01 Informatique : Les directeurs fonctionnels d’Euro Disney doivent-ils vraiment justifier du retour sur investissement (ROI) de leurs projets supérieurs à 100 000 euros ?Bruno Brocheton : Oui, mais c’est théorique. Nous savons bien que certaines grandes actions indispensables ne le nécessitent pas – comme les travaux d’infrastructure par exemple – alors que
d’autres, même plus petites, le réclament.Comment fonctionnez-vous ?Nous élaborons un plan à trois ans des investissements. Pour les répartir, l’importance du ROI est telle à nos yeux que celui-ci place en concurrence tous les projets touchant au c?”ur de nos métiers, quelle qu’en soit la nature
– systèmes d’information, spectacles, boutiques, etc. A ce titre, toute nouveauté doit d’abord être justifiée par un apport ou une amélioration des performances de l’entreprise.Quelle est votre méthode de calcul du ROI ?Nous établissons une différence fondamentale entre investissement et financement. L’investissement concerne le lancement de nouveaux projets ou l’extension d’une solution. Le financement traite de l’ingénierie financière en regard
pour les réaliser. Entre ces deux parties découle un échéancier des moyens à mettre en ?”uvre. C’est la base d’un document indispensable à toute proposition de projet, baptisé ‘ program book ‘ ou PAR,
pour Project Authorization Request.Que contient ce document ?Le PAR comporte une vingtaine de pages, avec un premier chapitre qui résume les bénéfices attendus et justifie la proposition, suivi de quatre autres parties. La première fait la description de la solution et des technologies
associées. La suivante est une analyse financière qui met en parallèle, d’une part, un échéancier pluriannuel des coûts d’acquisition et de fonctionnement, et, de l’autre, les revenus ou les économies réalisés et la marge brute d’autofinancement.
Enfin, les deux derniers chapitres traitent des méthodes de mise en place et des risques liés au projet.Tous les projets proposés sont-ils lancés ?Chaque directeur de la vingtaine de divisions opérationnelles que comprend Euro Disney dispose ainsi d’une liste de souhaits. Les arbitrages et la hiérarchisation des choix seront menés entre la direction générale, la direction
financière, le directeur des parcs, le directeur des hôtels et moi-même, en tant que président des divers comités d’investissement. Tout projet refusé peut être représenté l’année suivante. Les contraintes externes ou financières peuvent aussi
relancer sa faisabilité.Vous fixez donc un calendrier de programmation.Tout à fait. Et c’est à ce moment-là que les devis et plannings détaillés sont demandés pour être annexés au program book. Le ROI sera affiné et programmé dans le temps : par exemple, 50 % des gains pourront être exigés la
première année, 80 % la deuxième, et la totalité à la troisième année, sur environ une dizaine d’indicateurs préétablis.Quels sont les contrôles effectués a posteriori ?C’est en fait le point le plus important. Un document est établi au fur et à mesure de l’avancement du projet et après sa mise en place. Baptisé PIR, pour Post Implementation Review, il met en parallèle la réalité du planning et des
budgets et le retour sur expérience, avec un rappel du contexte au moment du lancement. Et, bien sûr, il compare les gains attendus aux gains constatés.Financièrement, vous vous y retrouvez toujours ?En fait, pour être pédagogues et crédibles, nous demandons à tout initiateur d’un projet de s’engager sur un retour financier réel. Il lui sera donc demandé d’imputer à l’avance les gains prévus sur ses comptes d’exploitation des
années suivantes. Cette opération sera réalisée et suivie par les contrôleurs de gestion de la division opérationnelle, de l’informatique et en central. Il s’agit, par là, d’introduire aussi une notion de prise de risque et d’engagement.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
