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Daniel Thibaut (SA Mecanique Amourette)

‘ L’idée selon laquelle l’informatique peut résoudre des problèmes d’organisation est un leurre. ‘

Cet ingénieur ne croit pas à l’utilité d’un progiciel de gestion du cycle de vie pour planifier la fabrication industrielle. L’implantation, déjà onéreuse, d’un système de gestion de données techniques suffit à une PME,
estime-t-il.
Décision informatique : Ingénieur, universitaire, détenteur d’un master de management, comment êtes-vous devenu responsable informatique d’une PME industrielle ?



Daniel Thibaut : Mon père travaillait sur des chantiers et je trouvais ses conditions de travail très dures. L’industrie m’apparaissait comme un moyen efficace de réduire cette pénibilité. J’ai donc suivi des études à
l’université de Liège, où j’ai obtenu un diplôme d’ingénieur à l’Institut Gramme. Après quelques expériences, je suis entré comme ingénieur-conseil chez l’éditeur Caroline Informatique Industrielle. J’ai alors commencé mes premiers développements,
avant de devenir responsable informatique chez SA Mecanique Amourette en 1994.L’entreprise disposait-elle déjà d’une infrastructure informatique développée ?


Pas vraiment. À mon arrivée, il n’existait que trois postes de CAO. La plupart de nos ingénieurs travaillaient avec des plans papier, ce qui rendait très complexe le travail de groupe. J’ai donc mis en place, avec l’aide du prestataire
Spring Technologies, le progiciel de SGDT* Windchill PDMLink de l’éditeur PTC. Cette installation aura duré trois mois. Elle a permis de fournir des cotes techniques fiables aux ingénieurs qui utilisaient le logiciel de CAO Pro/Engineer WildFire de
PTC. À contre-courant de l’approche PLM** dont l’objectif est de gérer tout le cycle de vie d’un produit, vous estimez qu’une base de données produits suffit pour lancer des ordres de fabrication. Et qu’il n’est pas nécessaire
d’intégrer les données techniques au progiciel de gestion de production. Pour quelle raison ?



Concrètement, il n’existe pas d’intégration entre notre progiciel de GPAO Octal Production, de l’éditeur du même nom, et notre outil de SGDT Windchill PDMLink de PTC. De ce fait, il n’est pas possible de planifier la production en tenant
compte de contraintes techniques telles que la taille des pièces et les traitements chimiques appliqués. Cela ne pose aucun problème lorsque l’entreprise est de taille modeste et que la variété de produits est limitée. De plus, je ne voulais pas
prendre le risque de combiner le logiciel de PTC ?” qui fonctionne en environnement Windows ?” et Octal, pour l’environnement Unix.Ce découplage entre les données techniques et votre logiciel de gestion de production Octal n’est-il pas dangereux ? Par exemple en matière de délais de livraison ?


C’est vrai. Afin d’éviter tout dérapage, il est nécessaire de compter sur des professionnels, capables d’estimer les contraintes de production. L’expérience métier se substitue alors à l’outil informatique. Ce qui est un facteur
d’économies important. L’investissement de 60 000 euros ht, pour dix licences PDMLink est déjà un investissement important.Des projets d’avenir ?


Je suis une formation en management et en conduite de projets au Cnam. Je vais logiquement m’intéresser à des postes plus organisationnels que techniques. L’idée selon laquelle l’informatique peut résoudre des problèmes d’organisation
est un leurre. Je l’ai compris au fil des ans. Les utilisateurs dominent et sont responsables de la réussite d’un projet.* SGDT : système de gestion de données techniques.** PLM : Product Lifecycle Management ou gestion du cycle de vie des produits.

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Francisco Villacampa