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‘ Des brevets logiciels pour se protéger, mais contre qui ? ‘

Les éditeurs expliquent que c’est pour se défendre, et nous avec, contre les cyniques prédateurs. Ne serait-ce pas plutôt pour écarter du marché les petits acteurs innovants et véloces.

Microsoft vient d’ouvrir tout un pan de sa propriété intellectuelle autour des services web. IBM et Sun ont fait de même l’an passé pour des centaines de brevets logiciels, avec l’ambition proclamée de rassurer les développeurs, et
surtout ceux de solutions libres. En parallèle, tous les grands éditeurs se sont accordés sur la nécessité de réformer les pratiques de l’USPTO (Office américain des brevets), accusé de dérive coupable.Pourtant, cette année, l’agence américaine va battre son record : dès septembre, on totalise déjà 30 232 brevets logiciels accordés ?” soit plus qu’en 2004, le meilleur cru, avec 30 174 brevets.
Paradoxe : on n’a jamais autant déposé de brevets logiciels, et on se dépêche d’en faire profiter gracieusement les communautés de développeurs.Les éditeurs expliquent que c’est pour se défendre, et nous avec, contre les cyniques ‘ patent trolls ‘ et autres prédateurs. Lesquels, nullement préoccupés par l’innovation, ne visent
qu’à monnayer au plus vite des brevets la plupart du temps triviaux (voir les démêlés de Microsoft avec Eolas ou, plus récents, de RIM avec NTP).Mais on peut aussi penser que, s’ajoutant aux imposants portefeuilles déjà accumulés par les géants, cette inflation de brevets les aidera à mieux contrôler la hauteur de la barrière d’entrée sur le marché, face à de petits acteurs
innovants et véloces. Moins bien lotis en matière de brevets, ceux-ci n’auront d’autre choix que de vivoter en marge ou d’être absorbés.


(*) Philippe Davy est grand reporter à 01 Informatique

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Philippe Davy*