera contrôlé par la voix et les gestes, n’aura pas de clavier. Or, cette interface vieillissante s’avère encore très pratique quand nos assistants personnels numériques et vocaux s’entêtent à ne pas vouloir nous comprendre. Il faudra donc encore faire des progrès mais cet « ordinateur holographique porté sur la tête » n’en est pas moins « magique »

Project HoloLens : Our exclusive Hands-on with Microsoft’s Holographic Goggles, de Jessi Hempel

L’approche pragmatique d’une révolution potentielle

Cnet US qui a découvert l’appareil en même temps que le reste du monde, avant de le toucher, adopte une approche très… Cnet. Pragmatique et « orientée produit », comme on dit.
Nick Statt, le journaliste qui écrit l’article, annonce la couleur, « l’HoloLens n’est pas une blague ». Avant de continuer, « aujourd’hui avec l’HoloLens, [Microsoft] a conçu un prototype convaincant qui fait flotter des images 3D devant vos yeux et qui peut changer l’apparence des objets du monde réel autour de vous ».
Pour autant, Nick Statt s’interroge sur la façon dont Microsoft va réussir à faire de cet appareil un produit qui séduira aussi bien le grand public que les professionnels et le fait qu’il ait eu pour sa prise en main un vieux prototype et non une version finale semble n’y être pour rien. Même s’il trouve du coup les lunettes de Microsoft moins confortables que les prototypes de l’Oculus Rift.

Mais tout cela semble oublié quand il note à quel point l’HoloLens « se distingue » de la concurrence en lui permettant « d’interagir avec son environnement au lieu de l’en couper ».
Pragmatique, toujours, Nick Statt s’interrompt dans le récit de son immersion pour se poser la question du prix, se référant aux éléments de comparaison les plus proches, même s’ils sont différents. En l’occurrence, l’Oculus Rift et son prix qui pourrait osciller entre 200 et 400 dollars, et le Samsung Gear VR, qui devrait coûter environ 350 dollars.
Avant de conclure, que la démo la plus « époustouflante était aussi la plus pratique » au quotidien, celle de la visioconférence avec Skype. Où comment des personnes assises dans la pièce d’à côté ou à l’autre bout du monde sont capables de discuter de vive vue et d’aider le porteur des HoloLens en annotant et en augmentant la réalité…

Microsoft’s HoloLens is no joke: My reality augmented with Skype, Minecraft, de Nick Statt

Emballé mais pas que?

The Verge aussi était de la partie au siège de Microsoft, hier, 21 janvier 2015. Dieter Bohn et Tom Warren, les deux journalistes invités, nous souhaitent d’emblée la bienvenue dans « l’ère des hologrammes ». En bons geeks, ils sont à la fois enthousiasmés, « intrigués » et un peu circonspects malgré tout. Rien de pire que de ne pas paraître blasé parfois…
Ils déclarent ainsi que l’HoloLens est « probablement la technologie la plus intrigante (et, de bien des façons, la plus irritante) qu’il leur ait été donné d’utiliser depuis l’Oculus Rift ». S’ils ne détaillent pas le pourquoi de leur agacement, peut-être faut-il chercher la raison dans le fait qu’il faille « s’accrocher un truc bizarre sur la tête » qui vous laisse « sourire aux anges comme un crétin congénital ». Ou, plus gênant, qu’il faille vraiment réfléchir à la façon dont on « contrôle et interagit avec les objets virtuels ». Car il faudra se faire aux « Air Tapes » pour activer un bouton inexistant ou aux gesticulations pour faire défiler un menu. Sans oublier les commandes vocales.
Quoi qu’il en soit, si tout n’est pas facile à appréhender et demande un temps d’adaptation, les applications semblent « véritablement impressionnantes », notamment pour Skype. Et les journalistes de The Verge s’imaginent déjà un monde où les services clients pourront vraiment nous montrer comment réparer quelque chose…
Plutôt séduits, bien que la tête bourdonnante d’interrogations, Dieter Bohn et Tom Warren finissent par poser La question. « Est-ce que HoloLens est le prochain tsunami » technologique ? La réponse s’impose d’elle-même : « les développeurs et les utilisateurs seront le test ultime » pour « un projet incroyablement courageux et impressionnant de Microsoft ». Sceptiques, sans doute, mais un peu conquis…

Up close with the HoloLens, Microsoft’s most intriguing product in years, de Dieter Bohn et Tom Warren

On pourrait continuer longtemps cette liste des premières impressions de journalistes high tech américains. L’estimé TechCrunch aussi a dû ramasser sa mâchoire tombée par terre. Variety, spécialisé dans le business d’Hollywood et des stars, se montre un peu critique au fil d’une analyse qui compare Google Glass et HoloLens, mais n’a pas eu accès au produit… Bref. Le ton général est à l’enthousiasme, avec la prudence apprise grâce à Kinect qui avait épaté par sa vision futuriste avant de décevoir un peu.
Mais il est effectivement difficile de ne pas être ébloui par la technologie et de ne pas oublier que le chemin est encore long et que les usages sont encore à inventer… La promesse d’Alex Kipman est belle en tout cas, lorsqu’il certifie plein de conviction à la journaliste de Wired qu’avec l’HoloLens, « le Cyberespace sera tout autour de nous »

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Pierre Fontaine