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Demain, ces robots aspirateurs vendront peut-être les secrets de votre logement à Google

Le PDG d’iRobot souhaiterait partager les données cartographiques amassées par ses machines sur l’intérieur de ses clients avec un géant américain comme Google, Amazon ou Apple.

Loin de Skynet, le robot le plus distribué dans le monde, c’est Roomba. Ce petit aspirateur s’est écoulé à 15 millions d’exemplaires à l’échelle du globe depuis sa commercialisation par iRobot en 2002. Mais il doit faire face à la concurrence féroce de nombreux produits rivaux similaires.
Pour débusquer un nouveau marché (ou modèle économique), le PDG d’iRobot Colin Angle semble avoir trouvé un nouvel angle d’attaque : capitaliser sur les données spatiales accumulées par ses machines.

Ce que notre logement dit de nous

« Il y a un écosystème entier d’objets et de services que la maison intelligente pourrait offrir une fois que vous auriez une cartographie riche de la maison que l’utilisateur autorise à partager », a-t-il déclaré à l’agence Reuters.
Une cartographie de nos intérieurs que iRobot pense pouvoir fournir à des partenaires. Il a ainsi ajouté qu’il envisageait de conclure un accord avec au moins l’un des trois grands (Amazon, Google, Apple) pour vendre sa data cartographique d’ici deux ans. Et l’on voit tout l’avantage qu’en tireraient ces acteurs.
On pourrait imaginer, par exemple, que ces données soient communiquées à des objets connectés comme les haut-parleurs intelligents Echo ou Google Home. Roomba a d’ailleurs rendu sa série 900 compatible avec l’assistant domestique Alexa d’Amazon au mois de mars dernier. Cette communication permettrait de mieux régler toutes sortes d’appareils en fonction des particularités de chaque pièce : intensité de la musique, niveau de la lumière, température du thermostat, etc.

Il serait même possible d’aller plus loin. En récoltant des informations non plus uniquement sur le volume d’un logement ou son agencement mais aussi sur la position des fenêtres et des portes ou encore la distance entre chaque objet et pourquoi pas le nombre de mètres qui sépare le canapé, où vous avez l’habitude de vous affaler, et votre télévision.

Les données des Roomba sont-elles fiables ?

La stratégie pourrait s’avérer profitable à condition de remplir certaines conditions. Pour commencer, il faut impérativement que les données récoltées soient fiables. Or, seuls les modèles les plus haut de gamme de Roomba utilisent depuis 2015 une caméra et une sacrée dose de logiciel pour cartographier leur environnement. Le résultat de 30 ans de recherche sur le SLAM (Simultaneous Localization And Mapping), qui consiste à rendre simultanée la cartographie et la localisation, c’est-à-dire à construire une carte de l’environnement au fur et à mesure que l’aspirateur y navigue et s’y repère.

Le modèle Neato Botvac D5 Connected.
Neato Robotics – Le modèle Neato Botvac D5 Connected.

Mais des concurrents du robot aspirateur ont développé d’autres technologies avec des résultats supérieurs. C’est le cas de LG et de son système Dual Eye 2.0 qui repose sur deux caméras : une en hauteur pour cartographier, l’autre au sol avec un lecteur optique afin de se repérer au sol en calculant les distances parcourues.
Quant à Neato, il se sert carrément d’un télémètre laser. La solution idéale pour obtenir les données les plus précises possibles. Roomba a donc intérêt à améliorer ses performances avant d’espérer un jour faire fructifier l’ensemble des données qu’il aura recueillies.

Vers une nouvelle génération d’aspirateurs plus connectée

Les aspirateurs vont aussi devoir être en mesure de communiquer ces données stockées localement. Or, Roomba n’a généralisé le Wi-Fi sur ces modèles que depuis cette année, et encore, pas pour ses produits d’entrée de gamme.

Dans un billet sur son blog, le concepteur du Roomba Rodney Brooks, qui ne fait plus partie de la société iRobot, paraissait toutefois convaincu qu’une nouvelle génération de robots aspirateur embarquerait bientôt de multiples capteurs plus performants, des unités de calcul et des antennes radio comme dans les smartphones. Pour capter de multiples réseaux, entrer en communication avec tous les autres appareils connectés et récolter encore davantage d’informations.

Reste un dernier problème et pas des moindres : l’exploitation de ces cartographies risque de contrarier sérieusement les utilisateurs qui ne vont pas forcément apprécier que leur ustensile de ménage transmette tout de leur intérieur. Une perspective qui n’effraie guère Colin Angle. Certes, il a confirmé à Reuters qu’il n’agirait pas sans le consentement des utilisateurs, mais il se montre confiant dans le fait que ces derniers accepteront cette pratique pour pouvoir accéder aux fonctions les plus avancées.

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Amélie Charnay