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Comment les géants chinois de la tech aident la Chine à espionner le monde

Volontairement ou non, les entreprises technologiques chinoises comme Huawei ou Alibaba n’ont pas d’autres choix que de coopérer avec le pouvoir central. C’est ce que révèle une enquête fleuve de Foreign Policy. 

Dans le premier volet d’une trilogie d’enquêtes (qui promet d’être instructive), le site Foreign Policy révèle comment les géants chinois de la Tech aident la Chine à espionner le monde. Pourquoi ? A cause de vieilles traditions chinoises…
En effet, « l’industrie chinoise a toujours été, dans une certaine mesure, subordonnée ou liée à l’État-partie, bien que les origines de ces liens soient souvent obscures », peut-on lire dans l’article rédigé par Zach Dorfman. 

L’organe de traitement des données du pouvoir chinois

Mais le secteur stratégique que représente la technologie, rend cette collaboration d’autant plus importante pour Pékin. D’après les révélations de Foreign Policy, ces sociétés traiteraient les données aspirées par le pouvoir central chinois aux industriels du monde entier, notamment américains. Leur rôle serait essentiel puisqu’elles sont les seules a en avoir la capacité. 

« Imaginez qu’un jour la NSA et la CIA recueillent des informations, disons, sur [l’armée chinoise], et qu’elles collectent sept, huit, dix, quinze pétaoctets de données, qu’elles les donnent à Google, à Amazon ou à Microsoft, en leur disant : “Hey, conditionnez ceci ce week-end. Il nous faut toutes ces analyses.” [En Chine], c’est ce qu’ils font. Ils ont Alibaba et Baidu », a déclaré un haut responsable du renseignement américain interrogé par le site spécialisé.

Des entreprises « otages »

Mais, la coopération n’a pas toujours été sans heurts. « Les entreprises privées en sont les otages », a déclaré un ancien responsable du contre-espionnage toujours auprès de Foreign Policy.
Parfois, les agents du renseignement des États-Unis apprenaient qu’il y avait des « employés en colère » dans les entreprises chinoises mécontentes de « faire du travail supplémentaire » au nom des services de renseignement chinois, a déclaré ce même ancien dignitaire toujours au site spécialisé.
Mais, en fait, ils étaient obligés de se conformer aux demandes. Donc, il semblerait que ce soit moins de la collaboration qu’une subordination des entreprises technologiques à Pékin. 

« Pas si différents » de leurs homologues américains

Aussi, de nombreuses entreprises technologiques chinoises « veulent probablement être des entreprises technologiques normales et ne veulent pas répondre à ces attentes idéologiques ou aux attentes en matière de sécurité nationale », a affirmé Elsa Kania, une experte de la Chine et agrégée supérieure adjointe au Center for a New American Security, citée dans l’enquête.
« La plupart des entreprises technologiques chinoises ne sont pas si différentes de leurs homologues de la Silicon Valley. La différence, c’est qu’ils essaient de fonctionner dans un système où il y a des incitatifs […] pour cultiver des relations étroites avec le gouvernement [et] où il existe de potentielles représailles s’ils sortent du rang. »

Conséquences : les entreprises chinoises ont des difficultés à parler de ces liens. Publiquement, et surtout en anglais, elles nient tout lien avec le renseignement ou l’appareil militaire de Pékin.
Par exemple Huawei, qui a fait, cette année, face à un déluge d’accusations à propos de ces liens, prétend être la propriété de ses employés. Mais en Chine, c’est tout le contraire… Plusieurs entreprises ont ainsi déclaré à plusieurs reprises leur loyauté au parti et leur volonté d’aider les services de sécurité.

Ces révélations viennent apporter de l’eau au moulin des accusations de l’administration Trump à l’égard des entreprises chinoises. Depuis 2017, le futur ex-Président des États-Unis a multiplié les attaques (Huawei, TikTok, etc.) contre Pékin dans une guerre commerciale féroce.

Source : Foreign Policy

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Marion SIMON-RAINAUD