Passer au contenu

Daniel Clar (Decus France): ” La cession d’Alpha fut un choc plus fort que le rachat de Compaq par HP “

Les utilisateurs Compaq ex-Digital, rodés aux fusions de leurs fournisseurs, ne paniquent pas. En attendant la confirmation du rachat, ils sont néanmoins vigilants.

Lors du symposium américain, comment les utilisateurs Compaq ont-ils réagi à l’annonce du rachat ?Nous nous attendions à une période de silence. Or, nous avons eu plus d’informations que nous ne le pensions. Par exemple, nous avons appris la nomination probable de Peter Blackmore, patron actuel des serveurs chez Compaq, à la tête de la même division au sein du futur HP. C’est une bonne nouvelle. Nous avons eu aussi des réponses à nos questions techniques. Nous avons vu des “roadmaps” sur les serveurs Alpha. Si l’on considère que ces produits durent trois ou quatre ans, plus quelques années de maintenance, c’est rassurant. Cependant, il s’agit d’annonces de Compaq. Tant que le nouvel HP ne les aura pas confirmées, le doute persistera.De nombreux membres de Decus sont d’anciens clients de Digital, qui ont vécu son rachat par Compaq en début 1998. N’y a-t-il pas de l’agacement face à l’annonce de cette nouvelle cession ?Le mot juste serait fatalisme. Les entreprises restent sereines. Elles ont déjà vécu cette situation et savent être patientes. De plus, le rachat de Digital par Compaq constituait un véritable choc culturel entre un constructeur orienté grands comptes et un spécialiste de la micro. HP, lui, a une culture d’entreprise. Les questions se posent plutôt au niveau du recouvrement des produits. A vrai dire, la cession d’Alpha par Compaq à Intel cette année a créé un choc plus fort que le rachat de Compaq par HP. Les technologies de Digital ont toujours suscité un attachement quasi affectif. Pour conserver leur crédibilité professionnelle face à leur hiérarchie, les informaticiens qui les utilisent doivent pouvoir compter sur le soutien du constructeur. Les développeurs VMS, par exemple, sont même enthousiastes à l’idée du portage sur Intel. Il y a peu de risque que le futur HP abandonne ce marché en croissance, qui représente une part importante des revenus de Compaq.A votre avis, le recouvrement de ces produits sera-t-il perturbateur ?Pas tant que cela dans la mesure où, côté serveurs, les machines Alpha auraient, de toute façon, disparu avec l’arrivée d’Itanium. Les nouveaux systèmes auraient nécessité un nouvel Unix chez Compaq. Que HP opte demain pour Tru64 Unix, HP UX ou une synthèse des deux n’est pas vraiment gênant. Le futur HP ne peut ignorer ni la technologie de clustering (technologie inventée par Digital ?” NDLR) ni la gestion de fichiers de Tru64, beaucoup plus avancées que les siennes. De la même manière, il sera intéressant de bénéficier d’environnements tels que l’administration de systèmes HP Openview. En revanche, avant le rachat, ce qui aurait pu nous inquiéter, c’était la position des vendeurs de progiciels face à un portage sur Itanium. Aujourd’hui, les Oracle ou SAP vont forcément devoir suivre. En ce qui concerne nos développements internes, nous nous retrouvons dans une situation classique de migration vers Itanium.Comment les relations du club avec Compaq ont-elles évolué ? Comment les envisagez-vous désormais ?Quand Compaq a racheté Digital, nous l’avons plutôt bien pris. Nous nous sommes dit que les produits allaient enfin être mis en avant. Le problème de Compaq, ensuite, a été de ne pas réussir à se défaire de son image de fournisseur de solutions PC. Les propos des analystes le montrent d’ailleurs assez bien en ne parlant jamais de VMS. Compaq aurait même dû changer son nom, trop associé au monde de la micro. Depuis, il y a eu des hauts et des bas. Au quotidien, tout n’a pas été facile, car le constructeur n’était pas habitué à devoir discuter avec ses utilisateurs. En 2001, nous étions enfin parvenus à avoir de bonnes relations. Les utilisateurs ont reçu des messages forts pour être rassurés. On ressentait moins d’incertitude, les rapports s’étaient améliorés. Les commerciaux étaient plus présents, avec des profils mieux adaptés. Ils avaient appris à vendre des machines Alpha, et pas seulement du NT. Les succès récents de Compaq avec Tru64 Unix au CEA et sur le génome témoignaient de la réussite de ces efforts. A l’annonce du rachat de Digital, nous avions d’ailleurs demandé à Compaq d’éviter une valse des responsables de comptes. Avec cette opération, il nous faut tout recommencer. Notre rôle se justifie pleinement. Nous devons reprendre contact avec les personnes qualifiées. C’est très consommateur d’énergie pour les bénévoles responsables de l’association, qui sont, d’ores et déjà, prêts à discuter avec les dirigeants de HP.Comptez-vous vous rapprocher des clients de HP ?Nous avions commencé à nouer des liens avec les autres clients Compaq, car nos membres venaient surtout du monde Digital. Nous devions adopter l’appellation “Compaq User Organisation “. Nous n’aurons pas eu le temps de le faire. Quant aux utilisateurs HP, je projette de rencontrer des responsables de l’Utigroup. Un rapprochement serait raisonnable, accompagné d’un retour à une organisation par centre d’intérêt ?” VMS, Unix, entre autres.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Guillaume Deleurence et Emmanuelle Delsol