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Bluetooth débarque enfin, mais timidement

Après des effets d’annonces et un long silence radio, les premiers produits au standard Bluetooth seront bientôt dans les rayons : ordinateurs portables, modems et bornes interactives.

La technologie de communication par ondes radio Bluetooth a fait couler beaucoup d’encre depuis la création par Ericsson du consortium éponyme en 1998. Et pour cause : cette technologie permet de contrôler un PC depuis un assistant numérique, de partager une imprimante ou une connexion internet, ou bien commander un billet d’avion sur une borne nomade à partir de son téléphone. “Mais Bluetooth ne doit pas simplement être une belle technologie, ce doit avant tout être une réelle solution “, insiste Nick Hunn, directeur du développement de l’équipementier TDK Systems Europe.
L’association de géants tels qu’IBM, Alcatel, Philips, 3Com ou Microsoft devait permettre de définir des standards, indispensables pour garantir la communication entre les systèmes équipés de puces Bluetooth. Mais cette interopérabilité a tardé à venir. Le standard modifié, Bluetooth 1.1, n’est sorti que depuis quelques semaines. Et les produits adaptés arrivent à peine sur le marché.

La première vague commerciale

Sony et IBM ont ainsi équipé leurs ordinateurs portables Vaio et Thinkpad de puces Bluetooth intégrées. De son côté, le spécialiste de la connectivité nomade Xircom, récemment acquis par Intel, va proposer des cartes de connexion de périphériques pour portables. Et la start-up parisienne Inventel System compte mettre sur le marché des puces et des modems ADSL. Enfin, Ericsson devrait sortir son Blip, sorte de borne Bluetooth permettant aux hommes d’affaires de se connecter au web ou de passer des commandes depuis des lieux publics. Autant de produits qui étaient programmés pour… l’année dernière. “ Mais il ne s’agit pas là d’un réel retard, proteste Nick Hunn. Ces technologies demandent généralement dix ans de développement, et on en est à trois pour Bluetooth !” Les analystes de Merril Lynch estiment à 138 millions le nombre de puces Bluetooth qui devraient être délivrées cette année. Le cabinet américain envisage un taux de pénétration phénoménal de Bluetooth dans de nombreux secteurs à l’horizon 2006 : 2 milliards de puces Bluetooth, qui équiperont 95 % des téléphones mobiles intelligents, 90 % des assistants numériques personnels, 70 % des PC fixes…Bluetooth a pour principe de transmettre les données par des ondes radio dans les fréquences situées entre 2,4 GHz et 2,483 GHz. Cette bande des 2,45 GHz, réservée aux applications industrielles, scientifiques et médicales, est libre de droits, contrairement à la bande des 2 GHz, dédiée à l’UMTS depuis le début du mois de janvier. La technologie a été étudiée pour fonctionner à l’intérieur d’un téléphone portable, car elle nécessite peu de place ?”le transmetteur tient sur 9 millimètres carrés?” et est peu gourmande en énergie : 8 à 30 milliampères au maximum en transmission, 0,3 en veille. Les données transmises circulent 25 fois plus rapidement que par un modem de 28,8 kbit/s (kilobits par seconde) sur une portée d’une dizaine de mètres. Et, surtout, les ondes radio, contrairement aux infrarouges, traversent les parois. Pour éviter les interférences et empêcher que les signaux ne soient captés par d’autres récepteurs que ceux auxquels ils sont destinés, la transmission Bluetooth se fait par sauts de fréquences aléatoires ?” 1600 fois par seconde ?” au sein de sa bande de fréquences.Séduisante, la technologie n’en a pas moins deux concurrents sérieux fonctionnant sur les mêmes fréquences radio. La norme 802.11b, notamment, a été développée par l’IEEE (Institute of Electrical and Electronic Engineers), une association d’ingénieurs américains très active dans la normalisation des réseaux locaux. D’une portée plus longue (100 mètres), elle permet de véhiculer les données à une vitesse de 11 Mbit/s. Plus chère et plus sûre, elle est plus adaptée aux infrastructures professionnelles.

Coexistence des normes

Les deux technologies devraient coexister, Bluetooth étant plutôt réservée à la sphère personnelle, autour du téléphone mobile“, confirme Matthew Phillips, vice-president stratégie du fabricant britannique de puces radio Cambridge Silicon Radio. Home RF, d’un autre côté, est lui aussi dédié à l’environnement personnel. Son inconvénient : il s’appuie sur deux protocoles ?” le 802.11b de l’IEEE, pour le transport des données, et le Dect (Digital Enhanced Cordless Telecommunications, norme utilisée pour les téléphones sans fil), pour le transport de la voix. Sa vitesse de transmission est aujourd’hui plus rapide que les autres systèmes, mais la prochaine version de Bluetooth devrait l’égaler. À cheval sur les deux sphères, cette dernière technologie, si elle remplit enfin toutes ses promesses, ferait figure de compromis idéal.

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Agathe Remoué