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DVD, 3G et Wi-Fi : la Chine veut imposer ses technologies

Après l’adoption de standards logiciels non Microsoft et de normes propres pour la téléphonie 3G et le DVD-HD, Pékin veut que les matériels importés adoptent un mécanisme de cryptage locale. Cela ‘ passe
mal ‘ auprès des Américains.

Conscients de l’énorme potentiel de leur marché, les Chinois ont de plus en plus de velléités d’indépendance technologique. Avec l’arrière-pensée avouée d’exporter ultérieurement des produits originaux, basés
sur des technologies propriétaires. La création, il y a sept ans, d’un standard “vidéo CD” propriétaire pour visualiser des films vidéo en basse qualité avait plutôt amusé le reste du monde : ‘ Les Chinois ne
peuvent pas s’offrir de lecteurs DVD ; il est normal qu’ils exploitent à fond la technologie CD pour la vidéo
‘, avaient alors pensé tout haut les ténors mondiaux.L’annonce d’un standard de téléphonie de troisième génération propriétaire, le TD-SCDMA, finalement retenu comme standard mondial par l’UIT, a plus étonné, mais a été compris et accepté (à contrec?”ur) par la
communauté internationale. La démarche des Chinois visant à faire adopter dans leur pays le système d’exploitation Linux et des suites bureautiques non Microsoft est certes, en général, considérée avec sympathie, mais elle souligne la même
tendance.La volonté récente des Chinois de créer un standard DVD haute définition indépendant, l’EVD (qui sera, avant un an, basé sur un système de compression vidéo spécifique, dit AVS, concurrent de H.264), inspire toutes les craintes
aux promoteurs des standards occidentaux. On sait par ailleurs que les Chinois travaillent sur ‘ leur ‘ Wi-Fi, avec qualité de service.Dans ce contexte arrive une nouvelle qui fâche : Pékin exige désormais que tous les produits nomades vendus en Chine soient dotés d’une technologie de cryptage des données locale et différente des mécanismes de sécurité
adoptés aujourd’hui au niveau international.Plusieurs instances gouvernementales et entreprises américaines, ainsi que certains groupes industriels européens et japonais, s’opposent fermement à cette mesure. Selon ces groupes de pression, une telle initiative n’est
pas conforme aux règles de l’OMC (Organisation mondiale du commerce), et en particulier à une disposition appelée “traitement national” visant à empêcher que les entreprises étrangères soient traitées différemment des
entreprises nationales.

Les Etats-Unis se mobilisent

La Chine a en effet exigé que toutes les entreprises étrangères qui souhaitent intégrer ce mécanisme de sécurité signent un accord de partenariat avec l’une des 24 sociétés nationales chinoises qui détiennent la propriété
intellectuelle relative à ce standard baptisé Wapi (Wireless LAN Authentification and Privacy Infrastructure). Elle a imposé, en décembre dernier, qu’il soit intégré dans tous les appareils de réseaux locaux sans fil
utilisés sur son territoire d’ici le 1er juin 2004. Or, ce standard n’est pas compatible avec le mécanisme WEP (Wired Equivalent Privacy) adopté au niveau international et actuellement utilisé
par l’IEEE dans la famille de normes 802.11.Le Conseil américain des technologies de l’information, la SIA (l’association américaine de l’industrie du semiconducteur) et l’association américaine des fabricants (NAM) font partie du groupe de pression
anti-Wapi. Ils souhaitent que les Chinois participent à l’élaboration des normes internationales afin d’obtenir une seule norme de sécurité mondiale pour les produits sans fil. ‘ Notre préoccupation est que, même si la
Chine se déclare engagée envers l’OMC, cet engagement soit en perte de vitesse
, affirme Myron Brillant, vice-président de la branche Asie de la Chambre de commerce des Etats-Unis. Ce problème dépasse de loin le cadre du
secteur du sans-fil et pourrait miner la confiance dans les efforts de mise en ?”uvre par la Chine des accords de l’OMC. Nous ne pouvons pas laisser les normes devenir des barrières commerciales déguisées
‘,
s’insurge-t-il.Aux Etats-Unis, ce problème a été porté au niveau gouvernemental. Dans une lettre adressée au représentant américain au commerce, Robert Zoellick, plusieurs législateurs lui demandent de s’impliquer personnellement sur cette
question et d’en discuter avec son homologue chinois afin d’aboutir rapidement à une solution. Les législateurs ont également envoyé une lettre à Yang Jiechi, ambassadeur chinois aux Etats-Unis, encourageant le gouvernement chinois à
travailler avec les responsables des normes au niveau international sur une solution ‘ mutuellement acceptable ‘.

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Jacques Marouani