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Des performances disparates en termes de qualité vocale

Les communications longue distance coûtent cher. Qu’à cela ne tienne ! La voix sur IP permet de faire des économies. Tel était l’argument mis en avant…

Les communications longue distance coûtent cher. Qu’à cela ne tienne ! La voix sur IP permet de faire des économies. Tel était l’argument mis en avant par les constructeurs partisans de cette technologie. Mais, face à la baisse du prix des communications nationales et internationales, leur discours s’est légèrement modifié, et les mêmes vantent désormais les services qui seront offerts lorsque la voix et la donnée emprunteront des artères communes. On pourra, par exemple, être mis en relation avec un vendeur, par le biais de la visioconférence sur IP, pour faire des achats sur le Web. Il sera, de plus, possible d’assister, toujours via Internet, à des sessions de formation.

Les passerelles reliant le réseau du téléphone à celui des données arrivent sur le marché

Aujourd’hui, les premières passerelles entre le réseau téléphonique et le réseau des données arrivent sur le marché. Nous en avons testé cinq, dont trois respectent le standard H.323, qui définit le transport de la voix sur IP.
Les résultats sont satisfaisants pour certaines seulement. La qualité vocale doit encore progresser. La disponibilité d’une bande passante abondante, grâce aux multiplexeurs DWDM (Dense wavelength division multiplexing) et à la normalisation des mécanismes de qualité de service, devrait lever les derniers obstacles au développement de ces solutions. Principal constat, les passerelles testées sont opérationnelles et peuvent fonctionner sur les réseaux d’autres constructeurs, même fortement embouteillés. Dès lors, il est possible d’envisager le déploiement de ce type d’équipement dans les entreprises. Nous recommandons le MAX 6000 WAN Access Switch, de Lucent Technologies, pour le reroutage de multiples appels internes ou externes.

Une qualité de voix acceptable, y compris en milieu hétérogène et avec un fort trafic de fond

La qualité de la voix est acceptable, y compris en milieu hétérogène et avec un fort trafic de fond. De plus, cette solution sécurise les appels, effectue du routage IP et assure la qualité de service. Ce routeur d’accès distant, transformé pour l’occasion en passerelle de voix sur IP, gère quatre-vingt-seize lignes. Une capacité qui peut être accrue en disposant de plusieurs routeurs en parallèle.
Dans le cas de plus petites installations, nous conseillons plutôt la passerelle BS1200E, d’Oki Network Technologies. Elle obtient les meilleurs résultats lors des tests portant sur la qualité vocale. Dans la mesure où elle ne gère que quatre appels simultanés, son usage se limite aux petites structures. Ce boîtier consacré au traitement de la voix sur IP se connecte au PABX de l’entreprise au moyen de deux ports S0. Il se rapproche ainsi du MultiVOIP MVP 800, de MultiTech Systems, qui est également une passerelle voix dédiée. Plus puissant, ce dernier gère huit communications simultanées, par l’intermédiaire de trois types d’interfaces (FXS, FXO et E&M), ce qui autorise à lui raccorder aussi bien un téléphone qu’un PABX. La qualité vocale est un peu inférieure à celle des deux produits précédents. De son côté, Nokia a fondé sa solution IP Telephony Gateway sur une architecture plus ouverte, à base de PC sous Windows NT. Elle gère jusqu’à quatre-vingt-seize lignes. L’association de plusieurs passerelles augmente encore cette capacité de traitement, et garantit une meilleure résistance aux pannes. Cette passerelle a déçu au niveau de la qualité vocale. Quelles que soient des conditions de test (avec trafic de fond ou non), la restitution de la parole est très moyenne. Cisco Systems, pour sa part, adapte ses routeurs en les dotant de fonctions de voix sur IP, à l’aide de cartes idoines.

Un nombre de ports différent pour des fonctions identiques

Le constructeur californien nous a fourni les modèles de routeurs 2600 et 3640. Seul le nombre de ports les différencie, car les autres fonctions sont identiques. Equipé de trois modules PRI (Primary rate interface) du RNIS, soit trois canaux à 2 Mbit/s, le 3640 accepte quatre-vingt-seize lignes. Des approches matérielles différentes semblent n’avoir que peu d’incidence sur la qualité de la voix. Globalement, les passerelles de type boîtier dédié n’affichent pas de meilleurs résultats que les routeurs d’accès distant. En fait, ce sont les tests sur le terrain qui déterminent l’équipement adéquat pour répondre à la situation spécifique d’une entreprise. Ainsi, le 2600 et le 3640, de Cisco, restituent un discours inaudible dès lors que le réseau WAN n’est pas entièrement composé de routeurs, correctement configurés, de ce constructeur.
En revanche, quand le réseau est bâti avec les produits de ce dernier, la voix est de bonne qualité, même avec un flux vidéo perturbateur important. A ce critère de la qualité de la voix, fondamental pour le choix, il faut ajouter celui des options complémentaires. Une des fonctions les plus intéressantes concerne le fax sur IP.
En effet, pourquoi ne pas profiter des passerelles pour acheminer aussi les télécopies ? En fait, seuls Cisco et MultiTech offrent cette fonction en standard. La détection d’un fax entrant sur la passerelle est automatique. Chez Lucent Technologies, Nokia et Oki, la télécopie sur IP est en option, et il faut adjoindre une carte aux passerelles. Lucent développe toutefois un logiciel qui gérera directement le fax.
Autre élément essentiel : le gatekeeper. Celui-ci met en relation le numéro de téléphone demandé avec l’adresse IP correspondante. Celle-ci peut être indifféremment celle d’une autre passerelle, d’un téléphone Ethernet ou d’un ordinateur. Le MAX 6000 exige un gatekeeper pour être opérationnel. Le gatekeeper fonctionnant sous Windows NT 4.0, son emplacement dans le réseau doit être bien choisi. Toutes les passerelles sont susceptibles d’y accéder à n’importe quel moment car chaque début de communication nécessite une requête pour identifier la route. Chez Cisco, cette opération est effectuée par le routeur. Mais, quand le gatekeeper est actif sur un équipement, la fonction de passerelle est automatiquement désactivée. Avec des routeurs, ce système n’est vraiment indispensable que lorsque les utilisateurs sont nombreux, sinon le plan d’adressage peut être exécuté directement sur les routeurs eux-mêmes. Oki propose, comme Lucent, un gatekeeper vendu séparément. MultiTech et Nokia ont, quant à eux, adopté une tout autre approche. Chez Nokia, une passerelle déjà en place concentre toutes les informations ; chez Multitech, les données sont disposées dans un annuaire commun.

Vers des programmes de tests communs

Le gatekeeper n’est pas seulement primordial pour le routage des appels. Il peut aider à résoudre des problèmes d’interopérabilité. Car, si des produits respectent la recommandation H.323, rien ne dit qu’ils soient tous compatibles. En pratique, une entreprise est condamnée à déployer les équipements d’un même constructeur. Conscients du frein que cela constitue, les acteurs de ce marché se sont engagés dans des programmes de tests menés conjointement, notamment au sein du consortium indépendant Inow.
Malgré ces difficultés, il est aujourd’hui envisageable de mettre en place un réseau de voix sur IP à usage professionnel, à condition de respecter certains principes. Il faut choisir, de préférence, un seul constructeur pour les passerelles, maîtriser son infrastructure (LAN et WAN) et, enfin, disposer d’un minimum de qualité de service de bout en bout sur le réseau. En appliquant ces règles, plusieurs opérateurs se lancent déjà dans la bataille. GTE Internetworking, SwissCom et Cegetel, par exemple, commercialisent déjà des services de voix sur IP. En attendant les prochains… ;

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par Xavier Bouchet