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Euclid, le satellite qui doit faire la lumière sur « l’énergie noire » débute sa mission

Le satellite Euclid s’approche de sa position finale, à 1,5 million de kilomètres de la Terre. Avec lui, l’Europe veut inspecter l’espace dans un large horizon, surveiller l’ensemble des galaxies, se concentrer sur leurs formes en quête de distorsions possibles qui justifieraient de la présence de matière noire. La suite d’un programme lancé dix ans plus tôt par le satellite Planck.

Le modèle standard du big bang, celui sur lequel les scientifiques s’accordent à dire depuis deux décennies que la masse de l’Univers serait constituée à 25 % de matière noire, sera au coeur de la mission d’un nouveau satellite européen. Lancé le mois dernier, Euclid s’approche de sa position finale à 1,5 million kilomètres de la Terre et vient tout juste de commencer son activité d’observation en envoyant ses premiers clichés. Techniquement, l’astre est bien moins impressionnant que Hubble ou que le télescope James Webb mais son rôle est tout aussi intéressant.

Pendant six ans, le satellite Euclid doit passer au peigne fin 36 % de l’espace, en observant cette vaste étendue sous nos yeux et qui pourraient, dans une certaine mesure, nous aider à détecter et comprendre la matière noire et l’énergie noire. Si 5 % du ciel est visible tant il s’agit de galaxies et d’étoiles, le reste est particulièrement mystérieux. L’énergie noire est, selon le modèle standard du big bang (Modèle ΛCDM), une énergie dotée d’une pression négative et qui se trouve uniformément dans l’Univers. C’est à travers elle et par sa force gravitationnelle répulsive que ce dernier expliquerait l’expansion de l’Univers (et l’accélération de son expansion).

L’Agence spatiale européenne (ESA), qui est aux commandes de la mission d’Euclid (avec une large participation de l’agence spatiale allemande), a utilisé le 1er juillet dernier le lanceur Falcon 9 de SpaceX. Le lancement a été effectué depuis Cap Canaveral en Floride (États-Unis). « C’est fantastique de voir que le dernier ajout à la flotte de missions scientifiques de l’ESA fonctionne déjà si bien », a déclaré Josef Aschbacher, directeur général de l’agence spatiale. « J’ai pleinement confiance que l’équipe derrière la mission réussira à utiliser Euclide pour révéler tant de choses sur les 95 % de l’Univers que nous connaissons actuellement si peu ».

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© ESA

« Bien que ces premières images ne soient pas encore utilisables à des fins scientifiques, je suis heureux de constater que le télescope et les deux instruments fonctionnent parfaitement dans l’espace », a déclaré Knud Jahnke, de l’Institut Max Planck d’astronomie de Heidelberg, qui a participé à l’élaboration du spectrographe et photomètre du satellite. Euclid reprendra au final le travail laissé par Planck en 2013, un autre satellite de l’ESA (en collaboration avec la NASA également) et qui surveillait lui aussi une large partie de l’Univers pour tenter de détecter les plus infimes variations de température du « fond diffus cosmologique ». C’est avec ses dernières conclusions que l’on repose aujourd’hui le modèle hypothétique de la matière et de l’énergie noire.

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La répartition de la masse de l’Univers, selon des observations du satellite Planck © Wikimedia / Szczureq

En quête de preuves de matière noire et d’énergie noire

Les premiers clichés proposés permettent de voir les capacités du satellite et faire connaître Euclid auprès du grand public. L’étude cosmologique anime de nombreux passionnés du spatial, et après avoir été bluffés des clichés de l’infiniment loin par James Webb, Euclid proposera de son côté des aperçus bien plus larges de l’espace au-dessus de nos têtes, et une carte tridimensionnelle de l’Univers ressortira de ses prises de vues. Pour espérer apercevoir la présence de matière noire, Euclid se focalisera sur les éventuelles distorsions visibles.

La matière noire serait, selon ce qu’on sait hypothétiquement d’elle aujourd’hui, particulièrement peu (ou pas) en interaction avec la matière ordinaire que l’on connaît. Même chose avec les photons (des ondes radio ou de la lumière). D’où la difficulté de la mission et l’absence, depuis 1998 et la mise en évidence de l’accélération de l’expansion de l’Univers, de conclusions formelles sur les hypothèses d’aujourd’hui.

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Source : Max Planck Institute


Hadrien Augusto