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D’ici deux ans, les jeux piratés auront disparu

Face à l’efficacité des verrous numériques apposés aux jeux, face à la difficulté de les contourner, la responsable de 3DM, fameux groupe de crackers chinois, annonce que les jeux « piratés » pourraient bien disparaître.

Par facilité, sans doute, et aussi parce que cela représente une certaine réalité depuis des éternités, on a coutume de dire que la guerre entre les développeurs de verrous numériques et les casseurs de ces mêmes verrous est un jeu de chat et de la souris. Les premiers fortifient une position pour la voir saper quelque temps plus tard. Chaque génération de console ou d’ordinateur personnel a été le théâtre de ce combat incessant.

Une communauté active

Passer quelques heures en ligne, sur des forums ou des sites de téléchargements et vous verrez de nombreuses références à des cracks, généralement des fichiers exécutables qui permettent de faire tourner un jeu sans clé, sans CD… sans copie légale.

Reddit dédie même un « canal » entier à cet art où les joueurs échangent des tuyaux, s’interrogent et établissent des pronostics sur le temps qu’il faudra aux meilleures équipes de crackers pour venir à bout des titres les plus récents. Il y a un mois environ, soit quelques jours après le lancement officiel de Just Cause 3, un des membres de Reddit avançait que 3DM, un des plus grands groupes de crackers au monde, d’origine chinoise, mettrait sans doute moins d’une semaine à cracker le titre édité par Square Enix…

FIFA 16 Electronic Arts
Pour FIFA 16, Electronic Arts a choisi un mur infranchissable… pour l’instant.

Un verrou qui défie les meilleurs

Sauf qu’un mois plus tard, le crack n’est toujours pas là et pourrait ne jamais arriver. Même chose pour un autre titre dont le crack est très attendu : FIFA 16. Ces deux jeux ont en commun d’être verrouillés par la même protection, Denuvo, qui est un système anti-altération et non un DRM. 

Développées par une société autrichienne Denuvo Software Solutions, les différentes itérations de ce verrou ont fait leurs preuves en résistant jusqu’à présent plusieurs semaines ou mois aux assauts des crackers du monde entier.

« Mad Max et Metal Gear Solid 5 ont tous les deux été crackés en moins d’une semaine par 3DM », lit-on dans un fil de discussion sur Reddit. « Le seul qui ait pris un mois, c’était Batman, et je crois que celui-là a été cracké par les Italiens de CPY (un autre groupe de crackers, NDLR). Cela ne prendra pas cinq mois, ne vous inquiétez pas. », clame un utilisateur qui se voulait rassurant sur le temps que tiendrait la simulation de foot d’Electronic Arts face aux assauts de 3DM…

Trois mois plus tard, le verrou de FIFA 16 tient toujours… De quoi être découragé ? Oui, ou en tout cas s’interroger sur ce qui se passe du côté des équipes de 3DM.

Tomber sur un os

Tout récemment, Sister Bird, la jeune femme à la tête de 3DM, publiait un message pour répondre aux nombreuses questions des utilisateurs qui s’alarmaient de ne pas voir sortir de crack. Parlant du processus de déplombage du jeu, elle écrit : « Nous avons atteint le dernier point complexe […] mais la difficulté est trop élevée ».

Elle précise immédiatement pour donner la mesure du mur face auquel se trouve son équipe : « notre cracker a presque abandonné. Mercredi dernier, je l’ai contacté et encouragé. Il a repris le travail. » Est-ce que cela veut dire que ce jeu et les autres protégés par la même version de l’outil ne tomberont jamais ? Non, évidemment. « Je pense toujours que nous pouvons le cracker », explique Sister Bird.

Pour autant, la suite de son message laisse présager des jours difficiles pour la communauté des crackers. « Au vu de la tendance des technologies actuelles de chiffrement, je crains qu’il n’y ait plus de deux jeux gratuits (crackés, pour ne pas dire piratés, NDLR) d’ici deux ans. », prédit-elle.

Car si Denuvo pratique des prix assez élevés, ce qui réserve son programme à quelques titres seulement, ses tarifs pourraient baisser avec le temps, d’autant que ses succès contre la piraterie lui font une excellente publicité.

Sans compter que, devant les coûts croissants que représentent le développement des jeux, les éditeurs investissent de plus en plus lourdement dans les verrous qui protégeront leurs productions – parfois même au détriment des joueurs… – et feront que les plus impatients achèteront leurs jeux.

Une guerre d’usure

« En définitive, tous les jeux protégés finissent crackés », reconnaissait Denuvo Software Solutions, dans une interview accordée à Eurogamer en décembre 2014, peu de temps après la « chute » de Dragon Age : Inquisition, qui était sous la protection d’une version précédente de Denuvo.

Satisfait mais réaliste, le porte-parole de l’éditeur de verrous listait ensuite le temps qu’il a fallu aux crackers pour mettre à mal leur technologie au fil des versions. Treize jours pour FIFA 13, 46 jours pour FIFA 14 et finalement presque 90 jours pour FIFA 15… Sorti le 22 septembre dernier, FIFA 16 a d’ores et déjà battu ce record. Il n’est toujours pas cracké. Just Cause 3 non plus.

Les pirates vont donc devoir être patients, ou passer à la caisse. D’une certaine manière, on peut se réjouir et se dire que les développeurs et éditeurs seront pleinement rémunérés. Mais on ne peut toutefois s’empêcher de penser que le crack n’est pas forcément synonyme de piratage et que sans opposition, l’industrie vidéoludique qui abuse des verrous de toute sorte et des pratiques parfois insupportables aura les coudées franches. En tant que joueur, qui achète et offre beaucoup de jeux, ce n’est pas forcément une bonne nouvelle.

Le jeu du le chat et la souris pourrait bien tourner court… Il semble se résumer toujours plus à une question de moyens. Les éditeurs investissent lourdement, contraignant les crackers à passer plus de temps pour trouver une solution de contournement. Et il leur en faudra de plus en plus. Au point peut-être que l’activité ne devienne vraiment plus « rentable ». Dans le monde des crackers comme ailleurs, le temps, c’est de l’argent…

Source :
TorrentFreak

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Pierre FONTAINE