L’effondrement brutal de FTX a profondément entamé la confiance des investisseurs dans les plates-formes d’échange. Au cours de la faillite, il s’est en effet avéré que Sam Bankman-Fried, PDG de FTX, utilisait l’argent de sa clientèle pour financer sa société de trading, Alameda Research. Cette mauvaise gestion des fonds a provoqué la disparition de plus d’un milliard de dollars confiés par les utilisateurs de FTX.
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Les bitcoins quittent les plates-formes et ne sont pas revendus
Marqués par la chute éclair de l’exchange, de nombreux investisseurs ont commencé à retirer leurs cryptomonnaies des plates-formes d’échange ces derniers jours. Des retraits massifs ont été remarqués sur la blockchain dès le 7 novembre 2022, à la genèse de l’une des plus grandes crises de l’industrie.
Ce sont notamment les détenteurs de bitcoins qui se sont enfuis des services centralisés. Selon la société d’analyse blockchain CryptoQuant, les retraits de bitcoins ont enregistré une forte hausse le 9 novembre, date à laquelle Binance a retiré son offre de rachat. Ce jour-là, plus de 168 000 bitcoins ont quitté les plates-formes d’échange. Même son de cloche du côté des possesseurs d’Ether, la cryptomonnaie de la blockchain Ethereum. Quand Binance a laissé FTX au bord du gouffre, plus d’un 1,3 million d’Ether ont quitté les adresses des plates-formes.
Comme le souligne CryptoQuant, les investisseurs ont créé des adresses de wallets individuels pour détenir leurs bitcoins. Alors que les cryptomonnaies quittaient les exchanges, une multitude d’adresses blockchain sont apparues. Glassnode, une autre entreprise spécialisée dans la blockchain, abonde dans le même sens. Dans ses rapports, la société précise que cette stratégie concerne à la fois les petits et les gros détenteurs de Bitcoin. Ceux-ci recherchent « la sécurité de l’autosuffisance », avance Glassnode.
« Les plates-formes ont connu l’une des plus fortes baisses du solde global de BTC de l’histoire. C’est comparable à seulement trois périodes dans le passé ; avril 2020 (NDLR : le krach du Covid-19), novembre 2020 et de juin à juillet 2022 », souligne Glassnode.
Pour CryptoQuant, cela pourrait être interprété comme « une intention de détenir du Bitcoin… dans le cadre d’une perspective d’investissement à long terme ». Malgré le krach des cryptos, il semble que les détenteurs sont prêts à conserver leurs bitcoins. Ceux-ci n’ont pas été massivement revendus contre des monnaies fiduciaires, comme l’euro ou le dollar. La foi des investisseurs dans le Bitcoin reste intacte.
En parallèle, les retraits de stablecoins, ces tokens indexés sur une monnaie fiat, ont également augmenté. Selon CryptoQuant, ce sont surtout les retraits de BUSD, le stablecoin de Binance, qui ont grimpé en flèche. C’est un record historique.
https://twitter.com/cryptoquant_com/status/1592390186263990272?s=20&t=xK5QxeoRUhIeFe9rc0b0gg
Panique chez les clients de Crypto.com
Certaines plates-formes d’échange sont particulièrement désertées par leur clientèle. C’est le cas de Crypto.com. Après avoir envoyé par erreur 400 millions de dollars en cryptomonnaies vers une adresse de la plate-forme Gate.io, la société basée à Singapour a suscité les inquiétudes de ses clients. De plus, Ki Young Ju, le PDG de CryptoQuant, a remarqué que les réserves de stablecoin de l’entreprise se sont réduites de 90 % en sept mois. Crypto.com ne disposerait plus que de 292 millions de dollars en stablecoin.
https://twitter.com/ki_young_ju/status/1592193157596598280?s=20&t=xK5QxeoRUhIeFe9rc0b0gg
Changpeng Zhao, le patron de Binance, a aggravé la situation en insinuant à plusieurs reprises que déposer des fonds sur Crypto.com est risqué. Lors d’un Space sur Twitter, il a ouvertement laissé entendre que son concurrent est insolvable.
Ces facteurs ont provoqué un mouvement de panique analogue à celui vécu par FTX une semaine plus tôt. Ces derniers jours, des retraits massifs en provenance de Crypto.com ont été repérés sur le réseau. Sur Twitter, de nombreux influenceurs recommandent à leurs abonnés de quitter l’exchange par précaution. Pour certains internautes, Crypto.com serait dans une situation analogue à celle de FTX. Dans ce contexte, le cours du token CRO, émis par l’exchange, a décroché.
Pour arrêter l’hémorragie, Kris Marszalek, le PDG de Crypto.com, a pris la parole sur les réseaux sociaux. Il assure que Crypto.com fonctionne tout à fait normalement, malgré les nombreuses demandes de transferts. L’entreprise n’a pas l’intention de geler les retraits.
« La file d’attente de retrait a diminué de 98 % au cours des dernières 24 heures. Les affaires tournent comme d’habitude à Crypto.com. Félicitations à notre équipe qui a construit une infrastructure de blockchain résiliente – fonctionnant normalement sous pression », déclare Kris Marszalek.
Bien décidé à éteindre l’incendie, Crypto.com a publié une liste d’adresses en sa possession. Cette liste de portefeuilles ne représente qu’une partie de ses réserves, souligne Kris Marszalek. Un audit plus complet de la trésorerie est actuellement en cours par une tierce partie. L’analyse sera disponible dans un avenir proche.
https://twitter.com/kris/status/1592297882836963329?s=20&t=xK5QxeoRUhIeFe9rc0b0gg
À qui profite l’exode des cryptomonnaies ?
Comme on peut le voir sur Twitter, une partie des déserteurs rapatrient leurs fonds sur des clés de stockage à froid, comme une clé Ledger. Cet outil permet de sécuriser des cryptomonnaies stockées sur la blockchain. Pendant l’effondrement de FTX, la licorne française Ledger a enregistré un afflux de nouveaux utilisateurs.
« Après le tremblement de terre FTX, il y a eu un exode massif des exchanges vers des solutions de sécurité et d’auto-souveraineté. Nous constatons une utilisation massive de nos plates-formes et avons rencontré quelques problèmes de scalabilité cette nuit », déclarait Charles Guillemet, chef de la sécurité chez Ledger, dès le 10 novembre.
Cette vague de clients a même abouti sur une brève panne de serveurs. Apparemment, le nombre de nouveaux clients est resté soutenu durant plusieurs jours. Ce 14 novembre, le compte d’assistance de Ledger évoquait encore « un intérêt accru » pour les produits de la marque.
https://twitter.com/P3b7_/status/1590578730702761984?s=20&t=yrRxr6IElwmriQDhgTLqww
Même constat pour celui qui concurrence le portefeuille crypto physique Ledger Trezor. Le spécialiste des hardware wallets affirme avoir enregistré une explosion de ses ventes, rapporte CoinTelegraph. La marque souligne écouler plus de clés en ce moment qu’en novembre 2021, quand le Bitcoin a battu son record historique. La hausse de la demande a débuté la semaine dernière au début de la crise FTX.
« Nous nous attendons à ce que cette tendance se poursuive à court et à moyen terme, car l’échec de FTX est contagieux. Les détenteurs de Bitcoin ou de cryptomonnaie perdent alors confiance dans les gestionnaires et commencent enfin à explorer leurs options pour gérer eux-même leurs actifs numériques », déclare Trezor.
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Source : CryptoQuant
