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En utilisant IP, IBM divise les coûts du SAN et du NAS par dix

IBM repositionne son activité de stockage et s’adresse enfin aux PME Il se sert de iSCSI, une technologie qui affranchit de l’utilisation de Fibre Channel

Un chiffre d’affaires équivalent à celui de la division pSeries [gamme de serveurs Unix d’IBM, Ndlr]. Voilà ce qu’aurait demandé Lou Gertsner, le patron d’IBM, à la nouvelle entité Total Storage, à peine sortie des limbes, et dont le baptême officiel a eu lieu mercredi 21 janvier. S’estimant méconnu sur le marché du stockage, IBM a décidé de frapper un grand coup. “Dans l’organigramme d’IBM, la division stockage a désormais droit de cité au même titre que les services [IBM Global Services, Ndlr] ou que les différentes activités serveurs “, confirme Daniel Salsbon, patron européen de la division stockage en réseau chez IBM. En interne, les effectifs auraient plus que doublé, pour un total de 18 000 personnes à travers le monde. IBM se prépare en effet à attaquer un marché jusque-là délaissé, au moins pour la partie stockage : celui des PME. “Sous notre nouvelle marque, Total Storage, nous allons offrir les possibilités d’un SAN aux entreprises qui n’en ont pas les moyens “, lance Pierre Liger, responsable de l’activité stockage chez IBM France.

Deux pavés dans la mare

Et le géant s’est donné les armes pour convaincre. En même temps que le changement d’organisation, IBM a annoncé mercredi deux nouveaux produits. Premier pavé dans la mare, un serveur NAS, ou plutôt une passerelle entre NAS et SAN. Le TotalStorage NAS 300G, qui sera disponible courant mars, a pour vocation d’assurer la convergence entre les réseaux Ethernet et les SAN. “Il s’agit de relier les NAS isolés et les réseaux de stockage Fibre Channel, souligne Pierre Liger. Cette passerelle lève un frein incontestable au déploiement du SAN comme du NAS, parce qu’elle permet enfin d’utiliser le premier comme espace de consolidation et le second comme extension.” D’ores et déjà, IBM fait un beau pied de nez à EMC, qui s’était contenté, avec le Celera, de proposer des services de fichiers (NAS) uniquement sur ses baies Symmetrix. Et ce n’est qu’une première étape. Dans un deuxième temps, le 300G devrait utiliser la nouvelle technologie présentée également mercredi par IBM : iSCSI (pour IP SCSI), un protocole d’encapsulation des données SCSI sur les réseaux IP. Second pavé dans la mare…

iSCSI : un remplaçant pour Fibre Channel

IBM annonce, pour la fin juin, le premier produit utilisant cette technologie, en soulignant qu’il est destiné aux PME. À mi-chemin entre le NAS et le SAN qu’il voudrait bien remplacer, le TotalStorage iSCSI 200i offrira aux PME disposant d’un réseau Gigabit Ethernet une capacité de 200 Go à 1,74 To avec une fiabilité et une sécurité dignes du SCSI, promet encore le constructeur. “Cette technologie a le potentiel pour remplacer le Fibre Channel dans la plupart des utilisations courantes “, affirme Julian Satran, l’un des auteurs du protocole et chercheur au laboratoire d’IBM à Haïfa, en Israël. Si le constructeur admet, d’entrée de jeu, que les débits sont, pour l’instant, inférieurs à ceux d’un réseau Fibre Channel (quelques centaines de Mbit/s au mieux contre 1 voire 2 Gbit/s), c’est pour mettre immédiatement en parallèle les coûts d’équipement dans les deux cas : divisés par dix au moins, affirme-t-on chez IBM.

Une alliance avec Cisco

La brèche ouverte par IBM dans le petit univers du SAN n’est pas prête de se refermer. Cisco a été le premier à s’y engouffrer. Après le rachat de Newspead, une start-up spécialisée dans les passerelles applicatives iSCSI, l’année dernière, il s’était donné les moyens de finaliser avec IBM le protocole iSCSI, avant de le présenter, en novembre dernier, à l’IETF (Internet Engineering Task Force). Mais les autres ténors de l’informatique ont encore leur carte à jouer : en s’ouvrant sur les réseaux IP, le stockage SCSI nécessite en effet de nombreuses améliorations. À commencer par l’accélération de la construction des paquets TCP, à laquelle se sont déjà attelées de petites start-up californiennes comme LMG (rachetée par Q-Logic) ou encore Alachritech, mais aussi des grands noms comme Intel, Agilent ou Adaptec. Autre aspect à prendre en compte, le nommage des ressources de stockage, un terrain dont Microsoft, très actif, entend bien faire son domaine réservé.

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Paul Philipon-Dollet