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Emulex: le FBI interpelle l’auteur du faux communiqué

Vendredi dernier, suite à la diffusion d’un communiqué de presse alarmiste, l’action du constructeur Emulex a chuté de près de 60 %. Le coupable, un étudiant de 23 ans, y a gagné près de 250 000 dollars et… jusqu’à 15 ans de prison ferme.

Le FBI a interpellé hier le coupable du faux communiqué de presse envoyé jeudi dernier sur Internet et responsable, le lendemain, de la chute spectaculaire du cours de l’action du constructeur Emulex. “Le communiqué indiquait que nous allions revoir nos résultats en annonçant des pertes, et que j’allais démissionner”, explique Paul Folino, PDG d’Emulex.Il n’a fallu que six jours au FBI, aidé des autorités judiciaires et de la commission de Bourse américaine (SEC), pour démasquer le cyberbandit. Mark Jakob, un étudiant de 23 ans, avait réalisé l’envoi du faux communiqué de presse à partir de la bibliothèque de son université pour effacer près de 100 000 dollars de pertes accumulées à la suite de diverses transactions sur le titre. Au final, il a empoché près de 250 000 dollars, mais risque désormais jusqu’à quinze ans de prison ferme.Même si l’affaire Emulex est la quatrième fraude du genre perpétrée sur Internet ?” après celles qui ont impliqué les actions de Pairgain, de Bid.com et de Lucent ?”, elle a surpris par la vitesse à laquelle les événements se sont enchaînés.

Des agences de presse trop réactives

En l’espace de seulement seize minutes, la valeur de l’action du constructeur a chuté de près de 60 %, en passant de 103 à 43 dollars, avant que les autorités du Nasdaq n’arrêtent sa cotation. La valorisation de la société a ainsi perdu plus de 2,5 milliards de dollars, avec 2,3 millions de titres échangés, et en laissant nombre de petits investisseurs ?” essayant désespérement de vendre leur participation ?”, sur la touche. Car, ce qu’il faut savoir, c’est que ” les investisseurs institutionnels n’ont pas bougé “, ajoute le PDG d’Emulex.Les autorités ont bien sûr réagi. Une enquête a immédiatement été ouverte, et a abouti à l’arrestation du coupable. “Les fraudeurs ne doivent pas compter sur l’anonymat d’Internet pour poursuivre leurs activités illégales. Pour appréhender les criminels, nous pouvons naviguer sur l’autoroute de l’information aussi bien que nous le faisons sur les routes,”, affirme Alejandro Mayorkas, le procureur en charge de l’enquête.Cependant, dans cette affaire, le plus grave n’est pas vraiment qu’un jeune étudiant ait pu se substituer au responsable de la communication de l’entreprise et envoyer un faux communiqué à son insu. Mais plutôt que deux des plus importantes agences de presse financière, Bloomberg et Dow Jones, aient diffusé, moins d’une heure après réception, une fausse information sans en vérifier ni sa source ni sa véracité. Elles sont donc coupables de négligence et devront répondre, d’une manière ou dune autre, aux investisseurs trompés et qui ont perdu très gros.

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Jean-Baptiste Su, à San Jose (Californie)