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Arnaque au Loto : l’enquête assistée par Internet

Un magistrat suisse crée un site pour les victimes d’une escroquerie au Loto. 15 000 plaignants potentiels sont concernés.

En prison, le Docteur Simon n’est plus un homme dangereux. Mais ses méfaits restent à démêler. Et la justice compte bien sur le Web pour mettre au clair la situation de ses milliers de victimes.Sous ce pseudonyme scientifique se cachait, selon La Française des jeux, un escroc suisse, vendant un service censé assurer 100 % de réussite aux joueurs du Loto français. Il ne s’agit pas ici de spam, puisqu’il proposait son
‘ aide ‘ par courrier papier.Pour bénéficier de ses services, il fallait envoyer au minimum 125 euros à un compte bancaire britannique, ce qui aurait rapporté près d’un million d’euros par an à l’escroc. L’homme prétendait alors jouer et gagner pour ses
clients, mais ne leur aurait reversé qu’une très faible partie de leurs gains, si tant est qu’il ait procédé à des reversements.Condamné en 2001 à quatre ans de prison ferme par un tribunal français, il n’a été rattrapé qu’en octobre par la justice, helvétique cette fois. Qui s’est demandée comment accélérer le traitement d’une affaire aussi vaste.
‘ 3 000 personnes étaient abonnées à ce service en 2004, explique le juge d’instruction Jean Treccani, en charge du dossier dans le canton de Vaud (Lausanne). Potentiellement, il y a entre 10 et
15 000 plaignants. ‘
Le magistrat a donc décidé de créer un site Web réservé aux victimes. Là, un formulaire permettra de rentrer ses informations personnelles (nom, prénom, téléphone…) et, surtout, de préciser les montants investis comme récupérés.

Un précédent existe en France

‘ L’idée est de diminuer notre charge de travail, poursuit le juge, nous allons économiser le temps passé à répondre aux courriers et aux appels des gens. ‘ Et pouvoir
se concentrer sur des aspects plus importants de la procédure, par exemple vérifier si l’escroc a bien reversé une partie de ses gains aux victimes.Pour éviter un afflux trop important de curieux, le magistrat ne compte pas rendre publique l’adresse du site, mais plutôt demander à La Française des jeux de donner l’information aux plaignants qui se manifesteraient.L’idée du site a été soufflée au juge Treccani par un autre juge, français cette fois. Début août, l’agence de voyages Inkatour, spécialisée dans l’Amérique du sud, déposait le bilan alors qu’elle aurait encaissé l’argent de prestations
jamais réservées pour ses clients. D’où l’ouverture d’une information judiciaire. Et, sur commission rogatoire du juge d’instruction, la reprise en main du site de l’agence
www.inkatour.fr. Là, le magistrat explique aux victimes du voyagiste la procédure pour porter plainte et se constituer partie civile. Un site toutefois plus rudimentaire que son homologue
suisse.Des deux côtés des Alpes, pas question toutefois de déposer plainte directement en ligne. Un courrier postal en bonne et due forme reste la façon la plus sûre de faire valoir ses droits.

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Ludovic Nachury