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À table…tte !

En attendant les appareils électroménagers tout numériques, tablettes et smartphones font leur entrée en cuisine. Assaisonnés parfois de quelques innovations.

Les grands rêves d’une cuisine totalement connectée tardent à se concrétiser ? Qu’à cela ne tienne ! Les amateurs de bons petits plats apportent leur PC portable, leur smartphone voire leur tablette dans leur cuisine, essentiellement pour consulter leurs recettes. Le livre de cuisine a beau se vendre à 10 millions d’exemplaires par an en France et connaître une croissance annuelle de 5 % à 10 %, selon une étude menée pour Qooq en 2008, 17 % des personnes seulement l’utilisent en premier lieu pour cuisiner. En revanche, 47 % d’entre elles ont recours aux outils numériques. Une tendance qui ne fait que s’accentuer avec l’émergence des tablettes. Celles-ci, l’iPad en tête, commencent ainsi à s’imposer comme la télécommande universelle pour la maison. Et ce, d’autant plus que développeurs d’applications et fabricants d’électroménager exploitent largement sa facilité d’utilisation.Les solutions domotiques restent, quant à elles, circonscrites à la vidéosurveillance ou à la mise en marche des volets roulants, comme le propose la solution My Vox, sur les téléviseurs connectés de LG. Prochaine étape attendue : la convergence de l’électroménager avec le numérique. Mais elle peine un peu à passer l’épreuve de la réalité. Pierre Bon, directeur marketing produits chez LG, rappelle que, dès 2003, le constructeur a conçu un réfrigérateur précurseur du modèle présenté cette année au CES à Las Vegas (voir encadré p. 56) : “ Ce modèle était un rêve d’ingénieur matérialisé ”. Mais la combinaison d’un appareil qui produit du froid avec un écran qui dégage de la chaleur a généré un surcoût. En l’occurrence, son prix de 15 000 euros l’a rendu totalement inaccessible au grand public. Aujourd’hui, le coût pourrait être abaissé à 2 000 euros, ce qui reste bien au-dessus du prix de vente moyen observé en France. Au-delà des contraintes économiques, ce type d’équipement suppose la participation de nombreux acteurs, des constructeurs d’appareils électroménagers jusqu’aux fabricants de produits alimentaires. Une nécessité que Christophe Duhamel, cofondateur de Marmiton, illustre d’un exemple : “ Pour qu’un frigo puisse repérer qu’il n’y a plus de fromage, il faudrait des puces RFID sur tous les emballages. Mais on n’en est pas là. ” Pierre Bon en convient, peu d’utilisateurs prendront le temps de scanner à domicile tous les produits de manière à ce qu’ils soient identifiés par leur réfrigérateur : “ Nous avons trouvé la technologie permettant de savoir ce qu’il y a dans le frigo pour déterminer ce que je peux cuisiner ou acheter. Mais cette fonction ne pourra être généralisée que s’il y a des accords avec toute l’industrie alimentaire. ”. Autre obstacle observe David Katz, fondateur de Domolib : “ Le réfrigérateur a une durée de vie de 8 à 10 ans, mais l’écran numérique doit, lui, être changé au bout de 18 à 24 mois. Si l’écran a été intégré au plan de travail, lorsqu’il faudra le changer, il aura peut-être d’autres dimensions. ”

Attention aux accidents domestiques !

Ces travaux d’aménagement ne sont pas nécessaires avec un objet nomade, comme un smartphone ou une tablette. Cependant, leur usage n’est pas sans risque. En effet, selon l’étude de Qooq, 40 % des utilisateurs de supports numériques en cuisine sont victimes d’un accident domestique. Qu’il s’agisse du lait renversé sur le clavier ou du smartphone posé trop près d’une source de chaleur. Ce qui a en grande partie motivé la création de la Qooq, une tablette dite “ kitchen proof ” (voir interview p. 56). D’autres, comme Marmiton ou Domolib, ont développé des applications limitant l’usage des mains pour la consultation de recettes sur support numérique. Car là est le principal frein à l’utilisation de sa tablette en cuisine : comment ne pas la salir ni l’abîmer alors qu’on vient de mettre la main à la pâte ? Pour contourner cette difficulté, l’appli Marmiton pour iPad comprend une fonction de reconnaissance vocale permettant de passer à l’étape suivante sans avoir à toucher l’écran tactile. Mais de l’aveu même de Christophe Duhamel, l’option a ses limites : “ S’il y a au même moment la hotte en mode de fonctionnement, une poêle qui frit et des fréquences trop proches de la voix humaine, ça marche moins bien. ”

Les ustensiles “ augmentés ” entrent en scène

L’équipe de Marmiton teste actuellement un autre mode de communication : le claquement de doigts ! Une option d’ores et déjà disponible dans l’appli Cookineo de Domolib. Passer d’une étape à l’autre par une reconnaissance du son ou en passant la main devant l’écran réduit les fonctions de navigation à celles de lecture et d’arrêt. Là aussi, le bruit ambiant de la cuisine tel que l’action de couper en lamelles un poivron peut être interprétée par l’appli comme un claquement de doigts l’invitant à passer à la page suivante. L’entreprise développe d’autres innovations : les ustensiles augmentés. Ces derniers embarqueront un accéléromètre pour communiquer avec une tablette elle-même dotée d’un capteur. Si lors de la préparation d’un osso busso, vous utilisez un économe “ augmenté ” pour éplucher des pommes de terre, dès que vous l’aurez posé sur le plan de travail, la tablette passera automatiquement à l’étape suivante. Christophe Duhamel croit, lui, beaucoup aux technologies pour délivrer des conseils nutritionnels ou pour aider à la réalisation de trois plats en 4 h, par exemple. À l’image de ce que préfigurent les fours fonctionnant avec une clé USB. Le prototype de SEB sélectionne le programme de cuisson en fonction de la recette sélectionnée sur Internet transmise par la clé USB. La cuisine nouvelle n’en est qu’à ses prémices…

Accéder à des milliers de recettes

Avec une base de données de 55 000 recettes, Marmiton s’impose comme le leader des assistants de cuisine depuis 2003. Outre le site Web, la petite équipe a depuis développé une appli mobile et pour la Smart TV de LG. Quelle que soit la déclinaison, les fondateurs sont restés fidèles à leur idée initiale : publier les recettes d’internautes faciles à réaliser en évitant les doublons. Ils concoctent également quelques vidéos en interne pour expliquer certaines techniques.

Éviter les éclaboussures

Demain, l’iPad et les tablettes en général serviront peut-être à piloter l’ensemble des objets connectés de la cuisine. Aujourd’hui, l’engin permet surtout de consulter les applis. Mais à ses risques et périls… à moins de le protéger. Ainsi, Belkin propose un support pour suspendre la tablette d’Apple sur une étagère, un stylet pour naviguer sur l’écran tactile ainsi qu’une surface en caoutchouc. Le tout revient à 70 euros, en plus du prix de l’appareil.

Pétrir en surfant

3 500 recettes, dont près de la moitié présentée en vidéo par des chefs, constituent l’essentiel du contenu de la tablette Qooq. Envie d’un gâteau ? Un clic suffit pour ajouter les ingrédients à sa liste de courses avant de l’envoyer par mail sur son smartphone. Dotée de ports SD, USB et Ethernet, celle-ci facilite également l’accès à son webmail ou à ses réseaux sociaux tout en écoutant la radio. Pour saisir ses propres recettes, mieux vaut passer par le site Web. L’appli Qooq est aussi disponible sur les télés connectées de Samsung.

D’un claquement de doigts

Développer une application qui soit aussi simple à utiliser qu’un GPS, tel était le but de Domolib. Mission accomplie avec Cookineo, qui permet d’un claquement de doigts de passer à l’étape suivante d’une préparation culinaire. Dommage que la version gratuite ne propose qu’une poignée de recettes et ne permette pas d’ajouter les siennes ! Cela étant, Domolib fait preuve d’innovation et ne devrait pas s’arrêter là. Une nouvelle appli destinée à l’écriture de recettes est en préparation.

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Valérie Quélier