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Google est-il vraiment trop puissant en Europe ?

La Commission européenne accuse la firme d’abus de position dominante dans la recherche sur internet. Google se défend pourtant, preuves à l’appui, de favoriser ses propres services dans les résultats affichés par son moteur.

Google accusé d’avoir enfreint la loi antitrust, c’est une première. La Commission européenne vient en effet d’adresser à la firme ce 15 avril une communication de griefs faisant valoir que « l’entreprise avait abusé de sa position dominante sur les marchés des services de recherche générale sur Internet dans l’Espace économique européen (EEE) en favorisant systématiquement son propre comparateur de prix dans ses pages de résultats de recherche générale. »

Le même jour, la Commission a également ouvert une enquête contre Android, son système d’exploitation mobile, qui écrase la concurrence en Europe. Bruxelles a reçu deux plaintes à ce sujet et elle souhaite maintenant déterminer si l’entreprise a empêché ses concurrents d’accéder au marché des OS et des applications mobiles.

Une amende qui pourrait s’élever à 6 milliards de dollars !

L’histoire remonte à 2010. Cette année-là, des sites comparateurs de prix ou spécialisés dans les voyages comme Kelkoo, Expedia ou Lastminute accusent Google d’abus de position dominante. Selon eux, le moteur de recherche mettrait systématiquement avant ses propres services au détriment des leurs, dans les résultats de son moteur de recherche. Or Google représente 90% des recherches dans la plupart des pays européens.

La Commission européenne ouvre alors une enquête et semble trouver un terrain d’entente avec Google, avant de se raviser en 2014 et de relancer ses investigations. Plus inflexible, la nouvelle commissaire européenne en charge de la concurrence Margrete Vestager décide de passer à l’offensive.

Bruxelles attend maintenant la réaction de Google qui bénéficie de six semaines pour répondre. A l’entreprise de prouver qu’elle n’est pas en faute. Si elle n’y parvient pas, elle pourra choisir de négocier et de procéder à des modifications concernant son moteur de recherche. Dans le cas inverse, elle risque une grosse amende pouvant s’élever à 10% de son chiffre d’affaires… soit environ 6 milliards de dollars.

Google affirme ne pas dominer le marché avec ses propres services

Google a aussitôt répliqué par un communiqué de presse assez documenté. La société cite un article du Washington Post, démontrant que le service Google Flight Search n’a pas pas tué ses concurrents quatre ans après son lancement. Aux Etats-Unis, Expedia, Orbitz, Prceline et Travelocity continuent de représenter 95% du marché.

Ce serait la même chose en Europe, selon Google qui présente un graphique à l’appui de la situation en Allemagne. On y voit que Google Travel reste très inférieur aux autres comparateurs de voyage et de vol. Un autre graphique dresse le tableau du marché des comparateurs de prix en France. Là encore, Google Shopping stagne tout en bas de l’échelle.

Google souligne par ailleurs qu’il a beau être le moteur de recherche le plus utilisé, les internautes ont accès maintenant à beaucoup d’autres moyens pour obtenir directement ce type d’informations. Les assistants personnels, les applications mobiles ou encore les réseaux sociaux permettent de se passer de lui. Certains utilisateurs ont aussi pris l’habitude d’aller directement sur leurs sites favoris.

La firme ne se prive pas non plus de souligner la croissance des sites qui l’accusent de position dominante comme Yelp, TripAdvisor ou Expedia. Et de rappeler que d’autres géants du Web développent et mettent eux aussi en avant leurs propres services sur leur site, à l’image d’Amazon, de Facebook ou de Pinterest.

Sources :

Le blog de Google

Le site de la Commision européenne

AFP

A lire aussi :

Position dominante : Google répond aux accusations du groupe de média News Corp 26/09/2014

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Amélie Charnay