Passer au contenu

Dirk Hohnble (Linux SuSE) : ” Linux en entreprise n’est plus un marché étroit “

Dirk Hohnble, directeur technique de l’éditeur de distributions Linux SuSE, nous livre sa vision d’un marché Linux qui n’hésite plus aujourd’hui à intégrer des solutions commerciales et propriétaires.


01net. : En entreprise, faut-il installer la dernière version du noyau Linux dès maintenant ?
Dirk Hohnble : Notre plus récente distribution intègre le noyau 2.4, mais l’utilisateur peut opter pour un noyau 2.2.18 [dernière évolution du noyau 2.2 , NDLR], cela dépend de ses besoins. S’il veut être assuré de la stabilité de son système, il choisira plutôt un noyau 2.2. En revanche, s’il a besoin d’évolutivité, de gestion SMP, des derniers standards réseau, ou encore d’exploiter de grosses quantités de mémoire, il se tournera vers la 2.4, qui répond mieux à ces problématiques. En fait, dans notre dernière distribution (SuSE 7.2), il est possible d’installer les deux noyaux et de choisir lequel sera utilisé lors du démarrage.Il n’y a toujours pas de système de fichiers journalisés dans Linux, puisque ReiserFS n’a finalement pas été intégré dans la première version du noyau 2.4. C’est pourtant une fonction importante pour les entreprises…En fait, ReiserFS est proposé depuis un an en option et, depuis quelques jours, il est livré avec la dernière distribution comme une fonction intégrée au noyau, puisque le 2.4 a été remplacé par le 2.4.1. Bien entendu, il est nécessaire d’avoir un système de fichiers journalisés.D’autres améliorations sont-elles nécessaires ? Dans les prochaines versions, il faudra améliorer la gestion des nouvelles interfaces comme Infiniband et l’USB 2.0. Il va aussi falloir faire un effort sur la haute disponibilité. Ces évolutions sont indispensables. Nous disposons d’un avantage sur les éditeurs de systèmes d’exploitation propriétaires : en réalisant plusieurs distributions par an, nous intégrons régulièrement les dernières évolutions techniques, bien plus rapidement que Microsoft.Mais, cette multiplication des versions et des éditeurs de distributions ne risque-t-elle pas de fragmenter Linux, de briser la compatibilité entre les versions ? Contre ce risque, un certain nombre d’éditeurs et de développeurs se sont réunis pour définir une Linux Standard Base (LSB), une série de critères à respecter par tous pour éviter cette explosion de Linux en une multiplicité d’OS non compatibles. Hélas ! la résistance de certains acteurs du monde Linux ralentit la mise en place de cette LSB. Aujourd’hui la communauté Linux dispose déjà de tests de compatibilité en ligne, et d’un cahier des charges de 250 critères à respecter.La vente de distributions suffit-elle à vous faire gagner de l’argent ? Notre activité commerciale repose sur deux piliers. D’abord, la vente de CD complets avec tous les outils adaptés pour faciliter l’installation. Même si tout ce que nous proposons sur nos CD est téléchargeable gratuitement sur le réseau et permet de se constituer un système entièrement en kit.Pourquoi voit-on apparaître à côté de vos distributions des offres applicatives, comme la messagerie ou les outils de travail collaboratif ? N’êtes-vous pas en dehors de votre vraie compétence, les systèmes d’exploitation ?Cette évolution vient du marché, la maturation du marché fait qu’il y a de plus en plus de logiciels dans les distributions. SuSE est une boîte à outils qui permet de construire des solutions complètes. Mais nous recevons beaucoup de demandes de solutions préconfigurées, en particulier pour les serveurs Web ou les outils de travail collaboratifs.Justement, vous vendez Notes, qui n’est pas Open Source…Je ne pense pas qu’il soit nécessaire que tout soit Open Source. En particulier, plus vous vous dirigez vers des applications complexes et spécialisées, très verticales, moins c’est facile de le faire en OpenSource. L’Open Source s’impose pour les infrastructures, pas pour tout. Je suis personnellement satisfait de travailler avec de bons éditeurs commerciaux.Quel est le profil des clients Linux aujourd’hui ? Nous constatons un changement significatif. Les banques, les opérateurs Internet et téléphoniques, les compagnies d’assurance, l’industrie se tournent vers Linux. Linux entre au c?”ur du système d’information. Dans l’ensemble, il existe un mouvement qui nous a conduit de l’adoption par quelques visionnaires à des consommateurs plus modestes et plus traditionnels. Aujourd’hui, Linux en entreprise n’est plus un marché étroit.Et le marché des appliances ?Il ne faut pas minimiser l’importance du marché du PC, il est très important. Seulement le PC change de forme, les assistants numériques [PDA, NDLR] les tablettes Internet, les terminaux d’accès sont les extensions et les mutations du PC. Ils sont multitâches, extensibles, ils répondent aux nouveaux besoins des utilisateurs. Et ceux là se disent qu’ils ne souhaitent pas être liés à un système d’exploitation verrouillé et différent sur chaque machine. Linux tourne partout, cest sa force.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Renaud Bonnet