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Bernard Merck, directeur délégué à la DRH du groupe France Telecom : ” Quand 50000 salariés changent de métier, il faut tout revoir “

Pour aider ses troupes à être plus que jamais au service du client, France Telecom s’est lancé dans une refonte du système de gestion des ressources humaines, baptisé RH Demain. Bilan.

Quelle est véritablement l’ampleur du projet RH Demain démarré en 1999?Son déploiement est une question de survie pour l’entreprise : la fonction Ressources humaines doit apporter plus de valeur ajoutée au business. Pour cela, elle doit faire en sorte que les collaborateurs du groupe soient complètement disponibles pour le client. Le contexte a radicalement changé : les activités en contact avec le client emploient la moitié des salariés de France Telecom, contre 15 % à la fin des années 1980. Et, depuis 1998, 50 000 personnes ont changé de métier dans le groupe. C’est une vraie rupture qui implique de revoir toute l’organisation, de remettre à plat et de simplifier les processus RH. RH Demain est un projet global de transformation des modes de gestion des ressources humaines au sein du groupe. Jusqu’à la fin de l’année dernière, il concernait l’ensemble des salariés de la maison mère, soit 136 000 personnes. À présent, ce sont les autres filiales de France Telecom qui vont progressivement y adhérer, soit 25 000 personnes supplémentaires.Quel rôle joue les nouvelles technologies dans ce dispositif ?Les nouvelles technologies permettent de faciliter la vie des salariés et de réaliser des gains de productivité. Aussi, une vingtaine d’outils à destination des équipes RH, des salariés et des managers ont été mis en place. À partir du portail RH@noo, les collaborateurs de France Telecom peuvent notamment gérer leur participation en ligne. Et la gestion des congés payés a été automatisée. Cela a coûté 2 millions d’euros, mais a permis de réaliser 23 millions d’euros d’économies. Aujourd’hui, nous avons, une meilleure visibilité dans ce service (données statistiques…), ce qui nous permet de pointer très vite les dysfonctionnements. Par ailleurs, pour éviter le risque de déshumanisation lié à l’utilisation de ces outils, nous avons créé 10 centres de services RH qui offrent notamment une assistance téléphonique pour répondre aux questions des salariés.De quelle manière faites-vous évoluer la fonction Ressources humaines?Avant 1999, les effectifs qui se consacraient à l’administration du personnel étaient trop nombreux. Seuls 30% faisaient du conseil. L’objectif est de porter ce chiffre à 70% d’ici à décembre 2002. Une aubaine pour ces professionnels qui deviennent un soutien essentiel du management dans des domaines à forte valeur ajoutée comme la gestion individuelle de l’emploi, le développement des compétences, la conduite de changement ainsi que les relations sociales.Avez-vous mis en place des formations pour faciliter l’évolution des compétences du personnel RH ?Nous avons déployé un programme de formation par alternance spécifique, baptisé CAPP RH. Par ailleurs, un autre dispositif [CAPP CSRH] assure la reconversion de salariés provenant d’autres services de l’entreprise et soucieux d’exercer le métier d’assistant RH au sein des centres de services ressources humaines.RH Demain donne aussi une dimension nouvelle au rôle du manager…En effet. Progressivement, le manager intègre davantage les thématiques liées aux RH, et devient ce qu’il aurait toujours dû être : le premier interlocuteur de ses équipes, responsable de leur développement. Il doit savoir reconnaître les meilleurs collaborateurs, les encourager pour progresser, etc. Pour cela, l’accompagnement des managers ne peut pas être purement intellectuel. Un beau discours moralisateur, du genre “Soyez humain”, est inutile. Il incombe aux RH d’être disponibles pour jouer auprès d’eux un rôle de conseil sur le terrain.À quelles difficultés vous êtes-vous heurté pour conduire cette opération ?Elles sont essentiellement liées à la taille du groupe. Il existe une telle diversité dans les métiers, les cultures, les us et coutumes RH que c’est un vrai casse-tête de remettre à plat toute l’organisation. Quant aux salariés, nous appréhendions beaucoup leurs réticences au changement. Du coup, nous avons pris le maximum de précautions. Tous nos outils internes ont ainsi fait l’objet de trois générations de tests. Objectif : faire simple pour que les utilisateurs puissent se les approprier de manière intuitive. D’ailleurs, ils y ont pris goût. Je reçois tous les jours de nombreux e-mails de salariés me suggérant la mise en place de nouvelles applications RH sur l’intranet. Ils veulent, par exemple, gérer leurs notes de frais en ligne. Ce sera fait à la rentrée.

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Sandrine Chicaud