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Bouygues Telecom, prêt à faire l’impasse sur l’UMTS

En renonçant – temporairement – à déposer un dossier de candidature pour l’UMTS, Bouygues Telecom met le GPRS et Edge au c?”ur de sa stratégie dans le multimédia mobile. Pour l’expliciter, Martin Bouygues monte en première ligne.

Ne pas se porter candidat à l’UMTS n’a peut-être pas que des inconvénients ! Et, si ce qui passait pour un handicap majeur se transformait en une impasse audacieuse ? C’est tout le pari de Bouygues Telecom, qui insiste sur les risques considérables propres à l’UMTS : “D’abord, des conditions discriminatoires liées au coût d’acquisition des licences, puis des problèmes de disponibilité des équipements, en matière de terminaux et, enfin, des contraintes réglementaires en termes de déploiement.”Pragmatique, Martin Bouygues s’est résolu à jouer la carte du GPRS, puis d’Edge (Enhanced data rates for GSM evolution), qui permettent de porter le débit réel du réseau DCS 1800 à, respectivement, 80 kbit/s et 180 kbit/s (contre 384 kbit/s pour l’UMTS). Le montant de son investissement s’élèvera à 7 ou 8 milliards de francs en réutilisant l’infrastructure actuelle… soit près de dix fois moins que le coût de déploiement (licence et infrastructure) d’un réseau UMTS.

Un coup de poker technologique

À ce compte-là, il n’y aurait pas à hésiter ! D’autant que, selon l’état-major du groupe : “Compte tenu des progrès de la compression numérique, il suffira en 2002 de moins de 30 kbit/s pour transmettre de la vidéo sur un mobile ou un assistant personnel. “” Avec Edge, nous offrirons des services équivalents à l’UMTS à des prix très compétitifs “, poursuit Martin Bouygues. Bouygues Telecom assure qu’il ne faut voir aucune arrière-pensée tactique derrière sa décision de renoncer à se porter candidat pour une licence UMTS, même s’il n’exclut pas de regarder à nouveau le dossier UMTS si un nouvel appel d’offres était organisé… à des conditions raisonnables. Brocardé pour son manque d’audace par SFR et Itinéris, les seuls désormais en piste, Martin Bouygues rétorque : “Ce n’est pas la première fois que nous faisons un choix novateur. Il y a deux ans, lorsque tout le monde parlait de la convergence fixe-mobile, j’avais pris la décision de ne pas aller dans le fixe et j’en suis aujourd’hui très heureux.”Le forfait de Bouygues Telecom – après celui de Suez-Lyonnaise des Eaux – laisse les observateurs plutôt sceptiques. Il est vrai que les deux autres postulants font preuve d’une belle assurance, en dépit des incertitudes technologiques et des sommes à débourser. Une attitude qui s’explique assez facilement. Avec respectivement quinze et dix millions d’abonnés, Itinéris et SFR risquent de voir leurs réseaux vite saturés.

Edge, un pari osé

Avec (seulement) cinq millions d’abonnés, l’équation de Bouygues Telecom est évidemment assez différente : “Nous n’avons aucun problème de bande passante “, y assure t-on. Reste à lever un certain nombre de préalables pour transformer l’essai, ne serait-ce qu’en partie. Isolé parmi les soixante opérateurs européens ayant décroché une licence UMTS, Bouygues Telecom aura du mal à faire cavalier seul avec Edge, une technologie à laquelle peu d’industriels, hormis Alcatel et Nokia, s’intéressent.Nortel Networks – principal fournisseur de la partie radio du réseau de Bouygues Telecom – semble, quant à lui, assez dubitatif. Autant d’arguments balayés par Patrick Leleu, directeur général de Bouygues Telecom, pour qui de nombreux opérateurs européens devraient lui emboîter le pas.

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Henri Bessières