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Apple: l’ombre de Steve Jobs plane sur le procès des DRM d’iTunes

En 2006, Apple a-t-il volontairement bloqué iTunes et les iPod pour qu’ils ne soient pas compatibles avec les formats des autres lecteurs musicaux ? Pour le savoir, la justice examine des mails et une vidéo de Steve Jobs comme pièces à conviction.

Le temps n’efface pas tout, et encore moins les affaires juridiques qui touchent Apple. Depuis quelques jours, se tient en Californie un procès d’une affaire qui dure depuis… des temps lointains qui datent d’avant l’iPhone.

Petit rappel des faits pour tout comprendre. Durant des années, Apple a utilisé Fairplay, un système de protection des droits numériques (DRM) qui protégeait les fichiers achetés sur iTunes contre la copie. Ce qui posait un problème : il était impossible de lire ces fichiers sur d’autres appareils que les iPod. Ce problème d’interopérabilité a conduit un groupe composé de particuliers et d’entreprises à lancer une action collective en justice (class action) pour demander réparation. Ils estiment qu’Apple a usé et abusé de sa position dominante pour contraindre les utilisateurs à rester sur son écosystème.

Entre en jeu Real Networks, une entreprise qui, peu après le lancement de l’iTunes Music Store, avait mis en place une technologie baptisée Harmony. Celle-ci permettait de rendre compatible iPod les fichiers achetés sur son magasin de musique, en les convertissant automatiquement au format Fairplay d’Apple. Ce qui n’a pas plu à la Pomme : en 2006, à l’occasion d’une mise à jour d’iTunes, Apple modifie FairPlay pour bloquer Harmony et l’utilisation de fichiers achetés ailleurs que sur iTunes.

Cet événement est au coeur de l’affaire, car il est mis en exergue par les plaignants pour montrer à quel point Apple a délibérément cherché à écraser la concurrence déjà faiblarde.

Apple, et en premier lieu Steve Jobs. La plainte pointe vers des propos que Jobs a tenu à l’époque à l’encontre de Real Networks, dans un e-mail à deux autres pontes de l’entreprise. « Nous sommes stupéfaits de voir RealNetworks adopter des méthodes et une éthique de hackers à seule fin de s’introduire dans l’iPod » écrivait-il notamment en 2004.

Une addition qui pourrait s’approcher du milliard de dollars

Comme le rapporte le site AppleInsider, la plainte pointe aussi vers un déposition vidéo enregistrée en 2011 montre un Steve Jobs accablé par une maladie qui le terrassera six mois plus tard. C’est d’ailleurs l’une de ses dernières apparitions en public.

Lors de cet interrogatoire, Jobs semblait avoir des difficultés à se remémorer les détails d’une affaire vieille de sept ans. D’ailleurs, comme le note CNN, au cours des deux heures d’audition, il a répété quelques fois « je ne sais pas » et 74 fois « je ne me souviens pas ». Il est même allé jusqu’à répondre, moqueur, « Real Networks, ça existe encore ?» lorsquon lui a demandé s’il connaissait cette entreprise…Et lorsque l’avocat des plaignants lui demande pourquoi adopter cette stratégie alors que Real Networks aurait pu stimuler plus encore les ventes d’iPod, le patron d’Apple répond qu’il n’a jamais étudié cette possibilité.

Si cette affaire semble anachronique, elle est prise très au sérieux par Apple. Pour les plaignants, le prix de ce verrouillage s’élève à 350 millions d’euros (plus de 280 millions d’euros). Mais cette somme pourrait être multipliée par trois et ainsi atteindre le milliard de dollars en vertu des lois américaines sur l’antitrust.

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Pascal Samama