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Dominique Ray (France Télécom) : ” Il faudra des années pour régler tous les problèmes de compatibilité ADSL “

Face aux problèmes de normalisation de l’ADSL, France Télécom interdit aux fournisseurs d’accès de revendre certains modems externes USB. Dominique Ray, directeur technique du programme DSL chez l’opérateur historique, explique les raisons de cette décision.


01net. : Pour quelle raison déconseillez-vous l’utilisation de certains modems ADSL ?
Dominique Ray : Depuis plusieurs mois, nous testons un certain nombre de nouveaux modems. Et cela ne se passe pas vraiment bien. Nous rencontrons de nombreux problèmes de compatibilité qui ne nous permettent pas de garantir le bon fonctionnement de ces produits sur notre réseau.D’où viennent ces difficultés ?Du manque de normalisation de l’ADSL. Cela conduit à des problèmes de communication entre les modems installés chez le client et nos DSLAM [les modems utilisés par l’opérateur, NDLR].L’ADSL n’est donc pas une technologie normalisée ?Si. Mais il subsiste des zones d’ombre. Cela est dû à la manière dont les normes sont généralement établies. Les travaux de normalisation nous disent ce qu’il faut faire pour respecter le standard, mais ils ne précisent pas comment faire. Cela laisse une part d’interprétation aux constructeurs d’équipement. Et cela aboutit à des problèmes de compatibilité que l’on découvre malheureusement au fur et à mesure. Par ailleurs, les mises à jour que nous imposent les constructeurs de DSLAM, environ tous les six mois, compliquent encore la situation. A chaque fois, nous constatons que cela introduit de nouveaux problèmes de compatibilité.Il n’existe aucun programme d’homologation du matériel ?Non. L’époque des homologations, que l’on a connue avec les modems analogiques, est révolue. La Commission européenne a demandé que les opérateurs se limitent à fournir une description technique de leurs réseaux, sans rien imposer aux constructeurs d’équipement. C’est à ces derniers de s’assurer que leur matériel fonctionne sur les réseaux de communication. Nous nous conformons à ces recommandations européennes, récemment traduites dans le droit français.Aujourd’hui, comment gérez-vous les problèmes d’incompatibilité entre les matériels ?Pour l’instant, nous sommes contraints d’utiliser des couples modems et DSLAM de même marque. Notre réseau est équipé de DSLAM Alactel et ECI Telecom. Donc, nous fournissons des modems Alcatel aux clients qui habitent dans une zone équipée de DSLAM Alcatel. Nous faisons la même chose pour les modems ECI Telecom.Ce principe est-il applicable aux nouveaux modems externes USB ?Oui, pour la marque Alcatel. Malheureusement, ce n’est pas le cas pour le modem ECI Telecom. A l’heure actuelle, il n’offre pas de bonnes garanties de fonctionnement avec les DSLAM du même constructeur. Sur les zones équipées avec ces matériels, nous devons nous rabattre sur un modem avec une carte Ethernet.Comment est-il possible qu’un modem et un DSLAM de même marque ne soient pas compatibles ?ECI Telecom utilise des composants différents dans ses DSLAM et dans son modem externe. Cela suffit pour créer des problèmes d’incompatibilité dans certaines conditions d’utilisation. Quand un constructeur lui-même n’arrive pas à assurer un bon fonctionnement entre ses propres matériels, vous imaginez la difficulté lorsqu’il s’agit de produits de marques différentes.En attendant, cela interdit la vente directe à travers les magasins de type Fnac ou Darty. Les fournisseurs d’accès à Internet s’en plaignent.C’est vrai. Un client ne peut pas acheter un modem en grande surface pour l’offrir à un proche habitant dans une autre région. Il risquerait de rencontrer des problèmes d’incompatibilité. Nous sommes les premiers pénalisés par cet inconvénient dans la mesure où cela freine le développement de l’ADSL.Comment comptez-vous résoudre les problèmes d’interopérabilité dans le futur ?Notre objectif, à court terme, est de susciter une meilleure collaboration entre les constructeurs de DSLAM et les constructeurs de modems. Afin qu’ensemble, ils puissent garantir qu’un produit qui fonctionne aujourd’hui fonctionnera encore demain.Combien de temps devrons-nous encore subir ces inconvénients ?Les choses devraient déjà s’arranger d’ici à la fin de l’année, lorsque les constructeurs auront commencer à dialoguer. Mais pour régler définitivement les problèmes d’interopérabilité et aboutir à un standard mûr, il faudra sans doute attendre 2003.

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Propos recueillis par Stéphane Long